De répétition en répétition, peut-‐être qu'on finira par y arriver. S'il y a un sujet qui met mal à l'aise, c'est bel et bien celui portant sur les comportements à relent ethniciste. On est si mal à l'aise que traiter le sujet revient à infantiliser des personnes censées être au-dessus de tout soupçon. Nous, Burkinabè, nous sommes suffisamment instruits des conséquences néfastes de tels comportements indignes. Surtout lorsqu'ils sont du fait de personnes qui constituent des repères pour nombre de populations ou tout simplement de personnes publiques. On aurait voulu ne pas en parler. Mais hélas, nous sommes obligés.
Le mal est si profond de sorte que la pratique a une peau dure ou bien la recherche des intérêts individuels a ébloui les consciences à telle enseigne que ceux-là qui l'alimentent ne s'en rendent pas compte. Nous disons bien « ceux-là» parce qu'on connaît cette catégorie de personnes qui entretiennent ces comportements. Par ignorance ou à dessein. Le « carnage »à Zabré en fin décembre (deux ethnies se sont opposés faisant 7 morts), vient poser la question de traiter d'un certain nombre de sujets sans attendre. Surtout lorsqu'ils sont récurrents. Il n'y a pas de tabou en cela. Il n'y a pas de honte en cela.
Personne, ni aucun groupe ne se suffit pour bâtir le Burkina Faso que nous voulons. Et nos hommes dits éclairés, intellectuels, issus de l'école des « blancs » doivent se remémorer constamment qu'ils sont investis d'une lourde mission dans un environnement (analphabétisme général) où ils sont considérés comme des privilégiés. C'est-à-dire éduquer de par leurs comportements et propos.
Pas profiter de cet environnement pour semer et entretenir les germes de ce qui peut être fatal à toute la société burkinabè. La poursuite du bien-être ne doit pas tout expliquer. Surtout lorsqu'elle est faite au risque de l'effondrement de tout une société. Notre propos et notre verve tirent leur légitimité des observations faites, entre autres, des messages distillés par des candidats ou des leaders de partis politiques lors des élections couplées de décembre dernier.
Quelques contenus d'extraits de messages que nous avons pu suivre grâce à la Télévision nationale étaient très osés. C'est vrai, on s'est tous focalisés sur la beauté des discours, des propositions et autres « bêtisiers », mais des propos étaient choqants et révoltants. Si pour certains, l'ignorance était perceptible, pour d'autres par contre, cet élan semble être sciemment entretenu au regard de leur CV politique. Et sincèrement, certains élus devaient avoir honte de leur poste actuel. Tant ils ont tenu des propos pour arracher leur siège au mépris de tout moral, de tout bon sens et de toute notion de responsabilité. Au regard de tout cet étourdissement, il y a lieu qu'en plus du CSC, l'on puisse envisager la mise en place d'une sorte d'observatoire de suivi des messages des rencontres à enjeu important comme les élections et autres rencontres de certaines envergures.
Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)
Le Progrès, Bimensuel d'informations générales.