Quantcast
Channel: leFaso.net
Viewing all 84453 articles
Browse latest View live

Industrie : Il faut sauver la SN-SOSUCO !!!

$
0
0

Par la présente, j'interpelle les autorités de la Transition, le Président Michel KAFANDO, le Premier Ministre Yacouba Isaac ZIDA, le Président du Conseil National de la Transition Chérif SY à jeter un regard des plus préoccupants sur la situation de la SN-SOSUCO.

En effet, c'est après le 2ème reportage de la RTB-télé du 26 mars 2015 sur la SN-SOSUCO, que j'ai décidé d'écrire surtout pour proposer des solutions à la mévente à laquelle fait face ladite société depuis un certain temps. Cette mévente est surtout due à certains importateurs usant de fraude. Récemment d'ailleurs, la presse faisait écho d'une quarantaine de camions saisis par la gendarmerie de Banfora le 18 mars 2015 et qui, jusque dans la soirée du 20 mars 2015 était toujours stationnés devant la nouvelle mairie. Cette fraude mine tout le secteur industriel national. Pour sauver la SN-SOSUCO, je propose deux solutions : l'une urgente et l'autre d'ordre administratif et ou législatif.

La première consiste à acheter le stock de mévente estiméà 32 000 tonnes d'abord pour éviter le dépôt de bilan à la SN-SOSUCO dès ce mois d'Avril 2015, ce qui engendrerait la perte de près de 10 000 emplois directs et indirects. Dans un pays à revenu faible comme le nôtre, l'Etat est le sauveur par excellence, ici à travers la Fonction Publique, l'Armée Nationale et pourquoi pas le secteur privé ?
Voici les calculs : si chaque fonctionnaire à partir de fin avril recevait 5 kg ou 5 paquets de sucre pendant 6 mois, soit 30kg de sucre multipliés par au moins 120 000 fonctionnaires, alors on aurait 3 600 000 kg de sucre sortis, soit 3 600 tonnes moins les 32 000 tonnes de stock , il resterait alors 28 400 tonnes à repartir entre tous les importateurs de sucre du Burkina puisque responsables de la mévente actuelle de la SN-SOSUCO et aussi pour PATRIOTISME industriel et commercial.

En chiffres : 1fonct x 5kg x 6mois : 30kg x 120 000 fonctionnaires : 3 600 000 kg / 1000 : 3 600 tonnes – 32 000 tonnes : 28 400 tonnes / Importateurs de sucre.

Et cela, sans compter l'Armée Nationale, le secteur privé, et même les retraités qui seraient probablement intéressés. On appelle ça PATRIOTISME pour ceux qui ont déjà oublié et ce patriotisme ne coûterait qu'environ 3000 fcfa par mois aux fonctionnaires pendant 6 mois, soit environ 18 000 f cfa pour sauver près de 10 000 emplois directs et indirects et avoir du sucre pour ses besoins ou le partager avec ses proches ou les plus démunis. Il va de soi que le Ministère de l'Economie et des finances supervise une telle opération à travers la Solde et d'autres aspects que je ne maîtrise point. Une idée m'est venue lorsque j'écrivais : chaque année, les fonctionnaires musulmans pourraient à l'approche du jeûne, solliciter une grande quantité de sucre et régler les frais par la Solde, mais ceci n'est qu'une idée.

La seconde solution est plus administrative et ou législative et concerne plus le Ministère du commerce et les Douanes qui doivent travailler de concert à faire respecter la législation en cours. Les textes existent, seulement ils ne sont pas appliqués, sinon il n'y aurait pas tant de fraudes au point de créer une mévente au niveau de la SN-SOSUCO et d'autres sociétés. Si la législation actuelle est molle, on pourrait la renforcer pour protéger notre socle industriel.

C'est ce que font les capitalistes de l'autre côté : le Président Obama a fait garantir plus de 1000 milliards de dollars pour l'Industrie Automobile et les Banques et Assurances à partir de 2009 pour protéger des centaines de milliers d'emplois ; nous n'avons ni les milliers de milliards de dollars, ni non plus des centaines de milliers d'emplois à protéger, mais nous avons juste quelques milliards de fcfa grâce à la participation de tous, pour sauver près de 10 000 emplois directs et indirects.

Pour finir, j'exhorte les autorités de la Transition à sauver la SN-SOSUCO, et surtout à protéger notre tissu industriel naissant et donc très fragile par une législation sévère mais juste ; il y va de notre stabilitéà court, moyen et long terme.

DABIRE A. Angelin , citoyen très préoccupé
Email : angelindab@yahoo.fr


Dr Ousseni ILLY à la Société burkinabè de droit constitutionnel : « Les nominations du Président Faso ne sont peut-être pas légitimes mais elles ne sont pas inconstitutionnelles »

$
0
0

J'ai suivi avec intérêt la sortie de la SBDC sur les récentes nominations de membres du Conseil constitutionnel faites par le Président du Faso. En tant que juriste et enseignant également le droit, j'aimerais apporter mon point de vue sur les éléments soulevés par la Société. Avant tout propos, j'aimerais cependant faire cette mise au point, en particulier à l'endroit des internautes : je n'ai aucun lien, ni de près, ni de loin, avec quelle que autorité que soit de la transition, ni avec quel que parti politique que soit (et je n'en recherche point). Je réagis en tant que citoyen libre et soucieux de l'équilibre des débats.

Dans sa conférence de presse tenue le jeudi 26 mars 2015, la SBDC affirme que la nomination de Messieurs Anatole TIENDREBEOGO et Bouraima CISSE ainsi que de Madame Haridiata DAKOURE/SERE en séance du Conseil des ministres du 25 mars 2015 comme membres du Conseil constitutionnel viole « la lettre et l'esprit de la Constitution et de la Charte de la Transition ». Pour soutenir sa position, la SBDC base son argumentaire sur trois éléments : la nomination desdits membres en Conseil des ministres, « l'usurpation » du Président du Faso des pouvoirs du Président du Conseil national de la transition et enfin l'absence de spécialistes du droit constitutionnel parmi les nommés. Essayons d'analyser ces arguments un par un.

Sur la nomination en Conseil des ministres d'abord : pour la SBDC, le décret portant nomination des membres du Conseil constitutionnel est inconstitutionnel parce qu'il violerait le « pouvoir de nomination propre » du Président du Faso en ce domaine. Il est vrai, notre constitution (articles 55 et 56) distingue les emplois dont la nomination est réservée au Président du Faso (cas des ambassadeurs, de la haute hiérarchie militaire, des sociétés stratégiques, etc.) et les autres emplois, qui sont « pourvus en Conseil des ministres ». A en croire la SBDC, l'exercice de ce « pouvoir propre » ne saurait se faire en Conseil des ministres. Toutefois, en lisant attentivement la constitution, on se rend compte que celui-ci ne détermine pas, pour ce qui concerne les emplois réservés au Président Faso (que la SBDC appelle abusivement « pouvoir de nomination propre »), le procédé par lequel celui-ci doit les pourvoir. Le Président reste donc libre de choisir le procédé qu'il veut : le canal du Conseil des ministres, ce d'autant plus que la constitution ne le lui interdit pas ; en plus, il en est le chef ; soit le décret simple (hors Conseil). Il existe une pratique abondante sous la IV république qui confirme cela : nombre d'ambassadeurs, de chefs militaires, de dirigeants de grandes sociétés d'Etat, de même que des membres du Conseil constitutionnel, ont été nommés par Blaise Compaoré aussi bien par des décrets simples que par des décrets pris en Conseil des ministres. Il n'y a rien donc de nouveau en la matière.

Par ailleurs, à supposer que la théorie « des pouvoirs de nomination propres » telle que défendue par la SDBC existe, c'est sans doute une théorie désuète et en déphasage avec les aspirations des populations d'aujourd'hui. En effet, la tendance dans toutes les démocraties du monde aujourd'hui, à la suite des pays anglo-saxons, est à la limitation et à l'encadrement des pouvoirs de nomination du président de la république. Revendiquer donc pour lui un « pouvoir de nomination propre », hors de tout contrôle, me parait anachronique.

Sur « l'usurpation » des pouvoirs du Président du CNT ensuite : selon la SBDC, le Président du Faso aurait « usurpé» le pouvoir de nomination du Président du CNT, en nommant une personne que ce dernier aurait déjà nommée. Il est même fait état de « violation du principe de la séparation des pouvoirs »à ce sujet. A mon sens, la SBDC va peut-être un peu trop vite en besogne. Nous n'avons pas connaissance d'une plainte du Président du CNT faisant état d'un quelconque accaparement de son pouvoir de nomination par le Président du Faso, et en tout état de cause, la nomination de la même personne par les deux personnalités ne signifie pas a priori que l'un (à savoir le Président du Faso) a usurpé le pouvoir de l'autre. La constitution accorde à chacun un quota, et il s'agit de vérifier si l'un (notamment le Président du Faso) a dépassé le quota qui lui est assigné. A ma connaissance cela n'est pas le cas, et ici il y a simplement une double nomination d'une même personne, due certainement à une absence de coordination entre les deux institutions. C'est une erreur plutôt « administrative » et on ne peut y voir une violation du principe de la séparation des pouvoirs.

Sur l'absence de constitutionnalistes parmi les nommés enfin : d'après la SBDC, les révisions constitutionnelles de 2012 imposent aux autorités de nomination des membres du Conseil constitutionnel, d'intégrer « certaines personnalités ayant des qualités techniques en matière constitutionnelle ». C'est peut-être un souhait, sinon on a beau cherché, on ne trouve pas une seule disposition dans la constitution qui contient une telle exigence. L'article 153 qui a trait à la composition du Conseil dispose que « le Conseil constitutionnel comprend :
- les anciens chefs de l'Etat du Burkina Faso ;
- trois magistrats nommés par le Président du Faso sur proposition du ministre de la justice ;
- trois personnalités nommées par le Président du Faso dont au moins un juriste ;
- trois personnalités nommées par le Président de l'Assemblée nationale dont au moins un juriste ;
- trois personnalités nommées par le Président du Sénat dont au moins un juriste ».

Il est tout à fait exact que l'obligation d'inclure au moins un « juriste » dans la liste de chaque autorité de nomination est une innovation de la révision constitutionnelle de 2012, mais comme tout le monde peut le lire, la constitution parle de « juriste », sans plus. Et comme on le sait, dans notre système (et un peu partout ailleurs), toute personne titulaire d'au moins une maîtrise en droit est un « juriste ». On me dira peut-être que je fais une interprétation grammaticale ou littérale de la constitution, mais comme on l'enseigne dans toutes les facultés de droit du monde, la première règle en matière d'interprétation, c'est le sens ordinaire des mots. Le constituant avait voulu inclure des experts en droit constitutionnels qu'il aurait été plus explicite. Rien ne l'empêchait. C'est peut-être regrettable, puisque la présence de constitutionnalistes aurait été d'un apport important pour le travail du Conseil, mais si on s'en tient à la constitution, le Président ne l'a violé aucunement. En effet, parmi les trois personnalités qu'il a nommées, figurent bien une ancienne magistrate, donc un « juriste ».

Comme on peut le constater, le du Président du Faso n'a pas violé pas la constitution. Est-ce pour autant que l'on peut considérer ses nominations comme légitimes ? Certainement pas. En effet, on peut bien s'interroger sur la pertinence et l'opportunité de nommer des personnes retraitées, surtout pour une fonction aussi exigeante et un mandat aussi long (9 ans). Loin de moi de remettre en cause les compétences de ces personnes, mais on le sait tous, à partir d'un certain âge, on devient moins prompt et on n'a besoin de se reposer. C'est la raison d'être d'ailleurs de la retraite.

La seule (et peut-être vraie) nomination inconstitutionnelle à mon sens, que personne n'a cependant pas soulevé, est la nomination de Monsieur Kassoum Kambou comme président du Conseil constitutionnel par le Conseil des ministres du mercredi 11 février 2015. En effet, depuis la révision constitutionnelle de 2012, le président du Conseil constitutionnel est censéêtre élu par ses pairs (voir article 153, alinéa 2 de la constitution). Aucune information ne nous a été fournie sur les raisons de la non-application de cette disposition.

En dernière analyse, sur le point des nominations, il faut bien admettre que la Transition a manqué l'occasion d'asseoir les bases d'une véritable gouvernance économique pour notre pays, et c'est regrettable. On se rappelle qu'en 2007, le gouvernement Tertus I avait adopté un décret (Décret 2007-724/PRES/PM/MEF/MCPEA) dont l'article 39 dispose que : « Le poste de Directeur Général des établissements publics de l'Etat, des sociétés d'Etat et des sociétés d'économie mixte à participation majoritaire de l'Etat est soumis à appel de candidature ». Le CDP, qui s'était pris dans son propre piège à travers ce texte, n'avait cessé de louvoyer sur son application. On aurait cru qu'avec l'arrivée de la Transition, l'occasion serait belle pour sa pleine et entière application. Que nenni ! En lieu et place, on a assistéà des « débarquements/embarquements »à la guise et surtout sans lendemains.

