Sénat : Les cadres du CDP ont-ils boudé le casting ?

. L'UPC (1612 conseillers municipaux), l'ADF/RDA (1740 conseillers municipaux) et l'UNIR/PS(393) ne prennent pas part à ces élections. Ces partis ont intimé l'ordre à leurs militants de ne pas toucher au fruit défendu en présentant des candidatures. Les partis qui sont favorable au sénat sont les partis de la mouvance, les membres du fameux « Front républicain » créé par le CDP et qui regroupe l'AMP, l'UNDD, l'Autre Burkina/PSR, l'UPR, etc. En dehors de l'UPR, peu de ces partis peuvent revendiquer 5 conseillers municipaux. L'Autre Burkina/PSR du ministre Alain Zoubga est sorti bredouille des dernières élections couplées sans député ni conseiller. Ce parti ne dispose donc pas de militants électeur ou éligible à ces élections sénatoriales.

Le parti au pouvoir a enregistré 208 candidatures. La direction politique du CDP en a retenu 78 (39 titulaires et 39 suppléants). Ces heureux élus ont répondu à l'appel du Bureau politique national du parti le samedi 13 juillet au CBC. Ils y avaient été conviés pour une séance de travail. Les titulaires qui savent déjà que le match est plié et que leur siège est un acquis –sauf cataclysme- dissimulaient mal leur joie.

Seulement, pour une institution qui se veut être le prolongement de l'Assemblée nationale et à laquelle on veut prêter beaucoup d'atouts, il ya beaucoup à redire sur le casting de casernement des sénateurs du CDP. A dire vrai, beaucoup de candidats pèchent par l'étoffe. Certes la controverse sur le sénat et les contradictions internes qui ont court dans le parti présidentiel ont emmené certains militants à renoncer à leur candidature.

En parcourant la liste du CDP, elle semble émaner de ces partis anonymes qui essaiment la classe politique tant les candidats sont de parfaits inconnus de l'opinion et de l'espace public. On bute rarement sur des noms qui retiennent l'attention. On note la présence d'anciens gouverneurs tels : Boureima Bougma(1er titulaire de la région du centre), Temai Pascal Benon(3e titulaire de la région du centre-ouest). D'anciens députés déflatés figurent sur la liste. Kambiré Naba qui a fait les frais des primaires des législatives au Houet s'est vue positionnée comme 2e suppléant dans la région des Haut bassins. Même le quota genre n'a pas pu jouer en sa faveur. Les maires déflatés se signalent aussi sur les listes du CDP.

Alassane Zakané est l'un des rares ex maires à avoir dirigé une commune urbaine (Tenkodogo).Il est le 1er titulaire de la région du Centre-est. Le gros lot est constitué d'anciens maires de communes rurales ou d'arrondissements. Dominique Sourabié, ancien maire de la commune rurale de Moussodougou est positionné 3e titulaire dans les cascades. Tinto Moustapha ancien maire de l'arrondissement de Do et actuel 1er adjoint au maire de la commune de Bobo Dioulasso dirige la liste des Hauts bassins. Henri Sandaogo Kaboré de l'ex arrondissement de Bogodogo à Ouaga a été moins veinard que son ex homologue de Do. Il est 1er suppléant de la liste du centre. Au sahel, l'ancien maire de Bani, Kaboré Oumarou se contente de la place de 2e suppléant tandis qu'au sud ouest, MarcelTilkar Kambou de Iolonioro est logé au rang de 3e titulaire. Sur la liste du parti au pouvoir, la présence de certains élus qui sont à l'origine de gestion catastrophique des collectivités territoriales est très frappante. Henri Sandaogo Kaboré en est la parfaite illustration. Il est l'auteur d'un lourd passif à Bogodogo. Il était même devenu l'une des mascottes des lotissements mal gérés de Ouagadougou.

Le magistrat-député Boureima Badini aura la chance de siéger au parlement avec son épouse Kabré Alimata. Elle est la tête de liste de la région du Centre-Ouest.

Comme on peut le constater, la liste du parti majoritaire reflète le service minimum à bien des égards. Alors que le quota des collectivités territoriales (39) est censé fournir à la première mandature du sénat ses cadres les plus avisés et les plus aguerris pour équilibrer l'Assemblée nationale d'une part et analyser les questions et les dossiers qui lui seront soumis pour lui conférer un crédit d'autre part. Que faut-il en déduire donc ? Que le parti a manqué de vision en n'attirant pas certaines de ses grosses pointures dans les conseils municipaux pour préparer la mise en place du sénat ? C'est fort probable. Mais ce qui est certain, c'est que de deux choses l'une : soit le CDP est cruellement en panne de cadres, soit il veut transformer la deuxième Chambre en une véritable caisse de résonnance et un machin manipulable à souhait. Car il est sûr que quelque soit la qualité des sénateurs issus du quota du chef de l'Etat et des autres composantes, les sénateurs du parti au pouvoir exerceront leur influence numérique. La qualité des membres qui composeront cette Chambre apportera de l'eau au moulin des anti-sénat.

Touwendinda ZONGO

MUTATIONS N° 33 du 15 juillet 2013. Bimensuel burkinabé paraissant le 1er et le 15 du mois (contact:mutations.bf@gmail.com site web :www.mutationsbf.net)

Mutations vous propose la liste des futurs sénateurs du CDP. Le parti au pouvoir a présenté des candidats aux élections sénatoriales dans toutes les 13 régions du pays. 3 titulaires et 3 suppléants par région. Ce qui donne au total 78 candidats ( 39 titulaires et 39 suppléants.)