Pour une surprise, c'en est une, et de taille ! Les Ouagalais ont été sonnés de constater que, depuis le début de la semaine dernière, les parkeurs de la ville ont décidé d'une augmentation de 100% des frais de gardiennage. Ainsi, les propriétaires des deux roues qui, habituellement, payaient 50 francs, sont appelés à débourser 100 francs pour le même service, tandis que les véhicules seront désormais gardés à 200 francs. Cette décision unilatérale est des plus impopulaires et rappelle, si besoin en était encore, que le Faso baigne dans la vie chère. Le pays est devenu un espace où chaque acteur en fait à sa tête, exactement comme le bordel qui s'observe dans la circulation de la capitale.
Les parkeurs ont certainement voulu profiter du vide actuel dans la gestion de la commune pour remettre sur le tapis une mesure qui avait été rejetée en 2009 par l'autorité communale. Convaincus que le courtmestre est affaibli par son manque de légitimité (puisqu'il n'est plus élu et ne fait qu'expédier les affaires courantes de la ville), les propriétaires de parkings ont voulu le mettre devant le fait accompli. Heureusement que l'homme court de Ouagadougou ne s'est pas laissé faire.
Conformément à son tempérament, il a vigoureusement réagi en opposant un refus catégorique à cette hausse excessive et inexpliquée. En fait, on se retrouve pratiquement dans la situation de juin 2009 où, de cette même façon unilatérale, les parkeurs s'étaient arrogés le droit de modifier les tarifs. A l'époque, au moins, ils avaient donné un délai de deux à trois semaines pour l'entrée en vigueur des nouveaux tarifs. Les autorités compétentes avaient donc eu le temps de mettre le holà et de tuer l'initiative dans l'œuf. C'est certainement pour cette raison que les acteurs de ce secteur ont pris tout le monde de court. Ils ont peut-être, voire certainement, raison.
Mais la démarche est maladroite. D'abord, parce qu'ils ont procédéà la révision des tarifs sans la moindre concertation avec l'autorité communale qui est leur partenaire direct, mais surtout, ils ont été très mal inspirés dans le choix de la période. Ce mois de janvier est généralement caractérisé par la galère pour tous après les fêtes de fin d'année. Assurer les dépenses essentielles étant déjà un parcours du combattant, procéder à de nouvelles augmentations revient carrément à donner le coup de grâce aux consommateurs. Les parkeurs auraient dû remarquer que même pour les frais de scolarité, les promoteurs d'établissements mettent le mois de janvier entre parenthèses parce qu'ils connaissent les difficultés des parents d'élèves.
Le syndicat des parkings s'est donc foutu un doigt dans l'œil car, visiblement, cette hausse des prix ne connaîtra pas d'application cette fois encore. L'initiative des parkeurs a juste ce mérite de rappeler aux autorités politiques du Faso que la vie est dure. Par conséquent, le gouvernement doit faire un effort de maîtrise des prix comme c'est le cas avec les parkeurs. Or, généralement, au nom de la libéralisation de notre économie et sa conséquence directe qui est la liberté de fixation des prix, l'Etat laisse faire certains acteurs. Des produits de première nécessité ont ainsi vu leur prix passer du simple au double sans que les pouvoirs publics ne tapent du poing sur la table. Dans une économie aux mains de quelques barons, cela revient à une sorte de monopole.
Cette décision d'augmentation à 100% des tarifs des parkings interpelle aussi les dirigeants de la république sur l'impérieuse révision à la hausse du pouvoir d'achat des agents de l'Etat par le biais d'une augmentation franche des salaires en lieu et place des miettes qui sont servies.
Adam Igor
Journal du Jeudi