96 voix pour, 29 abstentions et 2 voix contre. Ce sont les résultats du vote des parlementaires burkinabè qui a consacré, ce mercredi 30 janvier 2013, l'investiture par l'Assemblée nationale du Premier ministre Luc Adolphe Tiao. Il était 23 h 24 mn lorsque le président de l'Assemblée nationale, Soungalo Ouattara, a annoncé le verdict des urnes.
Ainsi investi, Luc Adolphe Tiao, a exprimé sa gratitude à tous les députés qui ont contribuéà la validation en bonne et due forme de sa nomination, comme l'exigeait l'article 63 de la Constitution. A ceux qui ont trouvé son discours inadéquat, le PM Tiao est persuadé qu'ils savent que le pays avance, que ce soit en matière de développement économique ou de démocratie. Des avancées enregistrées grâce, selon lui, à la bonne vision du président Blaise Compaoré, à qui il a exprimé sa gratitude.
Cela dit, cette investiture de LAT après une interminable cérémonie, qui a commencé dans la matinée avec l'exposé de sa déclaration de politique générale suivi d'abord par la phase des questions des parlementaires et ensuite par la phase des réponses du Premier ministre dans la soirée, était pour le moins prévisible. En effet, en tablant ne serait-ce que sur les 70 députés de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, le chef du gouvernement pouvait être sûr d'être investi, sans compter le soutien de coalitions ou partis de la mouvance. Le PM Tiao était tellement sûr de son affaire qu'il n'a pas hésité avant même le vote, de donner rendez-vous aux parlementaires en mars prochain pour sa déclaration sur la situation. Et il a été bien inspiré puisque la suite lui allait être beaucoup plus favorable qu'il ne pouvait l'imaginer : Aucun groupe parlementaire n'appellera à voter contre son investiture. Ni le groupe Alternance, Démocratie et Justice (ADJ), ni le groupe Union pour le progrès et le changement (UPC) même si l'un ou l'autre groupe parlementaire jugent inadéquate le discours du Premier ministre par la réalité caractérisée entre autres par l'ampleur de la corruption, le manque de justice, la pauvreté des populations. Ils ont appelé leurs membres à s'abstenir. Résultat : 29 abstentions. C'est nettement favorable à LAT que les deux voix contre. Les groupes parlementaires de la mouvance pour leur part, ont appelé naturellement à voter pour, car, pour eux, il s'agit avant tout de soutenir la mise en œuvre du programme quinquennal du Président du Faso, « Bâtir, ensemble, un Burkina émergent ». Ainsi, tour à tour, les responsables de l'Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) et la Convention des forces républicaines (CFR) se sont succédéà la tribune pour saluer la pertinence de la déclaration de politique générale de Tiao, ainsi que les éclairages apportés après les questions. Le reste n'était qu'un jeu d'enfant pour Alain Bedouma, président du groupe parlementaire Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Intervenant en dernière position, le M. Yoda a tout simplement assuré le candidat à l'investiture du soutien des 70 députés du CDP ; non sans avoir tourné en dérision les représentants des autres formations qui jugent inadéquat le discours du PM Tiao. Maintenant que son investiture par les parlementaires est chose faite, le Premier ministre devrait reprendre sereinement et efficacement la coordination, le pilotage de l'action gouvernementale en vue de répondre davantage aux préoccupations et attentes des Burkinabè. Il semble avoir conscience de ses responsabilités et surtout du fait qu'il ne doit pas décevoir. En tous les cas, comme l'a indiqué Arba Hama Diallo, les députés seront toujours là pour lui rappeler ses engagements non tenus. Il est donc prévenu.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net