En effet, on sait bien que tous les DG qui sont en train d'être nommés en ce moment seront aussitôt débarqués dès l'entrée en fonction du gouvernement qui sortira des prochaines élections. Or, des appels à candidatures en bonne et due forme auraient permis de confier les sociétés à des personnes uniquement sur la base de leurs compétences et de stabiliser leur gestion, le pouvoir entrant ne pouvant pas remettre à sa guise les contrats signés.

Dr Ousseni ILLY
Enseignant-chercheur
Université Ouaga II

Groupe international de suivi de la Transition : La communauté internationale toujours aux côtés du Burkina

$
0
0

Le groupe international de suivi et d'accompagnement de la transition au Burkina Faso (GISAT-BF) a ouvert ce lundi, 30 mars 2015, à Ouagadougou, sa deuxième réunion sous la présidence de Michel Kafando, Président du Faso. Un moment pour évaluer le chemin parcouru et prendre des engagements pour la suite.

Selon le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo, la rencontre a pour objectif d'évaluer les progrès enregistrés depuis la première réunion (tenue le 13 janvier dernier), analyser les défis et annoncer les solutions pour surmonter les difficultés constatées.

La CEDEAO a félicité la « sagesse » avec laquelle, le Président du Faso a conduit le processus et l'esprit d'ouverture qui anime les différents acteurs.
Pour Kadré Désiré Ouédraogo, la paix et la sécurité au Burkina sont essentielles pour la sécurité de la région pour laquelle, le Burkina a contribué et continue de contribuer. « Grâce au génie de son peuple et à la main secourable de ses amis et partenaires, le Burkina Faso a pu amorcer avec succès, un nouveau départ dans la paix après la crise politique qu'il a connu en octobre 2014 », a dit le Président de la commission de la CEDEAO avant de relever que face aux nombreux défis inhérents à de telles situations, il importe de se déployer pour maintenir le cap, tout en préservant les acquis.

« Pour l'atteinte des objectifs, il est indispensable de placer l'intérêt supérieur du pays au-dessus de tout autre intérêt et de respecter à tout momet, les principes de l'Etat de droits, des droits humains et des libertés fondamentales », a souligné Kadré Désiré Ouédraogo pour qui, c'est à ce prix que la transition au Burkina continuera à attirer la sympathie et le respect de tous.

Le commissaire à la paix et sécurité de l'Union africaine, Ismaël Chergui, a réitéré l'engagement de son organisation à accompagner la transition en relevant les défis pour un aboutissement heureux.

Pour le président du Faso, Michel Kafando, sur le plan socio-politique, il n'a eu de cesse de privilégier le dialogue social et la concertation, pour renforcer la confiance et la cohésion sociales et répondre au mieux aux aspirations nationales. Convaincu, dit-il, que seuls le dialogue, la réconciliation, la participation inclusive et constructive de l'ensemble des acteurs socio-politiques pourront aider la transition à atteindre ses objectifs.

Revisitant les actions déjà menées dans le sens d'améliorer la bonne gouvernance, Michel Kafando a dit l'engagement des acteurs burkinabèà conduire à bon port, le processus de transition avec, à termes, des élections transparentes, équitables et crédibles.

Les travaux de ce deuxième rendez-vous accoucheront, à la fin de la journée, d'autres engagements pour accompagner le processus dans sa dynamique.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

Réinsertion des détenus : Des efforts à la MACO

$
0
0

Près de la moitié des dossiers actuellement traités par les cabinets d'instruction burkinabè concernent des récidivistes. La solution ? Occuper les personnes incarcérées, les former et les outiller de sorte qu'une fois dehors, elles puissent se réinsérer dans la société sans retomber dans le travers de la délinquance et du crime. C'est la mission que s'est donnée la MACO et une poignée de GSP (gardes de sécurité pénitentiaire). Menuiserie, jardinerie, soudure, couture, savonnerie, les activités ne manquent pas. Les moyens, par contre, sont limités.

Mettre le temps de la peine à profit

« On pense que lorsqu'on a mis un criminel hors d'état de nuire, la société est à l'abri. Mais la société n'est à l'abri que si cette personne change pour adopter une conduite de bon citoyen. » Fréderic Ouédraogo est directeur adjoint de la Maison d'Arrêt et de Correction de Ouagadougou. « La prison ne peut servir que si elle apporte quelque chose de positif aux détenus. Le temps de privation de liberté doit leur permettre d'apprendre quelque chose d'utile à eux-mêmes et à la société». C'est sur cette logique que la MACO a mis sur pied plus d'une dizaine d'activités qui visent à former et à préparer les détenus à la sortie.

Boulangerie, savonnerie, menuiserie, aviculture, peinture, jardin

Les détenus qui choisissent de prendre part aux ateliers dirigés par les gardes de sécurité pénitentiaires apprennent à faire du pain, du savon, à coudre, peindre, fabriquer des meubles ou à faire pousser des légumes. Des activités dont on ne soupçonne pas l'existence quand on passe devant le grand mur ocre qui ceinture le pénitencier. Saviez-vous que le poulailler de la MACO abrite quelque 700 poules qui pondent plus de 400 œufs par jour, que le jardin potager de la prison s'étend sur 4,5 hectares, qu'on y trouve des bananes, des tomates, des aubergines sauvages et du riz ? Saviez-vous que le savon produit par la savonnerie a remporté un prix pour sa qualité en 2011 et qu'il se vend dans tout le pays ?

Sore Binta, assistant GSP, forme trois détenus majeurs et trois mineurs à l'atelier menuiserie. Seules conditions pour rejoindre les activitésv : avoir exécuté la moitié de sa peine et avoir adopté une bonne conduite. Une fois intégrés dans l'atelier, les détenus apprennent sur le tas à fabriquer toute sorte de meublesv : étagères, berceaux, lits. Les commandes viennent de l'extérieur, c'est à dire des particuliers, des connaissances du GSP ou de l'Eglise catholique. Le GSP se procure les matériaux nécessaires et réalise le travail avec les détenus. La formation ainsi suivie est un atout lors de la recherche d'emploi à leur libération.

L'atelier de soudure jouxte la menuiserie, Lompo Bahouaba, assistant GSP, forme deux détenus. Albert et Samporé (noms d'emprunt) s'y activent au milieu des barres de fer, des plaques de métal et des outils, une grosse paire de lunettes fixée sur le nez. Ils étaient tous deux ouvriers avant d'être incarcérés : « Un ouvrier ne peut pas chômer, il faut qu'il pratique pour ne pas perdre la main. Ici, on reste actifs et on élargit nos connaissances. »

Ouvrir un atelier à la sortie

Seules les activités de théâtre et de danse sont mixtes. Les autres ne s'adressent qu'aux femmes ou aux hommes. La blanchisserie par exemple n'est fréquentée que par des hommes, tandis qu'à la savonnerie, Jean-Marie Ilboudo, assistant GSP, ne forme que des femmes, sept pour être exact. On y produit et vend entre autres du savon liquide et en poudre, du savon de lessive et de toilette. Il se vend dans tout le pays par cartons entiers, de Ouagadougou à Bobo, en passant par Ouahigouya et Tenkodogo.

En 2011, le savon de toilette a été remarqué pour sa qualité en remportant un prix à l'occasion de la journée agroalimentaire. « Nous formons les femmes pour qu'elles puissent ouvrir un atelier à leur sortie. Lorsqu'elles sont libérées, certaines s'aperçoivent qu'elles n'ont pas retenu toutes les étapes de la fabrication. Je leur donne mon numéro de téléphone pour les aider en cas de besoin. » Mais la sortie est difficile, seule une minorité de femmes disposent du soutien de leur entourage pour poursuivre leurs efforts.

La moitié des bénéfices de l'atelier de couture revient aux détenues

Céline Kambou a été recrutée par l'aumônerie catholique, elle dirige l'activité couture qui ne traite qu'avec des femmes. Elles y apprennent à utiliser une machine à coudre, à dessiner des pantalons, à les porter sur le tissu et à les assembler. Cette formation a pour but de les rendre autonomes afin qu'elles puissent vivre de leur travail une fois libérées.

« Une formation normale dure trois ans. Mais quand elles sont motivées, elles peuvent apprendre en un an. On a l'avantage d'être une petite classe. Actuellement, je forme six femmes, j'accepte toutes les détenues, sans conditions, il faut juste être intéressé. Depuis que l'atelier a commencé il y a trois ans, j'ai dû former une trentaine de femmes. »

Des pantalons sont accrochés au mur de la salle de couture, des robes pour petite fille, des jupes et des ensembles pour enfants. Les commandes proviennent de l'extérieur, de particuliers, des GSP et des détenues elles-mêmes. La moitié des bénéfices de la vente revient aux couturières, l'autre sert à acheter le matériel.

Moyens très limités

Les moyens mis à la disposition de la prison sont très limités. Les outils manquent (machine de presse à la savonnerie, postes à souder, étaux, accessoires de protection à l'atelier soudure, etc). De plus, les capacités d'accueil sont restreintes et les détenus formés ne sont pas nombreux. Certains ateliers sont soutenus financièrement et matériellement par des structures de l'extérieur, comme l'Eglise catholique ou l'Action Sociale.

L'Eglise catholique soutient l'atelier en fournissant le tissu et les machines à coudre. Sept machines sont utilisées dans le quartier des femmes et trois dans le quartier des mineurs. Grâce au soutien de l'AMAF, l'Association des Amis de l'Afrique Francophone, l'Eglise catholique a accompagné deux femmes à leur sortie en remettant à chacune une machine à coudre. L'une d'elle a poursuivi l'activité chez elle et l'autre a souhaité se perfectionner dans un atelier indépendant. Céline Kambou ajoute « Je leur donne mon contact quand elles sortent, pour qu'elles puissent m'appeler en cas de besoin pour ouvrir leur atelier. Certaines rappellent, mais davantage par courtoisie et ça reste une minorité. » C'est en effet un des problèmes communs à toutes les activités.

Aucun suivi post carcéral

A l'extérieur, les détenus sont voués à eux-mêmes et doivent trouver des fonds pour initier une activité. Parfois les parents ou l'entourage aident, mais c'est rare. Aucune structure publique, aucune organisation de la société civile ne les accompagne. Dans ces conditions, le risque de récidive est grand. Alors qu'il serait parfaitement envisageable d'établir des partenariats avec des organismes au dehors afin de permettre aux détenus de poursuivre leur formation ou bien pour les aider à rebondir et entrer en contact avec des entreprises.

Les ouvriers Samporé et Albert sont catégoriques, ils savent que la sortie est difficile et que les gens ont peur des anciens résidents de la MACO. Tout ce qu'ils souhaitent, c'est un endroit pour continuer à travailler une fois dehors, le meilleur remède contre la récidive.

Marine GOURVES
Collaboratrice
Lefaso.net

Transition et post transition : Le Burkina Faso dans l'œil du cyclone ?

$
0
0

L'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a vu le Burkina Faso basculer dans une nouvelle ère dans sa quête du mieux-être des populations. Si la transition politico-sociale dans laquelle le pays est inscrit suscite beaucoup d'espoir, il n'en demeure pas moins que la peur de retomber dans les travers qui ont présidéà l'avènement de cette insurrection subsiste.

En effet, de l'issue surprenante de la lutte contre la révision de l'article 37 de la constitution à la mise en place des organes de la transition en passant par la signature de la charte qui doit régir la transition, l'on a pu noter des satisfactions et des insuffisances. Si les satisfactions sont à préserver, il y a lieu d'ouvrir l'œil, surtout le bon, sur les insuffisances qui peuvent nous conduire dans l'impasse au terme de la Transition.

Comparaison n'est pas raison mais dans la vague de crises ou de révolutions populaires qui a marqué la vie sociopolitique des pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne, il y a lieu de se poser les bonnes questions en tirant des enseignements de l'évolution de ces différents pays. Les cas les plus proches sont la Côté d'Ivoire et le Mali. Si les circonstances des crises ne sont pas forcément identiques, la situation de crise a conduit le Mali à une période de transition qui a abouti sur des élections. C'est presque le même scénario qui semble en cours au Burkina Faso vu que le principal objectif de la transition reste l'organisation d'élections libres et transparentes.

Peut-on se contenter de cette ligne directrice alors que les aspirations de réformes de la société burkinabè sont énormes ? N'y a-t-il pas un réel risque de vouloir confier la satisfaction de cette aspiration à des autorités issues du suffrage universel ? En effet, il y a un risque certain de voir les espoirs et les aspirations déçus avec des reformes taillées sur mesures.

Face à ces préoccupations, notre intention est d'inviter l'ensemble des forces vives de la nation à se ressaisir et entreprendre une initiative commune en vue de l'élaboration d'une seconde charte pour encadrer la nouvelle gouvernance qui présidera aux destinées de la nation au terme de la Transition.
Cette proposition est fondée sur les constats suivants :
- la charte de la transition a permis de remettre le pays dans un ordre de marche après que les institutions de l'Etat aient été durement ébranlées ;
- la révision de la constitution qui a étéà l'origine de l'insurrection des 30 et 31 octobre 2014 semble oublier par la transition ;
- bien qu'une commission de réconciliation nationale et des reformes soit mise en place pour formuler des propositions devant refonder l'action de l'Etat, il y a nécessité que des gages soient prises pour veiller à la mise en œuvre des différentes propositions à venir ;
- le risque de voir les nouvelles autorités mettre de côté les conclusions de la CRNR ne sont pas négligeables.

