Ils sont peu, les hommes qui voudront encore payer la scolarité ou la formation professionnelle d'une fille avec qui, ils veulent construire un foyer. Encore moins à s'occuper d'elle, à l'entretenir, à l'aider pour qu'elle se réalise. Pourquoi ? Les raisons sont diverses, mais à bien y voir, toutes semblent se rejoindre : la peur de la trahison. Prendre donc en charge la formation scolaire ou professionnelle d'une fille avec qui l'on veut dans l'avenir fonder « quelque chose de solide », peut paraître comme une « mise » risquée voire dangereuse. La trahison n'étant jamais loin !
Et, les exemples de « soi-disants » trahisons sont légions. En effet, dans une des localités assez éloignée de la ville de Bobo-Dioulasso dans la province du Houet, une fille vient de prendre service. Elle est enseignante du primaire. Ses études, de même que sa formation professionnelle d'enseignante du primaire ont été prises en charge par son « copain ». Ce dernier est dans une autre localité dans la région de l'Est. S'en sont suivies les fiançailles en attendant d'aller devant l'officier de l'état civil pour « se passer la bague au doigt ».
Mais, depuis un moment, l'enseignante n'a d'yeux que pour son collègue directeur de l'école où elle enseigne. Elle ne veut plus entendre parler de son fiancé qu'elle accuse à tort ou à raison d'infidélité. « Oublieuse », pourra-t-on l'accusée ? Une autre fille dont la formation professionnelle en santé publique à Koudougou a été financée : logement avec toutes les commodités, pension alimentaire, déplacement, bref… tous les « petits soins » de femme étaient pris en charge par son désormais ex-futur époux qui réside dans la capitale. A-t-il prêché dans le vide ? En tout cas, c'est tout comme, puisque c'est un des formateurs médecin qui va « lui ravir la vedette » en se liant avec l'infirmière au grand désespoir de son copain « bailleur ».
Encore une qui brise le cœur d'un autre qui aurait pourtant tout sacrifié pour sa réussite. « L'habitude tue l'amour, mais la distance aussi », cette vérité de la chanteuse Virginie Lollia pourrait-elle alors être un des justificatifs à ces « taper dos » que font des filles à leur « bienfaiteur » ? Seules les « fautives » peuvent y répondre. Cependant doit-on, pour autant, les tenir pour seules responsables dans de pareilles situations ? La femme n'a pas bonne opinion, certes. Mais il faut reconnaitre que les hommes qui « font les yeux doux »à ces filles pendant leur formation ou leur service, loin de leur moitié, ne sont pas aussi de bonne foi. Très souvent ces derniers aussi ont abandonné leur « moitié» pour conquérir la nouvelle qui leur « tape dans l'œil ».
L'idéal voudrait que lorsqu'on ne sent plus rien dans une relation amoureuse, il vaut mieux en parler en toute sincérité. Afin que, s'il y a lieu de se séparer, que les douleurs s'amenuisent. Heureusement ou malheureusement, de plus en plus, les hommes hésitent à investir dans les filles, même quand il s'agit de payer une scolarité ou une formation professionnelle.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso