Sous la pression de ses partenaires techniques et financiers et des organismes de défense des droits de la femme, le Burkina Faso a adopté le 16 avril 2009, la loi sur le quota de 30% de femmes sur les listes électorales. Afin de faciliter son application, ladite loi a été revêtue d'un caractère coercitif. Ainsi en ses articles 5 et 6, il est stipulé que tout parti ou regroupement de partis politiques qui ne respecterait pas le quota de 30% perdrait 50% du financement public. Dans le même temps, il est également prévu un bonus de 50% pour ceux qui iront au-delà de ce pourcentage.
Cette loi vise à enrayer l'inégalitéà l'égard de la gent féminine, car jusque-là, elle est peu représentée au niveau des sphères politiques décisionnelles à cause des pesanteurs socioculturelles, psychologiques ou économiques. Les structures nationales en charge de défense des droits des femmes se sont vite félicitées de cette adoption, puisqu'elle peut faire reculer la discrimination contre l'autre sexe dit faible. Mais une chose est d'avoir une loi en vigueur, une autre est son application judicieuse pour le bien-être de tous. Les élections municipales et législatives ont permis de mettre à nu les manquements liés au non respect de la loi sur le quota genre.
En effet, l'élaboration des listes électorales a fait des gorges chaudes dans certains partis, où des hommes n'ont pas hésitéà faire comprendre que les femmes sont faites pour gérer les ménages. Ils ont alors placé malgré eux des femmes sur des listes, pour pouvoir bénéficier du financement public. Et les places qu'occupent ces femmes laissent à désirer. En fait des partis ont positionné les 30% de femmes sur leurs listes, mais à des positions dont les chances d'être élues sont quasiment nulles. De plus, Elles ont aussi déploré le manque de soutien financier et matériel pour les accompagner pour leur pleine participation à la vie politique nationale.
Le résultat est que certaines femmes leaders ont vu leur espoir s'écrouler comme un château de cartes, à l'issue de ces dernières consultations électorales. Dans le Houet par exemple, seule une femme figure parmi les six députés que compte la province. Ces échéances électorales ont donc prouvé que les textes règlementaires ne suffisent pas à améliorer la condition de la femme, puisqu'elles sont impuissantes face aux stéréotypes et préjugés qui guident le comportement de beaucoup de Burkinabé.
Pour changer la donne, il n'y qu'une seule voie, celle de l'éducation. Il s'agit là d'un moyen pour changer les mentalités de la nouvelle génération mais encore mieux amener les femmes à prendre leur destin en main. Si elles sont bien instruites, maîtrisant les domaines politiques, elles pourront même faire mieux que la loi sur le quota. Représentant plus de 52% de la population burkinabè, elles pourront prendre malgré l'égoïsme des hommes, les rênes des sphères décisionnelles.
Aussi, il est nécessaire que les structures pionnières s'adonnent à la sensibilisation. Cette sensibilisation permettra le changement de mentalité et de comportement chez tout individu depuis les cellules familiales. De la sorte, cela pourrait être un gage de la construction d'un environnement social propice à l'épanouissement de tous : hommes et femmes. Sachant que toute communication de nature à faire changer les comportements dans le contexte burkinabè est un travail hardi et de longue haleine, la lutte contre les inégalités à l'égard des femmes pour aider leur pleine participation à la vie politique n'est pas gagnée d'avance.
Evariste YODA
Sidwaya