Il n'est plus le chef de file de l'opposition. Maître Bénéwendé Sankara se contentera désormais du statut non moins enviable de chef de file des Sankaristes. Soit le paradoxe d'un homme qui a tendu la main à ses frères idéologiques au moment où le peuple lui tournait le dos. Promu à la deuxième place au cours de la présidentielle de 2005 avec seulement 4,88 % des suffrages, maître Bénéwendé, bien aidé par le revirement politique de l'ADF-RDA va occuper le poste de visibilité qu'est celui du chef de file de l'opposition après les législatives de 2007.
A ce titre, il était le plus médiatisé, le plus écouté des politiques qui doivent mener la vie dure au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir. Malheureusement, à force de rigidité intellectuelle l'homme mélangera les pédales. Entre l'avocat et le politique il n'y avait pas de frontière. Au lieu de rassembler, d'élaborer un projet de sociétéà même de séduire l'électorat l'ex CDR a passé son temps à faire le procès de la IVème République. Pour ainsi dire que si l'œuf de l'UNIR/PS n'a jamais éclos, c'est bien parce que la poule Bénéwendé Sankara n'a pas couvé.
Il a, au nom d'un principe partagé par les anti-Blaise Compaoré ventilé les insuffisances, les crimes supposés du régime en place au lieu d'asseoir son parti. Et comme le dindon gonflé ne sait pas ce qu'il vaut réellement, les rassemblements, les commémorations du 15 octobre 1987, date de l'assassinat du président Thomas Sankara et autres tribunes des innombrables coalitions ont fini par convaincre l'homme de son assise sociale. Avant le réveil douloureux mais prévisible des résultats provisoires du 02 décembre 2012. Jamais donc, l'UNIR/PS n'a su capitaliser les aspirations du peuple burkinabè. Le parti a jeté son va-tout sur le Burkina des universités, des syndicats et des villes sans les conquérir pour autant.
En revenant toujours sur ce que tous les Ouagalais, Bobolais, Koudougoulais… savaient, le parti du maître a omis les souffrances des élèves, des paysans, bref de la majorité des Burkinabè. Et pourtant, que de rendez-vous manqués par l'exclu de la Convention des partis sankaristes (CPS) et fondateurs de l'UNIR/MS en 2000. L'ultime occasion manquée de « l'ex-chef de file » de l'opposition burkinabè a été son manque de « vista » en 2011. Alors en pleine crise sociale, le Burkina était sans tête ni queue. Le contexte national et international de l'époque imposait à tout aspirant au changement et surtout au pouvoir de partir des points chauds en l'occurrence Koudoughazi en ce qui concernait le pays des hommes intègres.
Au lieu de cela, Stanislas Sankara a rétabli le pouvoir de Blaise Compaoré le 30 avril 2011. Ce jour là, le chef de file et ses acolytes ont scellé le sort de l'opposition burkinabè en appelant honteusement au départ du président au milieu de quelques centaines de personnes à Ouagadougou. Depuis lors, Koudoughazi est devenu la Côte d'Azur du Burkina et de jeunes lions aux dents longues ont fait leur apparition. Est-ce pour autant que le natif de Toessin va disparaître de l'échiquier politique national ? Tout compte fait, la retraite est inimaginable pour un politicien de cinquante-trois (53) ans. Mais avec seulement quatre députés (résultats provisoires) on imagine déjà mal comment Maître Bénéwendé Sankara pourra faire mieux dans les années à venir même si les choses peuvent aller vite en politique.
Ousséni BANCE
L'Express du Faso