Après la suspension de l'élection du conseil municipal de Koumbia, le lundi 7 janvier 2013 suite à la désertion de la salle par les conseillers du CDP sur la demande du maire sortant, la situation évolue de manière inquiétante, dans la commune de Koumbia. A la date du 20 janvier 2013, les différents protagonistes de cette affaire restent campés sur leur position.
La crise née de la suspension de l'élection du conseil municipal de Koumbia le 7 janvier 2013, divise davantage la population dans la commune. Au cours de l'élection, François Tani avait obtenu 17 voix contre 12 pour le maire sortant, Séraphin Makan Bonzi, au premier tour. Au deuxième tour, François Tani s'en était sorti avec 18 voix contre 11 pour son adversaire. Le bureau de séance avait alors validé l'élection de François Tani comme maire. Mais le maire sortant, Séraphin Makan Bonzi a fait arrêter les opérations de vote et a contesté l'élection de François Tani. Selon lui, il était le choix du parti et devrait par conséquent, être reconduit. Mais cette demande n'a pas rencontré l'assentiment de François Tani qui a exigé qu'on lui fournisse les raisons d'une telle imposition.
Ce dernier pense que cette manière de faire « n'est pas du tout démocratique ». Selon le responsable départemental du parti, Boyou Bognini, deux rencontres ont eu lieu le dimanche 13 janvier 2013 pour concilier les deux parties. Une délégation des ressortissants du village résidant à Ouagadougou a rencontré les vieux et les jeunes dans la matinée pour leur proposer un troisième candidat, au détriment des deux maires qui se tiraillent, mais cette proposition fut quasiment rejetée par la jeunesse pour qui l'élection du candidat François G.Tani est irréversible.
Toujours dans la recherche de solution à cette crise, une délégation provinciale du parti, conduite par le maire de la commune urbaine de Houndé, Yazon Boué a aussi rencontré le même jour, tous les 27 conseillers du CDP pour écarter le maire sortant Séraphin Makan Bonzi et le maire élu François G. Tani et proposer quelqu'un d'autre. Cette solution a été rejetée en bloc et pire, la délégation a failli essuyer des coups par des jeunes en furie. M. Boué dit être déçu de l'allure inquiétante que prend cette affaire : « Je suis très déçu. Nonobstant toutes les tentatives mises en œuvre pour une sortie de crise, on se retrouve toujours à la case de départ.
Monsieur François Tani a réussi à corrompre la majorité des conseillers, c'est ce qui explique ce blocage. Il a également préparé des jeunes pour saboter toute tentative de résolution du problème. N'eût été la présence de quelques gendarmes en civil, la situation allait dégénérer. François Tani a purement et simplement refusé la proposition des deux délégations, il campe toujours sur sa position. Je crains fort que le parti prenne un coup ici ». Tout comme M. Bognini, Moussa Bonkian, membre de la famille du chef du village estime que ce problème ne devrait pas arriver, parce que le CDP est très majoritaire ici à Koumbia avec 27 conseillers sur les 29 conseillers. Selon lui, le fait que le parti a présenté deux candidats a provoqué cette crise qui risque fort d'affecter le parti dans la commune.
« Ils devraient parvenir à un consensus pour le bien de la population ». L'option d'écarter le maire élu François Tani est incomprise par certaines personnes comme Boukary Ouermi qui pense que c'est « tordre le coup »à la démocratie. Ce dernier pense que si « la démocratie existe réellement au Burkina Faso, le CDP doit laisser la population de Koumbia choisir son maire ». Le CDP doit maintenir François G. Tani qui a étéélu par la majorité des conseillers, selon lui. « Dans ce village, la majorité de la population est favorable au nouveau maire élu. Nous ne savons pas pourquoi le maire de Houndé et sa suite s'entêtent à nous imposer un maire contre la volonté de la population », déplore-t-il.
Le maire élu François G.Tani a abondé dans le même sens pour dénoncer « une certaine main de Ouagadougou » dans l'affaire qui l'oppose au maire sortant. Il nous a livré sa version, en ces termes : « la délégation provinciale de notre parti nous a effectivement rencontré le dimanche 13 janvier 2013 et a demandé au maire sortant et moi de nous retirer définitivement de la course à la mairie pour laisser la place à un troisième candidat. Cette proposition a irrité davantage les conseillers qui ont dit qu'ils ont déjà choisi leur maire et que par conséquent, il n'est pas question que des gens viennent leur imposer un autre maire ici. Il y a des personnes qui tirent sur la ficelle depuis Ouagadougou ».
Il a aussi confié avoir été menacé par un militant ressortissant du village au téléphone. Quant au maire sortant Séraphin Makan Bonzi, il a accepté se retirer de la course afin que la sérénité revienne à Koumbia. Selon lui, le problème réside au niveau de M.Tani qui refuse de céder la place à une troisième personne. Au cours de la réunion qui a regroupé la délégation de Ouaga avec la population, les jeunes ont désobéi en disant qu'ils ne reconnaîtront que François Tani comme maire qui a étéélu le 7 janvier 2013. Il a aussi expliqué que la rencontre s'est terminée en queue de poisson : « A la sortie de la rencontre, nous avons été envahis par des jeunes montés par M. Tani qui voulaient en découdre avec la mission. Certains ont même voulu brûler la voiture du maire de Houndé.
Ces jeunes déchaînés sont venus mettre en garde la mission contre toute décision qui ne rencontrerait pas leur acquiescement », a-t-il ajouté. Pour finir, il dit avoir retiré une plainte qu'il avait déposée au Tribunal de grande instance de Boromo pour contester l'élection qui s'est déroulée le lundi 7 janvier 2013. Je demande à François Tani de revenir à de meilleurs sentiments pour le bien de la commune. Au-dessus de toute mêlée, l'imam Souleymane Kaboré que nous avons rencontré, appelle au calme et invite le CDP à respecter la volonté de la population pour éviter une fracture sociale dans la commune.
Adama OUEDRAOGO de Maliki (AIB/TUY)
Sidwaya