Ne dit-on pas qu'il faut savoir faire des crises des opportunités. L'opportunité est belle pour redessiner les bases d'un Burkina nouveau qui répond aux aspirations du peuple. Une seconde charte permettra :
- aux partis politiques, d'articuler leur projet de société avec les aspirations réelles des populations. Leur engagement à respecter les orientations de la charte ou pacte national permettra d'envisager un réel suivi de l'action des nouvelles autorités ;
- aux organisations de la société civile, de jouer un rôle de veille et de contre-pouvoir afin que les engagements vis-à-vis du respect des différentes orientations de cette seconde charte soient respectés.

Les conclusions des travaux de la CRNR pourront enrichir cette charte qui servira de feuille de route pour l'émergence d'un Burkina nouveau. Il faut réellement prendre les dispositions pour que « plus rien ne soit réellement comme de par le passé».

Le Club Initiatives Citoyennes
cicburkina@gmail.com

Recherche au Burkina : Le nom du Pr Philippe Sankara attribué comme nom scientifique à un champignon

$
0
0

Les chercheurs, les étudiants et les élèves du monde entier prononceront désormais le nom scientifique « Russula sankarae » lorsqu'il s'agira d'étudier ce champignon macroscopique que l'on trouve souvent dans certains milieux au Burkina et d'ailleurs.
En effet le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris a voulu honorer le Pr Philippe Sankara pour sa ténacité, son engagement et sa persévérance qui a permis de découvrir dans les forêts de Dindéresso et de Dan à l'Ouest du Burkina 22 espèces de champignons du genre Russula parmi lesquelles on dénombre quatre nouvelles espèces à savoir Russula fissurata, Russula oculata, Russula sankarae et Russula turpis.

Ce travail a fait l'objet de la thèse de doctorat unique de l'Université de Ouagadougou de Madame SANON Elise, thèse soutenue le 7 mars 2015 avec brio, sanctionnée par la mention « Très honorable avec les félicitations du jury ». La Russule : Russula sankarae a été publiée dans la revue : Cryptogamie, mycologie 53(4) :377-397.
« L'étude est très originale du fait que c'est la première fois que des études scientifiques ont été faites sur la diversité des russules du Burkina Faso. Ces 22 espèces ont fait l'objet d'études moléculaire et microscopique au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris en France et à l'Institut du Jardin Botanique de Munich en Allemagne. C'est ainsi qu'on a pu leur donner des identités », a affirmé le Pr Philippe SANKARA.

Selon le Pr Philippe SANKARA, c'est également la première fois que des séquences d'ADN de certaines russules du Burkina sont déposées dans « GenBank ». En effet, Genbank est une banque de séquences d'ADN, comprenant toutes les séquences de nucléotides publiquement disponibles. Cette base de données américaine « Nucleotide », en libre accès, a été créée au Centre National pour l'Information Biotechnologique (NCBI) dans le cadre de la collaboration internationale sur le séquençage des nucléotides. GenBank et ses collaborateurs reçoivent des séquences d'ADN produites dans des laboratoires du monde entier à partir de milliers organismes différents.

À la réception du dépôt d'une nouvelle séquence d'ADN, l'équipe de GenBank attribue un numéro d'ordre à la nouvelle séquence et réalise des contrôles d'assurance qualité. Les dépôts sont ensuite inscrits dans la base de données publique. « C'est une prouesse pour nous qui avons eu la reconnaissance de cette structure grâce à la collaboration des mycologues du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris et ceux du Jardin Botanique de Munich (Allemagne) », ajoute-t-il.

Il affirme qu'en dédiant son nom à l'une des quatre nouvelles espèces de russules « Russula sankarae », il s'agit d'un grand honneur, parce qu'on vient par cet acte hautement scientifique d'immortaliser son nom à jamais dans la communauté scientifique. « Et même si je disparaissais un jour, ce nom restera à jamais gravé dans les livres scientifiques au même titre que des noms scientifiques tels que « Combretum micranthum » ou « Parkia biglobosa » que nos enfants apprennent dans les lycées », se réjouit le Pr Philippe SANKARA.

Son souci actuel est de faire connaître maintenant l'importance alimentaire des espèces de russules comestibles au peuple burkinabé de même que d'autres champignons macroscopiques comestibles dans la perspective de l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Pour lui, Russula sankarae est consommable. Il compte donc poursuivre le travail pour déterminer la qualité nutritionnelle de cette russule par des analyses chimiques et voir comment on peut la mettre en culture afin de la rendre plus disponible à la population. « Cette technique de culture de champignons est possible parce que nous avons eu des expériences là-dessus en France avec la culture du champignon de couche de Paris qui est vendu dans nos supers marchés et qui est très apprécié.

Cela veut dire que si nous arrivons aussi à faire pousser cette russule dans nos jardins et autres, à la récolter, nettoyer et emballer correctement, elle peut être vendue et utilisée comme complément nutritionnel car des études ont déjà montré que les champignons macroscopiques comestibles renfermeraient des protéines, des glucides, des lipides, cinq types de vitamines (A, B, C, D, K) et une valeur énergétique », révèle-t-il. Par ailleurs, il est convaincu qu'une bonne exploitation des champignons peut procurer des revenus économiques importants à la population burkinabé.

Intérêts des champignons dans la nature

Le Pr Philippe SANKARA explique que les champignons sont des êtres vivants, hétérotrophes, très hétérogènes et appartiennent au règne des Fungi. On les estime de nos jours entre 1,5- 5,1 millions. On les classe en deux grands groupes.

Primo, les champignons microscopiques qui causent souvent de nombreux dégâts sur les hommes, les animaux et les cultures. Par exemple au niveau de l'arachide, on a la rouille causée par Puccinia arachidis, les cercosporioses causées par Cercospora arachidicola et Phaeoisariopsis personata. Ces champignons microscopiques sont responsables de la baisse de la production arachidière allant de 70% à 100% en cas de fortes attaques.

Secundo, les champignons supérieurs ou macroscopiques qui se subdivisent en trois catégories suivant le mode de nutrition : champignons saprotrophes qui vivent sur de la substance morte : les détritus, la litière, etc., les champignons parasites qui provoquent le dépérissement des arbres et même leur mort et les champignons symbiotiques ou mycorhiziens qui vivent en symbiose avec certains arbres et les aident à puiser l'eau et à fixer les substances minérales.

Le marché mondial des champignons macroscopiques comestibles fait un chiffre d'affaire de plus de 2 milliards de dollars US par an.

Le Pr Philippe SANKARA rappelle que dans le monde, le chiffre d'affaire que les pays développés font de l'exploitation des champignons macroscopiques comestibles est de plus de 2 milliards de dollars US. « En France, j'ai dénombré dans un supermarché 65 espèces de champignons macroscopiques qui s'achètent comme des petits pains. Par exemple, un kilo de truffe (champignon macroscopique) coûte 2000 euros. C'est vraiment de la nourriture de luxe en France et le marché est bien organisé dans ce pays », indique-t-il. Son ambition est qu'un jour au Burkina on puisse faire la cueillette des champignons comme celle des légumes : qu'on pourra nettoyer, découper, sécher et vendre sur le marché comme le gombo séché.

Mais des règles de prudence sont à observer car la consommation de certains macromycètes de nature dangereuse peut conduire à des intoxications mortelles. En conclusion, « n'ayez crainte car pour consommer les champignons, il faut les connaître et nous sommes là pour apporter notre modeste contribution pour une meilleure connaissance des champignons en vue de leur utilisation sans risque », ajoute-t-il avec confiance.

En attendant, son objectif est de confectionner à travers son laboratoire Biosciences une mycothèque, des posters et des documents didactiques pour les mettre à la disposition des élèves du secondaire et du primaire pour qu'ils connaissent mieux les champignons du Burkina.

Wendyaam Sawadogo
Lefaso.net


Le Pr Philippe SANKARA est Professeur Titulaire en Phytopathologie, et Directeur de l'Ecole Doctorale Sciences et technologies de l'Université de Ouagadougou. Il est également Responsable du laboratoire Biosciences de l'Unité de Formation et de Recherche Science de la Vie et de la Terre.

Il a reçu plusieurs distinctions dont la médaille d'honneur du CORAF et lauréat du prix international (Recherche) du Roi Baudouin, la médaille de l'ANPII du Niger, Chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques, Chevalier de l'Ordre National et membre de l'Académie des Sciences du Burkina Faso.
W.S.

Sofitex : Bernard Zougouri a remplacé Jean Paul Sawadogo

$
0
0

Admis à la retraite, Jean Paul Sawadogo a cédé son fauteuil de directeur général de la Sofitex (Société burkinabè des fibres textiles) à Bernard G. Zougouri. La cérémonie de passation de charges entre les deux hommes a eu lieu ce lundi 30 mars 2015 à Bobo-Dioulasso. Hyppolyte Dah, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat l'a présidée.

Installé par le ministre dans ses nouvelles fonctions de directeur général, en remplacement de Jean Paul Sawadogo, Bernard B. Zougouri a donc pris les règnes de la nationale du coton. Nouveau au poste de directeur général, il est en revanche un ancien de la maison Sofitex. Il en était le président du Conseil d'administration avant sa nomination.

Admis à la retraite après de longues années de service dont quatre (04) à la tête de la Sofitex, Jean Paul Sawadogo, même dans la modestie dit avoir de quoi être fier de ses résultats : « En effet, quand je prenais fonction le 23 juin 2011, je n'avais pas pu m'empêcher de soupirer comme cet homme, tant les problèmes à résoudre et les défis à relever me paraissaient nombreux, et même complexes. Mais aujourd'hui, en écoutant les différentes interventions et en voyant ce monde, j'ai le sentiment que la barque, même si elle a tangué par moments, même si elle a pris l'eau par endroits, elle n'a pas chaviré, elle n'est même pas restée flottante au milieu du fleuve ; mieux, elle a pu atteindre l'autre rive ».

Elogieux envers leur ancien patron, les représentants du personnel de la Sofitex dont le secrétaire général, Jonas Bayoulou, ont reconnu en Jean Paul Sawadogo un grand bâtisseur qui a su inculquer un souffle nouveau à la boite. Venu dans un contexte houleux, plein d'incertitudes, l'homme, foi de ses collaborateurs, a pu renverser la tendance.

Ousséni Bancé
Lefaso.net

Etats généraux de la Justice : Et pourquoi pas les Etats généraux de la nation ?

$
0
0

Il est important de préciser d'entrée de jeu qu'il ne s'agit pas de remettre quoi que se soit en cause. Nous garderons les institutions telles quelles : Le Président du Faso, le Gouvernement, le CNT ainsi que leurs compositions respectives. Les ETATS GENERAUX DE LA NATION visent à combler un vide dans l'esprit de l'insurrection d'octobre 2014, puisque nous n'avons pas eu de feuille de route clairement définie. Il s'agira de poser les balises afin d'éviter que les gouvernants de l'après 11 octobre 2015 ne nous embarquent dans des errements inconvenus et inconvenants.

Après avoir rapidement parcouru le pacte, je note que tout (ou presque) est écrit dans la généralité, avec en premier lieu le verbe devoir, sans indexe des rôles et des responsabilités.

Ainsi tout le monde "doit" mais personne n'est responsable.
C'est vrai, le vin est tiré, il faut le boire. C'est aussi vrai qu'il s'agissait d'"emballer sous l'appellation « d'états généraux », ce qui n'est rien d'autre qu'un forum de plus". Donc le contenu importe peu. L'essentiel est que la foire ait lieu.
Sinon comment comprendre que dans un tel document, nulle part on ne parle de l'impunité engendrée par le non respect des lois de la république ?

Il aurait fallu diviser le Pacte en plusieurs temps :
Temps Premier : Du Préambule qui diagnostiquerait les maux de notre justice et des conséquences engendrées, dont particulièrement l'impunité.
Temps II : Des principes généraux qui fixeraient les bases d'entente du Pacte
Temps III : Des rôles et des responsabilités des parties prenantes au Pacte
Temps IV : des actions urgentes à mettre en œuvre (traitement des dossiers de crimes de sang et des crimes économiques « les plus scandaleux » pendants et connus)
Temps V : Du mécanisme de suivi et d'évaluation
Temps VI : Des sanctions à l'égard des parties prenantes et des acteurs de la Justice
Temps VII : De l'entrée en vigueur et des mesures d'accompagnement indispensables à la mise en œuvre du Pacte

Et qu'en est-il de ceux qui se sont retirés de ces états généraux de la Justice ? Est-ce à dire qu'ils ne sont pas partie prenante ? Et que dire tout simplement de tout ces burkinabèà la face de qui on est venu jeté ce pacte sans qu'ils n'aient mot à dire.

