« Vous les journalistes-là, vous êtes là, vous voyez qu'il n'y a pas de routes à Bobo et vous n'écrivez pas ! Il faut écrire, il faut dénoncer cela. Ou bien vous voulez attendre qu'on casse d'abord nos véhicules et qu'on marche ensuite pour que vous sachiez qu'il n'y a pas de routes dans la ville ? Dites au maire de prendre ses responsabilités. D'ailleurs, je vais le voir tout de suite et je vais le lui dire. S'il sait qu'il ne peut pas développer cette ville, il n'a qu'à quitter ! ».
C'est en ces termes qu'un ex-dirigeant de la ville de Bobo-Dioulasso a interpellé un journaliste sur ce qu'il pense être son rôle : écrire sur l'état des routes à Bobo-Dioulasso. Il n'a pas tort, car en vérité, le centre-ville de Bobo-Dioulasso, pour ne pas dire de l'ensemble de la ville, n'est pas du tout praticable. Le bitume sur les principales voies de circulation au centre-ville est vieux d'au moins 25 ans, pour le plus récent. Quand on se rappelle qu'en 2010, à l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance, l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA) y a encore fait des travaux qui ont consistéà creuser le bitume au milieu et de le colmater seulement ensuite, certains bitumes n'existent plus que de nom en ce moment. En outre, quand on fait un tout petit peu attention à la manière dont le bitume se dégrade en ce moment à Bobo-Dioulasso, on se rend compte qu'il s'agit aussi en partie des conséquences des manifestations de 2008 et postérieurement. Manifestations au cours desquelles, nous avons par nous-mêmes brûlé des pneus aux carrefours du centre-ville. C'est le constat à l'intersection ex-Bib-Airtel et Marina Market ; idem devant Ecobank et Coris Bank-Onatel, ainsi de suite.
Après avoir adressé un tel réquisitoire à la mairie de la commune, notre ex-dirigeant se ravise et ajoute : « je sais que la mairie ne peut bitumer des routes car, elle n'a pas les ressources financières nécessaires pour le faire, mais il faut dénoncer pour que l'Etat prenne ses responsabilités ; c'est à lui qu'il revient de bitumer les routes ». La discussion prend fin.
Sur ce deuxième point de la conversation, notre ex-dirigeant a encore raison. Le budget de la commune de Bobo avant 2006 était un tout petit peu plus de 1 milliard. C'est au cours du premier mandat de l'actuelle équipe qu'il a été portéà deux, et aujourd'hui à plus de 3 milliards de F CFA. Ce qui est largement insuffisant pour bitumer des routes dont le kilomètre coûte entre 300 à 500 millions de F CFA en fonction de la qualité du bitume et 800 millions de F CFA pour les « doubles voies ». C'est dire, que pour qu'il y ait des voies praticables à Bobo comme nous le voulons, il faut que l'Etat s'implique fortement. A défaut, qu'il y ait des projets spéciaux de bitumage de voies à Bobo. C'est sans aucun doute dans le cadre de l'une de ces solutions que les avenues Binger et Nelson Mandela seront très prochainement bitumées. Les études sont achevées et le début des travaux n'est qu'une question de date. Les techniciens du ministère des Infrastructures et du Désenclavement, en compagnie de ceux de la Direction des services techniques municipaux de la ville de Bobo ont été aperçus la semaine dernière sur les deux avenues.
En vérité, la mairie de la commune fait donc ce qu'elle peut en matière de reprofilage, de colmatage ou d'entretien des voies de circulation dans la ville. Tout simplement parce que les moyens dont elle dispose ne permettent pas de faire mieux. « Notre Budget permet seulement de faire des études. Et à nos jours, je peux vous dire que nous avons des études prêtes pour pratiquement l'ensemble des voies qui sont susceptibles d'être réhabilitées ». Conclusion d'un technicien de la mairie de la commune.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso