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Soldats burkinabè au Mali : Retour au front presque quarante ans après

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Les soldats burkinabè sont donc officiellement engagés dans la reconquête du nord Mali, aux côtés des autres armées qui composent la ‘'MISMA'', la force d'intervention mise en place par la CEDEAO et commandée par le Nigéria. Ainsi en a décidé le Président du Faso, Chef suprême des armées et par ailleurs ministre de la Défense et des anciens combattants.

Dans son discours de fin d'année 2012, le chef de l'Etat Burkinabè qui est aussi, faut-il le noter, doyen des Chefs d'Etat de l'Afrique de l'ouest et Médiateur dans cette même crise malienne, avait déjà ouvert la voie à cette option militaire. Estimant sans doute que le temps de l'engagement était venu, il précisait notamment qu'un millier d'Hommes étaient mobilisés, dont la moitié pour aller directement sur le terrain et l'autre pour rester à la frontière.

Nul doute qu'en soldat averti, Blaise Compaoré avait déjà les éléments en mains au moment même où il semblait préparer les esprits de ses compatriotes à un changement de stratégie. Lui qui s'est parfois pris à dos ceux-là qui estimaient que tôt ou tard, la guerre devrait se faire contre les occupants du septentrion malien. Y compris dans les rangs des dirigeants africains, l'incompréhension était palpable au sujet de ces discussions qui tournaient en longueur. Car bon nombre de présidents commençaient sérieusement à ne plus pouvoir retenir leurs nerfs par rapport à la stratégie de ce ‘'dialogue forcé'' avec des protagonistes que tout opposait. Tant dans la forme comme dans le fond. Certains parmi eux excellaient, il est vrai, dans l'envoi de signaux contradictoires à l'opinion internationale. Se permettant parfois même de fixer des lignes rouges avant toute possibilité de discussion.

On peut estimer qu'en fin de compte, c'est le principe de réalité qui s'est vraisemblablement imposéà tous. Ce qui a contribuéà remettre l'ensemble les acteurs du camp de la légalité quasiment sur les mêmes longueurs d'onde.

Ainsi donc quarante ans après la fameuse et honteuse « guerre des pauvres », les soldats burkinabè et maliens sont sur le même front. Mais cette fois-ci pour des raisons bien différentes de celles qui les opposèrent au début de la décennie 70 : c'est désormais ensemble qu'ils vont défendre les valeurs qui fondent le droit des nations à disposer d'elles-mêmes.

Ironie de l'histoire, certains des éléments qui jadis s'étaient engagés des deux côtés de la frontière sont aujourd'hui au pouvoir dans leur pays respectif. Mieux, ils se donnent la main pour tenter d'enrayer une menace qui pèse sur l'ensemble de la sous-région ouest africaine. Assurément l'on ne pouvait espérer mieux !

Les populations africaines aspirent à vivre ensemble. Contrairement à leurs dirigeants, elles sont largement en avance en matière d'intégration, malgré les difficultés qui surviennent souvent. Par conséquent, il ne reste plus qu'à renforcer ce processus en y mettant une bonne couche de ciment institutionnel.

Mais au-delà de la polémique sur l'inexistence d'une Afrique de la défense ou de l'incapacité supposée des uns voire de leur manque de réactivitéà prendre rapidement leurs responsabilités par rapport à un problème qui les concerne plus ou moins directement et donc à laisser les devants à l'ex-puissance colonisatrice, j'estime qu'il y a un fait sur lequel l'on peut légitimement s'accorder : tous ces soldats engagés dans ce corps-à-corps, qu'ils soient béninois, burkinabè, français, guinéens, maliens, nigérians, nigériens…Tchadiens, méritent respect et considération.

J.SOME
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