Je reste convaincu, tout comme je l'ai été, au lendemain du 31 octobre 2014 et avant la mise en place des organes de la Transition : Il nous faut plus que des "états généraux de la justice". Le Burkina Faso Nouveau que nous appelons tous de nos vœux a aussi besoin des ETATS GENERAUX DE LA NATION.

La Nation, ce n'est pas que le Juge. La Nation, c'est aussi, avant tout, et surtout son organisation, son mode de fonctionnement. C'est lorsque tout ça ne va pas que l'on se tourne vers le Juge, à qui le peuple souverain a délégué (et non transféré) l'autorité de juger, oubliant de s'assurer de l'autorité de la chose jugée, d'où le refus de certains justiciables, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, de se soumettre aux décisions de justice.

Alors, pourquoi vouloir fait fi de l'organisation et du fonctionnement de la Nation et se limiter au Juge et à la Justice ? C'est vrai, la distribution de la justice constitue un régulateur très important dans le vivre ensemble, dans la paix et la cohésion sociale, mais ce n'est pas tout.

Au regard de ce qui se passe actuellement et vu l'empressement de certains à venir ou revenir aux affaires, je suis de plus en plus convaincu que nous ne pourrons pas faire l'économie des ETATS GENERAUX DE LA NATION.
Ce passage est indispensable pour que nous convenions ensemble de :

- Ce que nous attendons de notre armée nationale ;

- Comment nous voulons que soit notre système éducatif, afin que tous les enfants de la Nation y accèdent, sans discrimination de niveau de ressources, d'origine sociale, etc.

- Quel système de santé nous voulons pour le Burkina Faso Nouveau. Trop de Burkinabè meurent encore de « petits maux de tête » que certains autres burkinabè soignent en claquant simplement du doigt ;

- Quel mécanisme de redistribution des richesses nationales, nous voulons pour le Burkina Faso Nouveau, qui n'exclut pas les sans-voix, ceux qui n'ont aucun ressortissant de leur localité au sommet ou dans la sphère de gestion du pouvoir, et sur lequel compter pour grappiller quelques subsides publiques ?

- Quelle agriculture nous voulons, afin d'assurer notre souveraineté alimentaire, tout en préservant l'environnement, pour les générations futures ? En effet, les montages institutionnels et financiers, au nom d'une prétendue biodiversité, en faisant entrer les OGM dans notre agriculture, sont en train de confisquer la liberté de production du paysan, tout en nous imposant à tous, un modèle de production, mais aussi de consommation dont nous ne maîtrisons ni les tenants, ni les aboutissants. A qui profite les retombées financières de ce montage institutionnel des OGM au Burkina ? N'est-ce pas parce que un François a voulu s'opposer à un autre François dans ce deal esclavagisant de notre agriculture que le premier s'est vu exclu de la gestion des affaires paysannes.

- Quelle place réservons-nous, conformément au model social que nous voulons bâtir, souverainement, à nos chefs coutumiers et à nos leaders religieux. Ils sont incontournables dans le dispositif de construction du Burkina Nouveau. Sans instrumentalisation, comme du temps de l'"homme fort". Même ceux qui ne voulaient pas les sentir, même en simples photos, sont obligés d'admettre qu'il nous faut réserver une place de choix à ces référents de la paix et de la cohésion sociale, sans lesquels, le Burkina Faso aurait volé en éclats, puisque le premier de nos ministres y trouve refuge, malgré toutes les armes qui l'entourent.

La cour impériale du Mogho Naaba n'est-elle pas devenue un havre de sécurité pour qui se sent menacé ? Qui ose pénétrer dans cette vénérable cour, sans essuyer la colère de tout le peuple, toute ethnie confondue, puisque notre Mogho Naaba n'appartient plus aux seuls mossis. Il est désormais une Institution Respectée et vénérée dans tout le Burkina Faso. Sans armes, il est puissant. Oui, sa puissance, il la tire de la force morale. Blaise aurait du simplement comprendre que lorsque l'on parle d'institution forte, c'est de cela, et non pas de la force des armes. Notre Mogho Naaba n'en a pas, et pourtant, il est puissant.

- Quelle carte diplomatique nous voulons, pour bâtir le Burkina Faso Nouveau, débarrassée de cette diplomatie des intérêts particuliers ?
- etc., etc., etc.

Tant d'interrogations auxquelles le programme ou projet de société d'un parti politique ne saurait lier tout un peuple. Il s'agit de nous entendre là-dessus, souverainement.
C'est pourquoi, J'appelle de tous mes vœux ces ETATS GENERAUX DE LA NATION. Je dis bien ETATS GENERAUX DE LA NATION et non conférence nationale, cette foire aux empoignes, où l'on vient s'insulter, s'accuser, s'applaudir, etc., sans rien décider de sérieux. Il ne s'agit pas de conférence nationale, mais bien des ETATS GENERAUX DE LA NATION.

Oui, nous ne pourrons pas faire l'économie de cet incontournable exercice que constituent les ETATS GENERAUX DE LA NATION.

Ayons le courage de diagnostiquer notre passé et notre présent, pour poser sereinement les bases du devenir de Notre Faso commun. Ce faisant, nous poserons les balises qui guideront les gouvernants de l'après 11 octobre 2015 et éviteront que nous naviguons à-vue.

Peut-être que cela va entrainer le report des élections. Peu importe, l'essentiel est que, par cet exercice, nous convenions tous, de ce que le Burkina Faso Nouveau doit être. Et que désormais, aucun Burkinabè ne regarde un autre Burkinabè en adversaire, encore moins en ennemi, mais en frère, en sœur, en camarade, en partenaire, pour que chaque élection soit désormais une fête pour le choix des meilleurs d'entre nous, pour gérer la cité, Notre Faso.

Aly Teyéni MANA.


Vie de couple : Pourquoi dormir en chambre séparée ?

$
0
0

Dormir dans des chambres séparées, selon des personnes que nous avons interrogées, renforce le foyer. La question a sidéré d'autres qui pensent qu'une telle question ne mérite pas d'être posée. Qu'à cela ne tienne, de plus en plus, il n'est pas rare de voir des couples dormir dans des chambres séparées.

Monsieur dans sa chambre à lui, et à lui seul. Et madame, dans sa chambre également à elle. Souvent avec les enfants pour les couples modestes, n'ayant pas une grande maison. On pourrait tout naturellement comprendre la situation des couples polygames. Ces dernières ne peuvent, sans doute, pas dormir dans la même chambre avec le chef de famille, à deux, trois ou quatre. On peut alors considérer cette situation comme une exception.

Pourquoi dormir dans des chambres séparées avec sa tendre épouse ? Celle à qui on a juré fidélité et amour, en tout temps, et en tout lieu. Pour Célestin, la trentaine d'âge révolu, cela relève d'une conception traditionnelle et/ou culturelle ancestrale. En effet, s'explique-t-il : traditionnellement, et ce, selon certaines sociétés, il est dit que dormir séparément avec sa moitié, permet à l'homme d'être pur. Pur ? A-t-on dit ? Et que peut-on comprendre par pur ?
Lire la suite

Election présidentielle 2015 : L'UPC mobilise ses militantes de l'arrondissement 9 de Ouaga

$
0
0

« Les femmes en avant pour le développement du Burkina Faso ». C'est le thème retenu par les femmes militantes de l'Union pour le progrès et le changement (UPC) pour célébrer en différé, la journée internationale de la femme. C'était le dimanche 30 mars 2015 où course cycliste, sensibilisation sur l'enrôlement…, ont été les principales activités.

C'est Fatoumata Korbéogo, 4ème vice-présidente de l'UPC, qui a parrainé la célébration de la journée internationale de la femme en différé, au profit des femmes dudit parti. Mobilisées dès sept heures du matin, elles ont manifesté leur engouement autour de cette fête à travers l'organisation d'une course cycliste à laquelle trente-six (36) candidates ont pris part. Une compétition agrémentée par des démonstrations équestres émouvant l'assistance.
L'initiative, à en croire la marraine, est positivement appréciable. Au-delà des festivités, dit-elle, c'est une occasion de réunir les femmes et de battre le rappel des « troupes ». C'est aussi, a-t-elle poursuivi, montrer que l'UPC respire bien dans les secteurs de l'arrondissement 9 de Ouagadougou. « Il ne sert à rien d'attendre l'approche des élections pour battre campagne. C'est maintenant qu'il faut agir », déclare Fatoumata Korbéogo.
Même si l'heure n'est pas à la campagne électorale, la 4ème vice-présidente du parti de Zéphirin Diabré estime qu'il faut préparer les « esprits ». D'où la séance de sensibilisation pour l'enrôlement biométrique que le Kadiogo accueillera du 12 au 18 mai prochain.
L'accès à Kossyam ne passe pas, selon Mme Korbéogo, par les chants et les danses. Il faut, dès maintenant, clame-t-elle, sonner l'alarme du changement en détenant sa carte d'électeur.
Le thème retenu par les femmes de l'UPC est, selon le secrétaire général de la section de l'arrondissement 9 du parti de lion, Jean Yve Tarpilga, très pertinent qui étaye le sens élevé de responsabilité de ces militantes. « Quand une femme veut, elle le peut. Et nous sommes convaincus qu'avec les femmes de l'UPC, nous irons très loin », dit-il. Et d'ajouter, « Nous sommes dimanche, et c'est un jour de prière pour beaucoup de personne. Malgré tout, les femmes n'ont pas boudé l'activité. Nous sommes véritablement très satisfaite et fier d'elles ».
Pour ce qui est de la récompense, les premières femmes ont reçu des pagnes UPC. La première à l'arrivée de la course cycliste, en plus du pagne, a bénéficié d'un vélo. Chacune des 36 femmes ont été motivées avec d'autres présents.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

6è réunion du SEN / UPC : Le parti condamne les fraudes lors de l'enrôlement et appelle à une vigilance citoyenne

$
0
0

Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de l'Union pour le Progrès et le Changement (UPC) a tenu sa sixième session ordinaire ce samedi 28 mars 2015 au siège du parti à Ouagadougou, sous la présidence de son premier vice-Président Dénis NIKIEMA.

Durant trois heures d'horloge, les membres ont échangé sur les points inscrits à l'ordre du jour, notamment : les informations sur la vie du parti, le point de sur la structuration du parti, les préparatifs des échéances électorales, la mobilisation des fonds et les questions diverses. Au titre des informations sur la vie du parti, le premier vice-président a rendu compte aux membres des visites de courtoisie que le Président du parti a effectuées chez le Président du Faso, le chef du gouvernement, le Président du CNT et chez le Moogho Naaba au cours du mois de mars.
La Secrétaire générale nationale ajointe chargée des structures de base a présenté un rapport sur le fonctionnement des organes du parti dans des provinces visitées. Elle a salué l'engagement des différents responsables pour les efforts consentis en vue du rayonnement du parti dans tous les recoins du Burkina Faso. Elle n'a toutefois pas manqué d'appeler les uns et les autres a plus de dynamisme pour permettre à l'UPC de relever le défi électoral d'octobre 2015.
Les membres du SEN ont eu également droit à un exposé sur la mise en place de la commission chargée des consultations électorales (CCE) et les mécanismes envisagés pour la mobilisation des ressources financières pour le fonctionnement du parti.
Plusieurs préoccupations ont étéévoquées dans les divers. Les membres du SEN ont unanimement condamné l'attitude de certains adversaires politiques qui ont déjà entrepris des méthodes détournées pour parvenir au pouvoir. Pour ce faire, ils ont lancé un appel à tous les militants et à tous les honnêtes citoyens épris du vrai changement, à la vigilance et à saisir la CENI et les forces de l'ordre en cas de constatation de fraudes lors de l'enrôlement biométrique.
Ils ont réaffirmé la foi du parti à parvenir au pouvoir par les urnes dans la transparence et à travers des méthodes démocratiques saines et honnêtes. Dans cette optique, les membres du SEN ont invité les siens à se démarquer des fraudes et à mettre plutôt l'accent sur la sensibilisation des populations à placer leur confiance à l'UPC pour éviter le cercle vicieux à notre pays.

Le Secrétariat National à l'Information et à la Communication de l'UPC

Dîner gala de « Seydoni Productions » : Une nuit pour revisiter les belles pages !

$
0
0

Dans la dynamique de célébration de son 20ème anniversaire, 26 au 28 mars 2015, Seydoni Productions a offert un dîner gala dans la nuit de vendredi, 27 mars 2015 au SIAO. Un moment de communion au cours duquel les invités ont visité les deux décennies de vie de la structure.

