
Chers braves concitoyens et concitoyennes de la république transitoire du Guantanam. A l'heure où la fièvre de la campagne à la course au Fauteuil est toujours haute, je sors de mon mutisme qui a assez duré. Ce n'est pas par manque de sujets (car il n'en manque jamais au Guantanam) mais par grande nécessité d'observation et d'analyse de tout ce qui se passe, depuis le fait militaire créateur de néologismes guantanaméens en septembre. Aujourd'hui, c'est un autre fait militaire qui laisse perplexe ma petite intelligence : la généralisation du chef du peloton ministériel.
« Le Guantanam transitionnel est doux deh ! » pourrait-on ainsi dire en termes vulgaires. Il parait que, depuis qu'on a transité, plus rien ne devrait être comme avant. Je me demande aujourd'hui s'il faut croire que plus rien n'est comme avant ou plutôt que plus rien ne sera comme avant. Mon impression est que les règles de bonnes conduites fixées en termes de gouvernance, de gestion de la chose publique, de valeurs morales dont l'intégrité, l'ont été seulement dans une perspective future. Ce qui m'amène à me poser la question que certainement d'autres ont posée mais à laquelle je n'avais pas réfléchi : le slogan de notre désormais Général aux étoiles infinies, devait prendre effet à quel moment ? Avant ou après la transition ?
Avec tout ce que mes yeux ont pu observer, et malgré la naïveté de mon cœur, mon esprit privilégie la réponse de l'après transition. Ainsi donc, la vielle dame n'a fait que changer de robe ; à la place de l'ancienne à lui offerte par sa coépouse, elle s'est revêtue de celle qu'elle s'est cousue avec l'argent de la même coépouse. En réalité, au Guantanam, rien n'a changé ; les mêmes égos surdimensionnés, les mêmes hypocrisies sur fond d'intérêts égoïstes demeurent. Mais pas d'inquiétude, tout changera. Les loups du moment ont prescrit le régime végétarien applicable à leur espèce ; seulement c'est après être impitoyablement passés dans la bergerie, qu'ils l'ont fait. Désir de protection et de justice ou instinct égocentrique ? Sinon pourquoi un tel entêtement à atteindre ce sommet non mérité par des subterfuges juridiques fortement contestés ? Des contestations qui ont d'ailleurs fait vaciller le Guantanam naguère exemple de paix.
Je ne vois pas en quoi celui qui tenait les lieux mérite d'être généralisé. Corneil, dans Le Cid, a dit qu'à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. En le paraphrasant, j'estime qu'il n'y a aucune gloire à ce que la tenue que l'on s'est soi-même cousue, c'est-à-dire sur mesures, convienne à son propre corps ou peut-être à son seul corps. Bref, je ne vais pas en dire davantage même si c'est encore une voix, un cri s'exprimant dans le vacarme de la course effrénée au trésor maculé. En tout cas, face à cette généralisation du désormais ex-tenant des lieux, je suis épris de mépris car je n'y vois aucun mérite guantanaméen.
Pendant qu'on y est, pourquoi ne pas bonifier toute la grande muette guantanaméenne ou même tous les habitants du Guantanam ? Là au moins, on aura dans nos universités oubliées un plus en matière d'encadrement. Comme la fête prend fin bientôt, empressons- nous de nous emparer de ce qui reste du festin hérité !
Le Guantanaméen,
Guantanaméennement révolté, mais GÉNÉRALEMENT calme
Et guantanaméeenement vôtre !