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Droit de réponse : Etienne Traoréà Mamadou Djibo

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Dans l'écrit ci-après, l'universitaire Etienne Traoré répond à une lettre ouverte qui lui a été envoyée par Mamadou Djibo, relativement aux velléités de modification de l'article 37 de notre loi fondamentale. Réaction du maître à celui qui se présente comme un de ses anciens étudiants de l'université de Ouagadougou.

Ce sont des camarades qui m'ont dit Djibo, que tu m'as répondu et je ne l'ai appris que ce soir 18 Octobre après 21h. Grand merci de ta réponse car ton esprit critique est bien philosophique. Je te réponds pour encourager cet esprit critique et aussi pour les nombreux internautes qui m'ont soutenu, pour leur dire merci et leur donner quelques informations.

Mon étudiant Djibo, je pense que ta réponse est plus politicienne que philosophique. En effet, si tu as bien écouté mes cours, tu devrais, entre autres, retenir ceci : en démocratie, il y a 3 situations possibles que sont l'unanimité, le consensus et la Majorité. Dans l'unanimité, tout le monde est d'accord comme en cas de guerre d'agression par un autre pays ; dans le consensus, il n'y a pas une seule voix en opposition caractérisée, ce qui signifie que même ceux qui étaient contre, ont rallié la majorité ou se sont abstenus dans le vote. Cela signifie comme je te l'ai enseigné, que dans le consensus, il n'y a pas une seule opposition caractérisée. Dans la majorité, il suffit de plus de 50% des voix et quand il s'agit d'une majorité qualifiée, il faut plus.

Effectivement en 1991 où a été adopté la présente Constitution que le Président Compaoré a juré de défendre, il a fallu 2 jours de débats pour aboutir à la limitation consensuelle du nombre à deux des mandats d'exercice du pouvoir d'Etat. Donc aujourd'hui, mettre en cause ce consensus est un recul, voire une trahison tant il est vrai que pour les constituants de 1991, il ne venait à l'esprit de personne que nul ne remettrait en cause ce consensus, surtout pas celui qui exerce le pouvoir. Je rappelle dans ce sens que le magistrat Fidèle Oui, alors même membre du CDP, mais magistrat, avait proposé la formule de précision suivante, rejetée alors pour suspicion malveillante. Il proposait en effet d'améliorer l'article 37 ainsi : " le mandat du Président du Faso est renouvelable UNE ET UNE SEULE FOIS."

Djibo, ouvre tes cahiers et tu comprendras l'esprit de ces choses que ni Badini ni Gampiné ne t'ont enseigné car ils te donnaient d'autres cours, militent au CDP aujourd'hui et sont propulsés à des postes que tu connais bien. Donc à la prochaine fois !

J'ose croire qu'ils n'ont pas écrit pour toi avec les erreurs philosophiques que je vois dans ton texte et qu'il est inutile d'exposer à un public non averti. Je veux seulement te faire comprendre que je pense que ni l'un ni l'autre de mes collègues cités (Badini et Gampiné) ne sont les réels auteurs de ton écrit. Je peux me tromper, c'est vrai ! Je pense cependant que le parrain de ton écrit est un parent de Blaise Compaoré qui a essayé de me salir il y a une quinzaine d'années, à travers des paroles mensongères publiées dans un quotidien de la place. Il est aujourd'hui ambassadeur.

Je rappelle enfin que les enseignants ont généralement un souvenir contrasté de leurs élèves : les plus brillants et les moins brillants. Je me rappelle ainsi de toi dans la seconde catégorie, donc des moins brillants. Il ne faut pas encourager Blaise Compaoréà s'acheter un référendum au risque de mettre le feu au pays.

Etienne Traoré Professeur de philosophie morale et politique à l'Université de Ouagadougou. Blog : nababio.blog4ever.com.

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