Malgré les deux heures et quart de retard, « dû aux caprices du ‘'direct'' », la soirée a tenu ses promesses. Prestations d'artistes, témoignages et coupure du gâteau ont été quelques-uns des axes forts de ces instants de convivialité. Plusieurs personnalités et figures du monde de la culture ont marqué leur présence à ce rendez-vous parmi lesquelles, l'ancien ministre de la culture, Baba Hama et l'ambassadeur de la France au Burkina, Gilles Thibault.
Pour le chapitre des prestations musicales, l'honneur est revenu à Abdoulaye Cissé et à Bil Aka Kora d'annoncer les couleurs. Deux artistes à travers lesquels également, Seydoni Productions a entamé sa belle aventure. S'en suivront plusieurs autres stars de la musique, sans oublier la prestation très enlevée du président-directeur général « himself », Seydou Richard Traoré.

Seydoni Productions appartient aux Burkinabè

Puis, une série de témoignages de la grande famille artistique, de journalistes et d'amis du géniteur de cette « boîte » qui se veut au Burkina, ce que « Sony » est au Japon ; c'est-à-dire une fierté nationale. Selon les nombreux témoignages, Seydoni Productions n'est qu'un aboutissement de la passion d'un homme : Seydou Richard Traoré. « Il aime la musique, il aime la culture. Il aime la culture de son pays, il aime son pays », apprend-on des témoignages qui magnifient également le sens de la rigueur au travail de l'homme.
Se réjouissant des 20 ans de parcours qui ont permis de booster l'industrie culturelle nationale, le président-directeur général, M.Traoré, a déclaré que Seydoni Productions appartient aux Burkinabè qui doivent travailler à en faire une référence, à l'image des grandes marques spécialisées dans le monde.
Créée en 1994, Seydoni Productions intervient dans l'enregistrement, la production et la duplication d'œuvres musicales, la production-édition-distribution-management et promotion d'artistes.
20 ans après, Seydoni Productions amorce une autre étape de son existence pleine de perspectives. C'est dire que les choses ne font que commencer pour cette société derrière laquelle, se cache une équipe compétente et passionnée à la tâche.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

Vivre de sa musique au Burkina : Seydoni Productions suscite le débat

$
0
0

Seydoni Production a soufflé ses 20 bougies la semaine dernière à travers une série d'activités dont un panel. « Vivre de la musique au Burkina, est-ce possible pour les artistes et entreprises culturelles ? » C'est la question qui a fait l'objet d'une conférence débat le 28 mars dernier, à l'institut français de Ouagadougou.

Avec ses 40 ans d'expérience dans le domaine de la musique, Cissé Abdoulaye, l'un des panélistes se veut formel. Il est impossible pour un artiste de vivre uniquement de ses œuvres au Burkina Faso. « Avoir une vie pleine, se construire une maison, s'occuper de sa famille, envoyer ses enfants à l'école et financer leurs études jusqu'à l'université, par la musique, Non ! », a –t-il martelé sans ambages. La faute à l'organisation, aux lacunes des managers, incapables de trouver des contrats à l'artiste, qui se voit obligé de porter plusieurs casquettes pour valoriser son art.
Par contre, selon l'artiste Fat Lion, représentant des structures syndicales des artistes, il est possible de vivre de son art au Burkina. Il en être convaincu parce que la demande en musique burkinabè est devenue forte. Il faut seulement « débroussailler » le milieu de toutes les touffes qui l'empêchent de briller.
Quand l'artiste est lui-même le concepteur, distributeur, et est encore amenéà faire la promotion de son œuvre en vue de tirer profit de son activité. Dans ces conditions, il est tout de même difficile de faire dans le professionnalisme.
Intervenant pour le compte des industries culturelles, Saidou Richard Traoré, Président directeur général de Seydoni Productions, a aussi épousé l'idée de Cissé Abdoulaye pour les industries culturelles. Selon lui, il est impossible pour une entreprise culturelle de faire de la musique son « affaire », et pouvoir sortir la tête de l'eau. L'expérience de Seydoni Productions permet à son PDG, de dire sans ambages, qu'à l'heure actuelle, une entreprise faisant uniquement la production musicale, ne peut exister. Tout simplement, les préalables ne sont pas réunis. Trop de taxes et d'impôts pèsent sur les industries de production culturelle.
Des maisons de production de musique moderne ou traditionnelle ont mis la clé sous le paillasson ou ont été obligées de se reconvertir dans d'autres domaines pour continuer à vivre.

L'Etat n'est pas une banque à financer les artistes

L'autorité ne fait pas non plus grand-chose pour soutenir les entreprises culturelles. « Avec seulement 0,34% du budget attribué au département de la culture, il est pratiquement impossible de baliser le terrain » se désolera le PDG de Seydoni Productions. Les artistes eux, non plus, ne peuvent accéder aux crédits dans les institutions financières. Conséquence, les projets artistiques sont difficilement réalisables.
Comme solution, Saidou Richard Traoré a préconisé celle de la commande publique. « Quand par exemple il y a les élections, on peut solliciter les artistes pour produire en vue de sensibiliser les population ».
Pour le secrétaire général du ministère de la culture et du tourisme, Désiré Ouédraogo qui intervenait au panel en tant que conseiller culturel, les problèmes évoqués par les acteurs sont réels. Mais au lieu de parler de difficultés, lui préfère les présenter comme des défis.
Les artistes doivent gagner le défi de la professionnalisation et de l'organisation. Pour lui, il est impossible de faire tout. « Les artistes ont-ils un plan de carrière, s'est-il interrogé, avant de poursuivre qu'un artiste ne peut gérer tout seul sa carrière ». De l'autre côté, l'Etat a aussi sa part de responsabilité. Il faut qu'il accompagne la création artistique par des infrastructures, des politiques structurelles, des espaces de diffusions artistiques.
L'autre défi selon Désiré Ouédraogo, c'est le changement de comportement des consommateurs, très extravertis. Le Burkina est un pays qui reçoit beaucoup de l'extérieur en termes de musique et fini par s'oublier, a-t-il ajouté.
Pour les artistes et acteurs culturels qui attendent que l'Etat leur donne l'argent pour réaliser leurs projets, le conseiller culturel a été formel. « L'Etat n'est pas une banque, son rôle n'est pas de distribuer de l'argent ».
La conférence a donné lieu des débats animés. Au finish, il y a eu des points d'accord sur les contradictions. La responsabilité dans l'essor de la musique burkinabè est partagée. Mais des artistes au consommateur en passant l'Etat et tous les acteurs de la chaine, chacun détient la clé de la solution.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

Grève des transporteurs routiers : Journée difficile pour les populations du Nord

$
0
0

Les usagers des transports en commun de la ville de Ouahigouya ont été désagréablement surpris en se rendant dans les gares des différentes compagnies en cette matinée du lundi 30 mars 2015. Et pour cause, une grève de 48h déclenchée par les transporteurs routiers.

Dans un monde en perpétuel mouvement, le développement des affaires, et la mobilité des hommes, le transport routier interurbain reste le moyen le plus adapté, notamment dans un pays enclavé comme le nôtre. Les populations de la cité de Naaba Kango, ville commerçante par excellence, ont rudement ressenti les effets du mouvement de protestation des transporteurs routiers qui réclament des meilleures conditions pour leur épanouissement. En effet, après le départ des premiers cars de la matinée (5h30-6h) des compagnies de transport, les gares sont restées fermées jusque dans la soirée, afin de respecter le mot d'ordre pour les uns et par souci de sécurité du matériel roulant pour les autres, en l'occurrence les chefs de gares.

Vivement une solution sinon ça va être compliqué

Dans la plus grande compagnie de la place qui dessert la capitale Ouagadougou avec au moins une vingtaine de cars à faire la navette, c'est la désolation totale des clients. Des élèves en fin de congés de deuxième trimestre, des commerçants, des fonctionnaires, des touristes, tous étaient bloqués dans les différentes gares par manque de chauffeurs pour les conduire à leur destination. « Je n'avais pas l'information sur la grève ; sinon j'allais partir hier pour éviter ce désagrément. J'espère qu'une solution sera trouvée au plus tôt, sinon c'est grave. » regrette amèrement l'élève Afissatou Ouédraogo devant les locaux de la gare TSR.
« Je dois me rendre à Tenkodogo urgemment pour des raisons de famille, je ne sais quoi faire. » s'est exclamé Kagoné Malick, l'air vraiment triste. C'est le même constat d'amertume avec dame Traoré, vendeuse de journaux « Je suis allée en gare STAF pour récupérer les quotidiens, mais à ma grande surprise j'ai vu les cars stationnés, ce qui me paraissait curieux. Le chef de gare m'a fait comprendre qu'il n'y aurait pas d'arrivées de cars en provenance de la capitale avec les journaux, donc je suis revenue au kiosque. En tout cas, les clients ne sont pas contents et c'est une perte pour nous surtout que le week-end a été riche en évènements ».

Yann NIKIEMA
Lefaso.net

« LE FASO AUTREMENT » en visite dans la province du Ioba : Le capital humain au centre du développement

$
0
0

Une délégation du Parti « Le Faso Autrement » a effectué le samedi 21mars 2015 une tournée dans la province du IOBA au Sud-ouest. A Dano et à Dissin, Dr Ablassé Ouédraogo et son staff sont allés échanger avec les populations sur les perspectives et intentions du parti. Et l'invite a été faite aux populations de s´inscrire massivement sur les listes électorales au cours de l'opération de recensement qui se déroulera dans la région du 31 mars au 6 avril 2015.

Le parti Le Faso Autrement a entamé sa visite dans le Sud-ouest par Dano, chef-lieu de la province du Ioba en rendant une visite de courtoisie au Chef coutumier de Dano. La délégation du parti, conduite par son président, le Dr Ablassé Ouédraogo, a été accueillie par une foule des grands jours. Ainsi, place « espace des manguiers » et aux côtés de milliers de militants et sympathisants, la délégation a mis à profit cette grande mobilisation des populations de la commune de Dano et environnants pour échanger sur les ambitions du parti.
Cette rencontre a donc permis au parti Le Faso Autrement de dévoiler sa politique de développement une fois le pouvoir d´Etat conquis. Et pour y parvenir, le président de Le Faso Autrement a invité les populations à se faire enrôler. Et d´ajouter « Cela est indispensable pour le choix de ceux qui porteront vos aspirations ». Cette rencontre a également servi de cadre aux membres de la délégation d´échanger avec les populations sur la vision du parti et notamment sur le contenu du programme de société que propose Le Faso Autrement.
Ce programme de société pose comme fondement la valorisation du capital humain qui est par ailleurs la première richesse sûre de notre pays. Il faut donc, pour le Faso Autrement investir en chaque Burkinabè. Et cet investissement se décline en termes d´éducation professionnalisant, d´employabilité des jeunes, de couverture sanitaire conséquente et appropriée, d´autonomisation de la femme, de justice et d´équité sociale.
Le président du parti a également invité les populations à la solidarité et à l´unité : « Unis, vous serez plus forts et contribuerez efficacement au développement de la province du Ioba et du Burkina Faso ». A Dano, le Faso Autrement a sonné la mobilisation pour un vote utile et citoyen. Message entendu, ont exprimé les populations dans leur prise de parole, surtout les femmes. Nombreuses à s´exprimer, les femmes se sont dites satisfaites au regard de la place et du rôle que la femme occupe dans les stratégies de développement du parti. Elles ont pris l'engagement de se mobiliser pour porter au triomphe le président de Le Faso Autrement au soir du 11 octobre prochain.
A l´étape de Dissin, commune rurale dans le Ioba et à une quarantaine de kilomètres de Dano, l´accueil de la délégation de Le Faso Autrement a connu la même ferveur. Les échanges avec les militants et sympathisants se sont déroulés à la maison des jeunes. Ce fut également un tremplin pour le parti pour sonner la mobilisation. Aussi le président du parti a-t-il invité les populations à un vote utile afin de consolider le changement réel en cours depuis l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2015.
La tournée de Le Faso Autrement dans le Ioba s´inscrit dans le cadre de sa vaste campagne d'implantation du parti dans toutes les provinces du Burkina Faso et aux fins de revisiter ses structures à la base, d´échanger avec toutes les couches sociales du pays. Et également galvaniser ses troupes en vue des élections présidentielle et législatives des 11 octobre 2015 et communales du 31janvier 2016.

Le Secrétaire à la Communication, à l´Information et à la Culture
Mané Sibiri


Pour Vincent DABILGOU, « Banfora va démontrer la force du NTD au Burkina Faso ».

$
0
0

Le Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), parti politique que préside l'ancien ministre de l'habitat et de l'urbanisme, Vincent DABILGOU, s'est révélé aux banforalais le 21 mars 2015 à travers un meeting qui a réussi le pari de la mobilisation à la place de l'hôtel de ville de Banfora.

Le 21 mars 2015, soit quelques jours après le lancement des activités de leur parti politique à Sebba, les responsables du Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), ont mis le cap sur la cité du paysan noir, Banfora, pour se présenter aux populations. Ils avaient à leur tête le président national Vincent DABILGOU qui, au regard de la mobilisation des militants acquis à la cause de Souleymane Soulama, ancien maire de Banfora et Secrétaire général du NTD, a laissé entendre qu'il repart satisfait à l'idée que Banfora la cité du paysan noir va démontrer la force de son parti au Burkina Faso.

