Tradition respectée. Comme une loi non écrite, des élèves de Bobo-Dioulasso ont une fois de plus déserté les salles de cours ce vendredi 13 octobre 2013. Jour de la commémoration du quadruple assassinat de Sapouy qui a coûté la vie au journaliste d'investigation, Norbert Zongo et à ses compagnons, le 13 décembre 1998. Pour rejoindre la bourse du travail et les « habitants du pays réel ».
Assassinés et calcinés à Sapouy en 1998, le journaliste d'investigation Norbert Zongo et ses compagnons demeurent dans la conscience collective. En leur mémoire et pour réclamer justice et vérité pour les défunts, des élèves, étudiants, travailleurs ou simples défenseurs de la justice ont créé des organisations dans lesquelles ils se battent. Dont le plus emblématique est le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques. Collectif au sein duquel, syndicats, partis politiques et organisations de la société civile ont fait du dossier Norbert Zongo, un cas de quête inlassable de la justice au Burkina Faso. Pour les 15 ans de la disparition du journaliste, ce collectif s'est exprimé sur le dossier dans quelques villes du pays. A Bobo-Dioulasso, la bourse du travail a encore servi de cadre au collectif pour revenir sur le contexte de sa création et ses attentes. Au cours d'un long discours, différents responsables du collectif ont fait l'historique des crimes impunis de la présidence Compaoré et étalé les maux qui minent le Burkina. Comme on pouvait s'y attendre, ils ont informé la base des démarches actuelles pour la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons. Notamment, le processus judiciaire d'Arusha en Tanzanie où la Cour africaine des droits de l'homme se planche actuellement sur ce dossier.
Mise en garde des chefs coutumiers et religieux
« S'ils continuent dans cette voie, on refusera de prier derrière eux ; Que nos chefs apprennent à dire la vérité aux assassins au lieu de s'en prendre à nos enfants qui cassent des feux tricolores parce qu'on a tué leurs parents », lance un manifestant. La rencontre du collectif s'est donc entre-temps transformé en un réquisitoire contre les dignitaires religieux. Selon des intervenants, des chefs coutumiers et des dignitaires religieux se discréditent en s'alignant automatiquement derrière le pouvoir. Après avoir « fouetté» les religieux, Seydou Sanou de la Coordination pour la transparence dans les opérations de lotissements s'en est pris aux responsables de la région des Hauts-Bassins notamment de Bobo-Dioulasso. Selon lui, des autorités régionales se sont organisées en un clan mafieux pour spolier les populations. Tout en demandant la libération sans condition de Nabaloum Souleymane, arrêté puis déféré depuis 18 mois, il a demandéà tout un chacun de rester solidaire pour les luttes à venir. L'Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB/Bobo), après avoir exposé la triste situation des conditions d'études sur le campus de Nasso a apporté sa touche en ce jour commémoratif de l'assassinat de Norbert Zongo. Notamment à travers des notes musicales qui fustigent des dignitaires de la IVe République.
Ousséni BANCE
Lefaso.net