
Le seul dirigeant qu'a connu le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980, Robert Mugabe, est engagé dans un bras de fer sans précédent avec le chef de l'armée, Constantino Chiwenga qui a dénoncé, lundi, l‘éviction du vice-président du pays, Emmerson Mnangagwa pour un « complot » supposé contre le chef de l'Etat. Dans cette guerre ouverte, plusieurs personnalités ont été arrêtées par les mutins, ce mercredi 15 novembre 2017, qui démentent vouloir faire un coup d'Etat et assurent que le président et sa famille sont en sécurité.
Tout a commencé il y a une semaine, rapporte Le Monde Afrique, avec la destitution du vice-président, Emmerson Mnangagwa. « Ce dernier, jusqu'au lundi 6 novembre, était à la tête de la faction Lacoste. Il pensait se voir confier la succession du président vieillissant après sa mort. Mais c'est une autre faction, Génération 40, réunie autour de la première dame, Grace Mugabe, (aux ambitions présidentielles déclarées) qui est parvenue à pousser le chef de l'Etat à destituer Emmerson Mnangagwa ». L'ex-vice-président est en Afrique du Sud où il a trouvé refuge, aux dernières nouvelles.
Depuis lors, les tensions sont très vives dans le pays pour la succession du président Mugabe. Ainsi, dans la nuit du 14 novembre, des tirs ont été entendus à Harare, dans la capitale. Et aujourd'hui 15 novembre 2017, des militaires ont pris le contrôle des ministères, parlement et tribunaux ainsi que la radiotélévision nationale, a par ailleurs affirmé un témoin à l'agence Reuters. Aussi, plusieurs personnalités, dont le ministre des Finances, Ignatius Chombo, ont été arrêtées par les mutins.
Dans une adresse lue à la télévision publique, le général Sibusio Moyo nie avoir fomenté un coup d'Etat. « Nous ne faisons que viser les criminels qui l'entourent (...) dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale », déclare le général Moyo. Il a en outre assuré que le président Robert Mugabe et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie.
L'Afrique du Sud qui était le médiateur dans les crises au Zimbabwe pendant longtemps n'a pas tardée pour réagir. Dans un communiqué, le président Jacob Zuma s'est dit « très préoccupé» et a « exprimé l'espoir que les développements au Zimbabwe n'amènent pas un changement inconstitutionnel de gouvernement ».
Fidèle soutien de Robert Mugabe, il a également exhorté les autorités et l'armée du pays à« résoudre amicalement l'impasse politique » actuelle et prié les forces de défense zimbabwéenne « de faire en sorte que la paix et la sécurité dans le pays ne soient pas compromis ».
La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) reste « prête à aider là où c'est nécessaire », a en sus souligné la présidence sud-africaine.
L'ambassade américaine appelle à rester «à l'abri »
Dans un communiqué tôt mercredi matin, l'ambassade des Etats-Unis a, pour sa part, recommandéà ses ressortissants « de rester à l'abri chez eux jusqu'à nouvel ordre ». Par ailleurs, elle a diffusé un message sur son compte Twitter : « En raison d'une situation incertaine au Zimbabwe, les effectifs de l'ambassade américaine à Harare seront réduits et elle sera fermée au public le 15 novembre. Le personnel de l'ambassade continuera de suivre la situation de près ».
Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net
Source RFI