En effet, dès 14 heures ce 21 mars 2015, une foule nombreuse était mobilisée à Bounouna, à l'entrée de Banfora, pour accueillir la délégation de Vincent DABILGOU. Les jeunes, excités à l'idée de voir leur idole se lancer à la reconquête de la mairie s'adonnaient à une partie d'acrobatie avec leurs motos. Après plus de deux heures d'attente, le cortège se présente. La fièvre des militants monte. Dès que les véhicules s'immobilisent à leur niveau, tous se dirigent vers la 4x4 de l'ancien maire. Plus d'une demi-heure sera nécessaire pour les salutations d'usage.

Escortés par les militants motorisés, la délégation du Nouveau Temps pour la Démocratie dans laquelle se trouvaient les anciens députés Sambaré Palguim, Tikan Ernest Soulama s'ébranle vers le palais du chef de canton de Banfora à qui ils sont allés dire leur révérence.

Après un détour en ville, c'est à 17 heures qu'ils font leur arrivée à la place de la nouvelle mairie de Banfora où les attendaient de nombreux militants venus des secteurs et villages de la commune. Commence alors la série des interventions. L'occasion était donnée aux jeunes, aux femmes, aux anciens de dire aux responsables du NTD que désormais ils sont militants de ce parti, car ils iront là où Souleymane Soulama les conduira. « C'est lui que nous suivons et c'est lui que nous voulons à la tête de la commune », l'ont-ils fait savoir.

Toute chose qui a fait dire au président national, lorsqu'il est monté au parloir qu'il est lui aussi convaincu que dans la Comoé, le parti a un leader.« Soulama est un vrai leader et nous voulons faire de lui le porte flambeau du NTD dans la région des Cascades. C'est pourquoi nous sommes venus avec plusieurs membres du BPN et de BEN. » a-t-il dit avant de décliner la position de son parti sur l'échiquier national.

« Nous avons été suffisamment renseignés par le peuple. Nous avons fait le constat que les problèmes de notre pays nous imposent un nouvel engagement. Nous devons nous engager, nous jeunes, pour les femmes, pour les anciens mais aussi pour les producteurs qui ont encore de l'ambition pour ce pays ».

C'est de son point de vue qui a motivé la création du NTD qui relève de la sociale démocratie. « Nous voulons développer la démocratie participative et mettre l'homme au centre de notre politique » a effectivement lancé Vincent DABILGOU pour qui le NTD ira à la conquête du pouvoir au niveau communal, législatif et si son congrès qui se tiendra bientôt le veut, ils iront à la présidentielle. Des alliances, a-t-il prévenu, ne manqueront pas vu que le NTD est un parti de la sociale démocratie. « Nous sommes en train de travailler à cela et je peux vous rassurer que sur ce chemin nous avons beaucoup de partis politiques avec nous ».

Pour Souleymane Soulama, le message est clair. Il faut toujours tenir un langage de vérité aux populations car elles ont maintenant compris. Autrement, a-t-il dit, on n'allait pas vivre dans ce pays des événements comme ceux des 30 et 31 octobre 2014. « On ne peut pas permanemment tromper le peuple » martèle-t-il sous une salve d'applaudissements. S'adressant aux militants, il leur a fait savoir qu'il s'engage avec le NTD pour la poursuite de ce qu'ils ont commencé ensemble en 2006 et qu'il tend la main à ses aînés et à ses petits frères, qui sont d'autres partis politiques que lui pour qu'une fois la campagne électorale finie, ils se donnent la main pour aider celui qui aura remporté les élections.

Pour l'enrôlement biométrique, le parti compte déployer ses militants sur les chantiers de la mobilisation pour une inscription massive.

Golleau Isidore TRAORE
Lefaso.net

Transport au Burkina : Des chauffeurs et routiers en grève de 48 heures

$
0
0

L'union des chauffeurs et routiers du Burkina observe une grève de deux jours à compter de ce lundi 30 mars 2015. Ils exigent le respect de la convention collective signée depuis 2010. Pour faire respecter le mouvement de grève, des membres de l'union ont été placés au niveau des postes de péages pour obliger tous les chauffeurs à respecter le préavis. De gré ou de force. Constat sur la nationale n°1, sur l'axe Ouaga-Bobo.

Poste de péage route de Bobo-Dioulasso. 13h30. Là, quelques dizaines de jeunes chauffeurs routiers assurent des « piquets de grève ». Certains sont sous des arbres, d'autres sur la route et filtrent les passages des véhicules.

Un car d'une société de transport en commun fait son arrivée. Le conducteur est prié de faire demi-tour. Le convoyeur descend pour négocier avec les manifestants. Peine perdue. Il stationne sur le bas de la chaussée pendant quelques minutes, espérant un changement d'avis. Puis, il se résout à retourner vers le Centre-ville.

Ensuite, ce sont deux cars d'une société de distribution d'hydrocarbures qui arrivent. Même approche, même résultat. Pendant ce temps, la responsable d'un convoi d'une société minière négocie avec les grévistes. « On est désolé, madame, ce n'est pas possible », lancent les manifestants. Elle retourne. Mais quelques minutes après, le convoi est là. Jusqu'à notre départ aux environs de 14h30, les négociations continuaient. Et, d'autres cars continuaient d'arriver. Si l'un des responsables du mouvement semble comprendre, ce n'est pas le cas des autres qui lui lancent : « si tu les laisse passer, on va tous rentrer à la maison ».

Le blocus devrait continuer pendant 48 heures

« Depuis le matin, on repousse les véhicules qui ont chargé de Ouaga pour sortir. Les véhicules en provenance d'autres villes peuvent rentrer mais ils ne peuvent plus sortir jusqu'à demain minuit », précise Etienne Ouédraogo, membre de l'Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Les chauffeurs routiers demandent le respect de la convention collective signée en 2010 et qui est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2011. Mais, jusqu'à présent, elle ne serait pas appliquée.
A travers cette grève de 48 heures, ils exigent un salaire décent (75 000f minimum), la déclaration de tous les chauffeurs routiers à la Caisse nationale de sécurité sociale. A cela, s'ajoute un autre problème. « Au Burkina, il faut avoir le permis C et aller payer encore 150 000f pour avoir le permis D ou E. c'est au Burkina seulement qu'on voit ça », s'indigne Etienne Ouédraogo.

Yassia Compaoré embouche la même trompette : « Beaucoup de chauffeurs ne sont pas affiliés à la CNSS ; nous n'avons pas de bons salaires. Ça meurt, ça fait des accidents, mais il n'y a pas de changement ». Conducteur d'abord en Côte d'Ivoire, puis au Burkina, il a dû changer de métier. « J'ai commencéà Abidjan, ensuite je suis venu ici ça fait dix ans. Maintenant, j'ai arrêté de conduire parce que ça ne va pas. Je suis gérant d'un kiosque actuellement. Mais, je suis venu soutenir mes anciens collègues », explique Yassia Compaoré.

Obliger tous les chauffeurs à suivre le mot d'ordre de grève

Si la cause est aussi juste, pourquoi d'autres chauffeurs ne veulent pas respecter le mot d'ordre de grève au point que vous soyez obligés de les forcer à retourner ? « Ce n'est pas de leur faute. Ils subissent des pressions de la part de leurs patrons », soutient Etienne Ouédraogo. En tous les cas, il estime que les chauffeurs ainsi que les responsables des sociétés de transport en commun sont tous informés de la grève depuis hier. « Nous avons appelé tous les responsables des sociétés de transport pour les informer. Mais, ils n'ont pas respecté le mot d'ordre de grève. C'est pourquoi, nous sommes ici. Tout ce qui est transport en commun, transport de marchandises, bref tout chauffeur qui a un salaire doit respecter normalement la grève », lance-t-il.

Et un autre manifestant de renchérir : « Tout chauffeur salarié au Burkina a le devoir de respecter le mot d'ordre de grève. Pendant ces deux jours, aucun chauffeur salarié ne doit démarrer son véhicule parce que c'est pour une noble cause que nous luttons. Depuis des années, on a été minimisé. On n'est respecté nulle part, pourtant nous tenons la vie des gens ».

Ce sont principalement les camions, les cars, les minibus, qui sont obligés de faire demi-tour.

Des victimes collatérales dont la SONABEL

Pendant ce temps, les passagers assistent, impuissants à ce bras de fer. Certains semblent révoltés puisque ce blocage a d'énormes conséquences sur leurs activités. Un tour dans les gares routières permet de constater de longues files de voyageurs en attente. Si certaines sociétés ont fini par accepter le fait après quelques tentatives infructueuses de sortir de la ville, d'autres continuaient de tentent leur chance de temps à autres. Avec des fortunes diverses, selon les axes.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les conséquences risquent d'être très considérables. Pas seulement pour les voyageurs et les transporteurs. Si les conséquences économiques sont les plus visibles, il y a d'autres. Et non des moindres. Et, les victimes collatérales sont très nombreuses.

La coupure d'électricité observée dans la ville de Ouagadougou au cours de la soirée de ce 30 mars serait en partie liée à ce mouvement d'humeur. Puisque la SONABEL dit travailler grâce au ravitaillement continu de ces machines en hydrocarbures. Et, il n'y aurait pas de chauffeurs pour aller à la SONABHY, afin de ravitailler lesdites machines. Pas de stock de carburant en réserve non plus. Si la situation ne s'arrange pas d'ici là, c'est toute la ville de Ouagadougou qui risque de se retrouver dans l'obscurité, prévient-on au niveau de la SONABEL. Vivement une solution rapide !

Moussa Diallo
Lefaso.net

Immigration and Schooling

$
0
0

Edited by :
Touorizou Hervé Somé, Ripon College
Pierre W. Orelus, New Mexico State University
A volume in the series : Critical Constructions : Studies on Education and Society. Editor(s) : Curry Stephenson Malott, West Chester University of Pennsylvania. Brad J. Porfilio, Lewis University in Romeoville, IL. Marc Pruyn, Monash University. Derek R. Ford, Syracuse University.
Published 2015

At the time of Obama's draconian anti-immigrant policies leading to massive deportation of undocumented, poor immigrants of color, there could not be a more timely and important book than this edited volume, which critically examines ways in which immigration, race, class, language, and gender issues intersect and impact the life of many immigrants, including immigrant students. This book documents the journey, many success-stories, as well as stories that expose social inequity in schools and U.S. society.

Further, this book examines issues of social inequity and resource gaps shaping the relations between affluent and poor-working class students, including students of color. Authors in this volume also critically unpack anti-immigrant policies leading to the separation of families and children.

Equally important, contributors to this book unveil ways and degree to which xenophobia and linguicism have affected immigrants, including immigrant students and faculty of color, in both subtle and overt ways, and the manner in which many have resisted these forms of oppression and affirmed their humanity.

Lastly, chapters in this much-needed and well-timed volume have pointed out the way racism has limited life chances of people of color, including students of color, preventing many of them from fulfilling their potential succeeding in schools and society at large.

http://www.infoagepub.com/products/Immigration-and-Schooling

Loi anti-corruption : Le chien ne meurt jamais de faim devant la viande de son maître

$
0
0

Le fonctionnaire est par définition un travailleur du service public, lequel service donne lieu à une rétribution ou traitement. Un salaire est jaugé en fonction du niveau de vie et de l'effort de rendement fournis par l'agent, tandis que le traitement relève d'une simple imposition qui ne tient pas compte nécessairement des résultats fournis par le bénéficière ni de ses besoins réels. Le traitement salarial du travailleur public burkinabè sous l'effet d'imposition et au regard de la cherté de la vie est de notre point de vu en deçà du niveau minimal souhaité. Et cela pose problème : comment concilier les vœux de sacerdoce et de pauvreté du fait d'être un agent de l'administration publique et le souhait de vouloir vivre et de vivre dignement ?

L'être humain est un être grégaire. Il vit en société, observe et imite ses semblables. Une souffrance partagée par tous si elle n'est pas bénigne et passe inaperçue est assez facile à supporter, car vous baigner dans le même climat social et aucune différence comparable ne se constate. Dans certains villages reculés du Burkina Faso, il est tacitement interdit de construire des maisons modernes qui sortent des habitudes que la communauté s'est prescrite à travers les âges. Cette prohibition s'impose à tous sans exception, et les contrevenants à la coutume s'exposent à des dangers insoupçonnés. Dans l'administration publique burkinabè, la pauvreté ou la richesse semble être liée à une question de chance et de courage et non à un principe établi.

