La participation des parents d'élèves à la gestion de l'école est une cléà une meilleure éducation, à une meilleure inclusion pour le genre. Mais, cette composante est-elle réellement impliquée actuellement ? Comment améliorer la situation, en relation avec les Conseils de gestion (COGES) au Burkina ? Pour répondre à ces préoccupations, le ministère de l'éducation nationale, la JICA et la Banque mondiale ont mené une étude dont la restitution des premiers résultats a eu lieu le 04 décembre 2013 à Ouagadougou.
Cette étude s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de recherche Système d'évaluation et d'analyse comparative des résultats de l'éducation (SABER). Menée conjointement par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Banque mondiale et le Ministère de l'éducation nationale et de l'alphabétisation (MENA), cette étude a débuté depuis en décembre 2011, avec l'élaboration des outils provisoires et l'enquête pilote. L'enquête principale a été conduite en avril-mai 2013, suivi de traitement de données et de collectes complémentaires. Les résultats provisoires ont donc été présentés et discutés ce 04 décembre. La rencontre a réuni les directeurs centraux du MENA, les directeurs régionaux, les directeurs provinciaux, les chefs de circonscription, des directeurs d'écoles, des chercheurs en éducation et bien entendu les représentants des partenaires techniques et financiers qui ont accompagné la réalisation de l'étude.
Cet atelier de restitution avait pour objectif de : présenter les résultats collectés sur le terrain de, recueillir les appréciations et les commentaires des participants afin d'avoir des résultats définitifs assez pointus, voir comment intégrer ces résultats à la politique nationale de l'éducation en vue d'améliorer le système éducatif au Burkina.
L'étude a concerné quatre régions du Burkina (Centre-Est, Centre-Ouest, Sud-Ouest et Plateau central). Mais, les résultats sont applicables à l'ensemble du pays. Les enquêteurs se sont intéressés aux DPENA (directions provinciales de l'éducation nationale), aux CEB (circonscription d'éducation de base), aux directeurs d'écoles, aux parents d'élèves…
Des résultats qui interpellent
les parents d'élèves agissent-ils et comment devaient-ils agir ? Pour avoir la réponse, ceux qui ont dirigé l'étude se sont intéressés à la participation des parents d'élèves aux Assemblées générales, leur intérêt pour les cahiers d'absence des enseignants, leur signature sur les bulletins des élèves, le matériel distribuéà leurs enfants... Toute chose qui devait « permettre de dire à quel niveau actuellement les parents d'élèves sont impliqués et comment cette étude peut améliorer la situation, surtout en relation avec les COGES (Conseils de gestion des écoles) que l'Etat est en train de développer », a précisé le coordonnateur de l'étude, Dr Damien Lankouandé.
Les résultats provisoires présentés montrent qu'au niveau des écoles et des administrations, la gestion des documents constitue un gros problème. Les documents qui devaient être conservés n'existent pas, notamment les procès-verbaux des Assemblées générales des parents d'élèves, leur budget, leur plan d'action… Aussi, les parents d'élèves s'intéressent très peu à la gestion des volumes horaires ou du travail des enseignants. « Les parents n'ont pas un regard sur la présence ou l'absence des enseignants et les enseignements qu'ils délivrent en classe. On pense pourtant que c'est une des conditions pour avoir une meilleure éducation pour nos enfants », souligne Dr Damien Lankouandé.
Egalement, seulement environ 60% des directeurs d'école affirment participer aux AG des parents d'élèves, et 40% des directeurs d'écoles qui ne connaissent pas les résultats d'évaluation que le MENA fait chaque année sur les résultats des élèves. C'est dire que l'information ne circule pas comme il se doit puisque le MENA dit partager ces résultats. Et, les résultats de cette étude devraient permettre de redresser la barre.
La JICA est un des principaux acteurs de cette étude. Mieux, depuis quelques années, elle appuie la mise en place des comités de gestion à l'échelle régionale à travers le projet qui est en cours. « Nous envisageons de continuer l'appui à la généralisation à l'échelle nationale dans le cadre de la 2e phase du projet. Pour ce faire, nous voudrions évaluer l'impact de la mise en place et l'opérationnalisation des COGES pour améliorer la qualité de l'éducation », soutient Hiromichi Morishita, le représentant résident de la JICA au Burkina. C'est dans ce cadre qu'elle s'est associéà la réalisation de cette étude.
Après la restitution te la validation des résultats provisoires, suivra la finalisation du rapport d'étude, sa publication et la préparation du document de recherche pour la généralisation à l'échelle nationale.
Moussa Diallo
Lefaso.net