Tenez ! Vous êtes élèves ou étudiants d'une même promotion, après quelques années de séparation, vous vous retrouviez un jour par hasard au détour d'un lieu public. C'est à peine que tu le reconnais ton promotionnaire ! Lui, le prototype du sahélien, qui était si mince et dont les os s'observaient sans radioscopie est maintenant bien enrobé. A vu d'œil tu te rends compte qu'à l'évidence il est épanouis et heureux. Ses vêtements sont bien repassés, son habillement est impeccable, son visage rayonne, ses joues sont remplies, les pommettes sont charnues. Il respire la pleine forme et inspire respect ! Si vous avez le temps de poursuivre un peu la conversation et de vouloir savoir où chacun d'entre vous habite, il ne manquera pas de te signaler qu'il à déménager chez lui dans sa propre cours qu'il a construite il n'y a pas si longtemps. A l'étape des échanges de numéros (car vous prétendez avoir égaré un jour vos appareils portables), lui, il te sort sa Smartphone originale dernière génération que tu ne pourrais obtenir que par sacrifice d'un prêt scolaire doublé de trois mois d'épargne. Pourtant vous êtes de la cuvée d'une même école professionnelle, et de surcroît de la même catégorie. Néanmoins, avec ton téléphone à quatre puces tu enregistres son adresse en promettant de lui rendre visite à son service un de ces jours. C'est là qu'il t'indique qu'il a encore une mission à l'extérieur, et qu'il ne sera de retour dans la ville qu'à la troisième semaine. Au moment de l'au-revoir, lui, à ton grand étonnement s'oriente vers une belle voiture argentée, te fait savoir que c'est la sienne, entre, démarre et s'en va.

Toi par contre, sur ton engin poussif à deux roues aux capots désaxés, tu rentres dans ton logis tout pensif et hébété. Madame vous apporte un gobelet d'eau tiède et un riz gras sec en t'informant que le bailleur était de passage. Tu arrives à peine à avaler trois poignées. L'appétit te fuit. Les enfants savent que papa n'est pas dans ses meilleurs jours. Chacun se méfie. Mille questions trottinent dans ta tête. Que faire ? Le bilan de ta carrière ? A maintes reprises tu l'as fait ce fameux bilan ; il se résume à ceci : 19 ans que tu travail dans l'administration publique, 19 ans maintenant qu'on t'appelle « le fonctionnaire ». Et tu n'as pu réaliser quelque chose qui vaille, hormis le fait que tu es à ta quatrième motocyclette. Tu as été recruté en catégorie C, et tu t'es battu pour arriver en B, en espérant ainsi pouvoir améliorer ton niveau de vie et venir en aide à tes proches qui ont tant souffert pour toi. Mais tu as vite fais de déchanter, 30 000 FCFA de plus dans un traitement mensuel ne transforme pas un monde. Tu t'es donc investi pour repartir à l'école de formation. Après deux ou trois ans de galère et de misère dans ta position de stage, tu es ressorti comme cadre A. Mais que vaut un cadre A par analogie à un cadre de vélo sans roues ? Ton traitement n'a connu aucune évolution notable au regard de ton rang.

Les missions qui pouvaient être le secours ou l' «à côté» te permettant d'engranger au passage 25 000 à 50 000 FCFA pour aider à joindre les deux bouts ne sont plus prises en charge lors des activités organisées dans ta localité de service. Une autre stratégie qui consiste à tenir l'activitéà une distance de plus de 50 km pour avoir de quoi se mettre sous la dent, semble prioritairement réservée à une certaine catégorie de personnels ; rarement tu es impliqué. Les uns vont et viennent, travaillent et se partagent la manne. Toi, tu es là, planté, scrutateur indépendant comme un gardien. Tu n'oses dire mots : respect de la hiérarchie, paix et harmonie dans ta structure de service oblige !

Depuis plus de 6 ans tu vies sous découvert permanent auprès de ta banque. Tu n'as pas un chez soi ; néanmoins tu as des projets. Ton prêt bancaire court pour 5 ans, à l'issue duquel il te faudra envisager d'acheter un terrain, soit un prêt pouvant aller à 7 ans, si ce n'est plus. Après ce remboursement tu feras enfin un autre prêt pour la construction. Et l'espérance de vie au Burkina Faso dans tout çà ? D'ici là tes enfants auront grandi, iront aux collèges puis à l'université avec toutes les dépenses connexes. Et ta situation matrimoniale avec madame par fautes de moyens n'est même pas encore régularisée. Tu te soignes avec ta petite famille à l'indigénat et par automédication au paracétamol. Heureusement que Dieu vous préserve ! Et si un jour il y'avait obligation d'aller à l'hôpital, que faire ?

Notre description quoi que imaginaire ne dévoile pas moins des réalités vécues par de nombreux fonctionnaires au Burkina Faso. A la limite, c'est le boutiquier du quartier qui sauve de temps en temps le travailleur de l'État. Autrement, à partir du 15, l'absentéisme au service par manque de carburant pour s'y rendre serait patent. Des sondages pourraient être menés pour s'en convaincre. Et au passage nous faisons un clin d'œil au statisticien-économiste et analyste-politique HONKO Roger et l'invitons à s'intéresser un temps soit peu à cette problématique.

Il nous arrive de penser que le Président Blaise Compaoré aurait pu terminer son mandat, et même espérer avoir encore d'autres prétentions si au soir du 31 Décembre 2013 il avait eu l'intuition d'augmenter de façon considérable les « salaires » des travailleurs burkinabè. Mais en dépit d'une forte attente, il a méprisé ce fait social fondamental majeur, aliénant du coup plusieurs dizaines de milliers de « Frances éclairées » légitimement aigries, qui, se sont transformés en farouches opposants en ville et en campagne. D'aucuns en essayant d'expliquer les causes de l'insurrection populaire du 30 et 31 octobre 2014 tendent à mettre exclusivement l'accent sur l'assassinant du Président Thomas Sankara, du journaliste Norbert Zongo et d'autres, ainsi que la volonté affichée de modifier l'article 37 de la constitution par l'ancien régime. Certes, la perte de ces grands hommes et la quête d'une démocratie véritable comme origine et motivation de l'insurrection est belle et morale, mais nous restons convaincu que le point d'orgue de la lutte était d'ordre matériel ; le moral n'ayant servi que d'alibi.

Le refus de voir à la hausse le traitement des salariés au soir du 31 décembre 2013, pour nous a été perçu par de nombreux travailleurs comme une insulte, un mépris de ce qu'ils vivent comme difficile réalité. Oui, les tractations avec les syndicats des travailleurs à propos de la grille salariale depuis des dizaines de mois avaient laissé entrevoir qu'aucun espoir véritable avec ce régime n'était à espérer. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le cas du Président Maurice Yameogo avec les fonctionnaires en 1966 ne pouvait que se répéter. Et on comprend aisément pourquoi après le départ du Blaiso, les voies pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail se font beaucoup entendre.

Malheureusement, nos politiciens sont encore aujourd'hui plus préoccupés par leurs calculs électoralistes que par la question des perdiems qui sont servis en guise de salaire aux employés du pays des hommes intègres. On est prompte à parcourir le Burkina Faso d'Est en Ouest pour annoncer le nombre de ses supposés militants tombés au champ de bataille , mais de ce qui relève du social c'est motus et bouche cousue. Cela ne les préoccupe guère. Ni le MPP, l'UPC, l'ex parti majoritaire qui se cherche, ni autre parti politique des 200 environ que compte l'arène politique burkinabè sur les questions sociales ne se prononce. Cependant, le futur locataire de Kosyam doit d'une chose s'en convaincre : « Plus rien ne sera comme avant ». Difficilement la nouvelle génération admettra et acceptera que la prétendue pauvreté du pays érigée en slogan, et une certaine sagesse véhiculée par le concept de la patience cher à nos grands-parents servent d'excuses au dilatoire, à l'indifférence et à l'entretien de milliers de travailleurs dans la misère. Tout être humain à défaut de vivre richement aspire à vivre dignement. Si le politique n'a pas pour vocation d'apporter le bonheur au peuple, il a pour obligation de travailler à réduire ses souffrances.

Les banques de la place sont une vitrine du dénuement de la majorité des agents publics burkinabè. Il suffit d'y jeter un coup d'œil sur les différentes formes de prêts et avances sur salaire pour se rendre à l'évidence. La grande majorité des « salariés » souffrent. La seule alternative ou l'espoir qui leur reste c'est d'être à l'affût d'un poste qui leur permette d'organiser des missions à tout va, de détourner, de voler, de piller pour emplir les poches et assurer des lendemains qui chantent. Triste impasse qu'une négligence sociale et administrative du politique oblige ! On brandit à qui veut voir que le Burkina Faso n'a jamais eu de problème à payer ses travailleurs, mais combien le pays perd-t-il en retour par la corruption qu'engendre ce compromis de l'indigence entretenue ?

Heureusement, la fameuse loi anti-corruption du Professeur Laurent Bado vient d'être votée. Elle aurait été une grande victoire si elle avait été acceptée il y a déjà longtemps. Il est vrai qu'il n'est jamais trop tard pour mieux faire, et que cette loi bien appliquée pourrait assainir l'économie future de notre pays. Cependant, la loi anti-corruption actuellement sonne comme une loi mal ajustée. Oui, après que certains aient amassé illicitement des millions au dos de l'État, c'est maintenant que l'on cherche à empêcher à d'autres d'emboiter leurs pas, sans avoir châtié au préalable les coupables. Que fait-on de ces riches spontanés qui du bien commun ont puisé de quoi assurer dans un monde de plus en plus complexe et féroce leurs besoins présent et futur, ainsi que de sécuriser l'avenir de leurs fils et arrières petits fils ? Voudrait-on nous faire croire par l'irrésolution à poursuivre les criminels que l'argent mal acquis ne profite jamais ?

Nous pensions qu'il serait judicieux de commencer par traquer les fautifs connus et inconnus, et c'est à l'issue de cette cure des sangsues qu'une loi anti-corruptive pourrait alors être accueillie à sa juste valeur et appliquée avec joie comme il se doit. Autrement, c'est une loi qui donne paradoxalement une vague impression d'inachevé. En conséquence, et si la loi contre la corruption en elle-même est à féliciter au compte du PAREN et du CNT, il y a à craindre que sa réussite sur le terrain ne nécessite d'indispensables préalables. Il serait primordial d'une part de retirer les biens mal acquis et de songer à relever le niveau de vie des travailleurs d'autre part, en analysant de manière scientifique les besoins incompressibles des employés dans le contexte de notre monde actuelle ; et non de servir un traitement congrue d'avant les indépendances, qui ne peut qu'ouvrir la porte à la débrouillardise et partant à la corruption. Et il est certain que si le fonctionnaire burkinabè, cadre comme subalterne est maintenu dans la misère que nous lui savons aujourd'hui, aucune loi aussi robuste soit-elle ne lui empêcherait de déceler les failles du système et de l'exploiter à son juste profit. Le chien ne meurt jamais de faim devant la viande de son maître.

Nous voudrions conclure notre écrit qui se veut l'interpellation d'un citoyen lamsda à l'endroit des acteurs politiques burkinabè pour une inscription des préoccupations des travailleurs dans leur agenda, en jetant ici les propositions que nous pensons à même d'accompagner la loi anti-corruption pour un assainissement de l'économie de notre chère Patrie et un apaisement de son climat social :
- Récupérer au préalable et dans la mesure du possible les biens mal acquis,
-Éliminer les statuts particuliers dans la fonction publique qui de notre avis nous éloignent de la démocratie, crées des frustrations et renforce l'injustice,
- Augmenter conséquemment les rémunérations salariales, 100 % environ, c'est toute la société au regard des liens socio-économiques qui gagne,
- Rendre effectif le projet d'assurance maladie universelle, ou prendre en charge une bonne partie des frais de dépenses en santé du fonctionnaire,
- Octroyer automatiquement un terrain à usage d'habitation à tout employé de l'État qui sera dorénavant recruté, et dans une ville de son choix après 10 ans de cotisation à la solde, à l'exemple de l'IUTS dès l'intégration à la fonction publique,
- Initier davantage les constructions de logements sociaux à l'endroit des travailleurs, assortis de location bail sans considération de différences de catégories,
- Réduire de façon remarquable (40 à 50 %) le prix des matériaux de construction (ciment, fer, tôles, etc.) et des produits de première nécessité,
-Éliminer si possible la TVA lors de l'octroi de crédits en banque, car finalement le fonctionnaire paye triplement : à la solde, en banque et sur le marché,
- Instaurer la journée continue dans les services publics comme certains l'ont déjà suggéré,
- Réduire effectivement le prix des loyers et veiller à son application,
- Automatiser et accélérer les traitements des dossiers de reclassement, d'indemnité, d'avancement, d'allocations, etc ; car les sortants des écoles professionnelles peinent et vendent souvent leurs dignités sur le terrain avant de voir leur situation régularisée, ce qui prédispose à la corruption,
- Permettre le télétravail au besoin pour les services où la présence physique permanente et nocive de l'employé n'est pas une nécessité,
- Vulgariser et appliquer véritablement la loi anti-corruption.

Ouagadougou, le 14 mars 2015

Lassaya NIKIEMA
Citoyen burkinabè
Contact : rimwend@gmail.com

Nouvelles nominations au Conseil constitutionnel : Une lecture différente de celle de la Société burkinabé de droit constitutionnel (SBDC)

$
0
0

Lors de sa dernière sortie, la SBDC a entendu s'indigner face, entre autres, mais principalement, à la nomination de nouveaux membres au Conseil constitutionnel. Les responsables de la « Société savante » au soutien de leurs positions invoquent un ensemble d'arguments relatifs à la constitutionnalité du décret du Président Kafando :
- L'usurpation par le Président du Faso, du pouvoir de nomination du Président du CNT
- Le problème de la délibération en Conseil des ministres
- Le non-respect des critères de nomination des membres de la haute institution

La prise de position de la SBDC a donné lieu à de vives discussions et de passionnés débats aussi bien sur les sites d'information que sur les réseaux sociaux. Au-delà du caractère intéressant, voire ludique de ces discussions, notre objectif est d'apporter un point de vue juridique différent de celui de nos illustres constitutionnalistes. Le propos s'articulera autour des trois points susmentionnés.

1. Sur l'usurpation de pouvoir

Il a été défendu par la SBDC que le décret N° 2015-291 Pres/Trans/PM portant nomination de nouveaux membres du Conseil est inconstitutionnel en ce que le Président du Faso aurait usurpé (au moins pour la nomination de Mr Bouraima CISSE) le « pouvoir constitutionnel autonome » de nomination du Président du CNT. Cela s'expliquerait par le fait que l'acte de nomination contient non seulement les personnes (Mme Haridiata DAKOURE/SERE et Mr Anatole TIENDREBEOGO) relevant du pouvoir de nomination du Président lui-même, mais aussi, Mr Cissé dont la nomination relevait du pouvoir du Président du CNT. En conséquence la SBDC se « réserve le droit d'engager toute démarche ayant pour finalité la neutralisation juridique dudit décret ». Par ailleurs, elle invite « tout acteur de la société civile à engager une action en justice pour obtenir l'annulation dudit décret ».

Ces arguments sont-ils véritablement suffisants pour invalider le décret présidentiel ? Il ressort de la procédure suivie que s'agissant de la nomination de Mr Cissé, celle-ci a dans un premier temps fait l'objet d'une décision du Président du CNT (Décision N°045 CNT/Pres du 10 février 2015 portant désignation d'un membre du Conseil constitutionnel par le Président du CNT).

Il apparait donc que le Président du Faso dans son décret n'a fait que reprendre in extenso la décision du Président du CNT tout en usant de son pouvoir de nomination des deux autres membres. Si d'un point de vue purement formel, la décision du Président du CNT se suffisait à elle-même, la reprise de son contenu dans le décret en cause ne saurait aucunement être interprétée comme une usurpation de pouvoir dont se serait rendu coupable le Président Kafando. D'une part, le Président n'empiète en aucune manière sur le pouvoir de nomination du Président du CNT puisqu'il ne remet pas en cause la décision initiale de ce dernier. On peut même supposer que le décret du Président du Faso est le fruit d'une étroite collaboration avec le Président du CNT. Cela est confirmé par l'attitude ultérieure de ce dernier qui jusque-là n'a formulé aucune contestation.

D'autre part, le décret n'a aucune incidence préjudiciable aux droits des personnes nommées. Dans une perspective de formalisme excessif – comme celle que semble adopter la SBDC – la nomination de Mr Cissé devrait rester séparée de celle des deux autres. Cependant, le fait de joindre le nom de Mr Cissé au décret présidentiel est tout au plus un vice de forme qui ne saurait outre mesure entacher la légalité ou la constitutionnalité dudit décret. Il s'agit là, d'une formalité non substantielle. La distinction entre formalité substantielle et non substantielle est suffisamment ancrée dans la jurisprudence.

En effet, le juge administratif tout comme le juge constitutionnel considèrent que le manquement à une formalité non substantielle ne saurait être un motif d'illégalité ou d'inconstitutionnalité de l'acte en cause. En droit comparé et à titre illustratif, il peut être noté que dans sa récente Décision 2014-709 du 15 janvier 2015 sur la Loi relative à la délimitation des régions, le Conseil constitutionnel français après avoir reconnu une violation du droit d'amendement des sénateurs consacré par l'article 45 de la Constitution française, refuse en définitive d'attacher des conséquences juridiques à ladite violation.

2. Sur la délibération en Conseil des ministres

La SBDC soutient qu'aux termes de la Constitution, les nominations des membres du Conseil constitutionnel ne sauraient faire l'objet d'une délibération en Conseil des ministres, la mesure violerait la Loi fondamentale, en ce que le pouvoir de nomination des membres du Conseil constitutionnel par le Président du Faso est un « pouvoir propre ». Selon ses responsables, cela entrainerait un supplément d'inconstitutionnalité au décret en cause. Il convient de noter que l'article 153 de la Constitution confère aux autorités de nomination des membres du Conseil un pouvoir discrétionnaire dans le choix des personnes à nommer. Que l'on ne s'y trompe pas, il y a bien une différence entre pouvoir discrétionnaire et pouvoir arbitraire. Il faut admettre avec la SBDC que de telles nominations n'exigent pas une délibération en Conseil des ministres. Toutefois, le fait de délibérer en conseil des ministres pose-t-il un problème au plan juridique ?

Il faut répondre à cette question par la négative. En effet, ni la constitution ni la loi organique sur le Conseil constitutionnel n'imposent au Président du Faso une procédure particulière de nomination, impliquant par exemple une interdiction de délibération en conseil de ministres avant de prendre l'acte de nomination. Aucune défense itérative de consulter n'est faite aux autorités de nomination et le Président est bien libre de consulter qui il veut y compris ses ministres. En l'espèce, la délibération en Conseil des ministres apporte même plus de légitimitéà l'acte qu'elle ne lui enlève sa légalité, sa constitutionnalité.

3. Le non-respect des critères de nomination des membres de la haute institution

Il ressort de la position de la SBDC que « les personnes nommées ne remplissent pas les critères techniques nécessaires pour constituer une juridiction constitutionnelle apte à garantir un meilleur encadrement constitutionnel de notre démocratie ». De même, il est prétendu que les personnes nommées sont des retraités et que leur nomination serait en contradiction avec certaines décisions des autorités de la transition visant à rappeler des ambassadeurs ayant atteint l'âge de la retraite.
Concernant la question de leurs compétences techniques, ni la Constitution encore moins la loi organique n'exige que les membres du Conseil constitutionnel soient des spécialistes du droit constitutionnel.

Mieux, la Loi fondamentale, aussi bien dans son texte que dans son esprit admet même qu'il y ait un important nombre de non-juristes siégeant au Conseil. De fait, une lecture attentive de l'article 153 de la Constitution montre que mis à part le cas des magistrats proposés par le ministre de la justice, les autres autorités de nomination n'ont l'obligation de choisir qu'un seul juriste sur les trois que chacun d'eux peut nommer. Il en résulte qu'il n'est pas exclu que le Conseil comporte presqu'autant de juristes que de non-juristes en son sein. La lettre et l'esprit de notre Constitution ne consacrent aucun monopole des juristes encore moins des « constitutionnalistes » ( il faudra d'ailleurs penser à définir ce terme en nous expliquant comment on en délimite les attributaires) àêtre membres du Conseil.

S'agissant de l'âge des personnes nommées, il est reproché aux autorités de nomination d'avoir porté leur choix sur des retraités. Cet argument, non plus, ne saurait convaincre. Primo, sur le plan de la technique argumentative, elle part d'une analogie plus que discutable entre la situation de certains ambassadeurs rappelés (entre autres, mais pas exclusivement pour avoir atteint la limite d'âge) et celle des personnes nommées au Conseil constitutionnel. La comparaison est audacieuse parce qu'il s'agit là de deux catégories de fonctions totalement distinctes au point ou aucune assimilation sérieuse ne pourrait être faite entre le type de mission qui leur est confié. Secundo, et plus fondamentalement, aucun critère d'âge n'est imposé aux autorités de nomination aux termes de la Constitution ainsi que de la loi organique sur le Conseil constitutionnel.

Autant la barbe n'est signe de sagesse, autant elle n'est preuve d'incompétence. On pourrait même estimer que pour une mission aussi importante que celle assignée au juge constitutionnel, une certaine expérience et sagesse (dont l'indice se trouve souvent, même si pas toujours, dans l'âge) soit de mise.
En guise de conclusion, il apparait que les arguments avancés par la SBDC résistent
très peu à l'analyse. D' autres commentaires s'imposent :

D'abord, il convient de faire remarquer que le plus sérieux problème de légalité ou de constitutionnalité posé par le décret est passé inaperçu ou en tout cas sous silence dans le « réquisitoire » dressé par la SBDC. En effet, s'il y a un problème de légalité du décret, il se pose plutôt quant au mandat attribué par celui-ci au membre nommé en remplacement du défunt juge Salifou Nébié. Suivant l'article 15 al.1 de la loi organique sur le Conseil constitutionnel, « [ l]e membre du Conseil constitutionnel, désigné en remplacement de celui dont les fonctions ont pris fin avant leur terme normal, achève le mandat de celui qu'il remplace ». L'al. 2 du même article précise qu'à l'expiration de ce mandat, le nouveau membre

peut être reconduit pour son propre mandat. Or, aux termes du décret de nomination, le remplaçant du juge Nébié a été nommé pour un mandat unique de neuf ans. Il y a là une violation de l'article 15 suscité. Cette irrégularité majeure pose la question du rôle des conseillers juridiques au sein de nos institutions, car une simple lecture de la loi organique aurait permis de nous épargner cette violation élémentaire.

Ensuite, au sujet de l'attaquabilité du décret présidentiel, deux scénarios peuvent être envisagés : une procédure devant le Conseil constitutionnel et une autre devant les juridictions administratives (le Conseil d'Etat). La première question qui va alors se poser sous un angle procédural est celle de l'intérêt pour agir dans le chef d'un éventuel requérant (organisation de la société civile comme le suggère la SBDC). Eu égard à la façon restrictive dont cette notion est interprétée notamment devant le juge administratif et le Conseil constitutionnel, on voit mal comment une requête provenant d'une organisation de la société civile ou d'un individu quelconque pourrait prospérer sur ce point.

Mais si par pure hypothèse et par impossible, on considère qu'une telle requête était recevable, son sort ne sera nullement meilleur :
- Devant le Conseil constitutionnel : la requête serait inapte à prospérer pour au moins deux raisons. Primo, le Conseil constitutionnel n'est pas compétent pour vérifier la conformité des décrets à la Constitution. En dehors des lois et des accords internationaux, les seuls actes dont il peut vérifier la conformitéà la Constitution sont les ordonnances et les règlements du parlement. Secundo, il ne peut être saisi par les individus (sauf dans l'exercice de ses compétences électorales), mais seulement par certains organes politiques.
- Devant le Conseil d'Etat : de prime abord, cette institution pourrait vérifier la conformité du décret présidentiel à la Constitution. Il faudra toutefois démontrer qu'il n'existe pas un écran législatif entre ledit décret et la Constitution. Or, l'existence de la loi organique sur le Conseil constitutionnel pourrait constituer un tel écran. Mais plus fondamentalement, le Conseil d'Etat ne pourra examiner la constitutionnalité du décret que si l'on admet que celui-ci constitue un acte administratif susceptible de subir un tel contrôle. Or, il s'agit là d'un acte de gouvernement.

En effet, ces actes sont ceux pris par le gouvernement dans la conduite des relations internationales du Burkina Faso, et dans les rapports entre les pouvoirs publics. Le décret litigieux entre dans les fonctions constitutionnelles du Président du Faso et non dans ses fonctions administratives. Il s'agit en effet d'une question qui concerne les rapports entre le Président du Faso et le Président du CNT ou encore les rapports entre le Président du Faso et le Conseil constitutionnel, tous les trois étant des pouvoirs publics.

A titre illustratif, dans un arrêt du 9 avril 1999 (Mme Ba), le Conseil d'Etat français a considéré que les nominations de membres du Conseil constitutionnel par le Président de la République font partie de la catégorie des actes de gouvernement bénéficiant d'une immunité juridictionnelle devant le juge administratif. L'acte de gouvernement est une limite à la compétence des juridictions administratives. Une action visant à attaquer ce décret en justice ne peut donc porter fruit.

Enfin, au vu de tout ce qui précède, on ne peut résister à la tentation de se demander comment et pourquoi le Président de la SBDC, « Conseiller spécial » du Premier ministre, se retrouve en tête de la contestation de mesures pris largement en associant le gouvernement qu'il est censé dans une certaine mesure conseiller.

N'aurait-il pas dû simplement alerter le Premier ministre quant aux possibles manquements dans le processus de nomination des nouveaux membres du Conseil constitutionnel ?

En tout état de cause, cette contribution n'a pas pour objet de soutenir de quelque matière que ce soit les autorités de la transition. Certains de ses signataires sont plutôt critiques à l'égard du processus en cours. Il s'agit plutôt d'apporter une opinion juridique dans un débat d'intérêt majeur.

Dr Sanwé Médard Kiénou, Enseignant-chercheur à l'Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso

Sâ Benjamin Traoré, Doctorant en droit, Chercheur à l'Université de Neuchâtel

Antoine P. Kaboré, Doctorant en droit à l'Université de Genève

Viewing all 84453 articles
Browse latest View live


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>