Un ouvrier de la société burkinabè de filature a observé une grève de la faim pendant 12 jours. Pour dit-il, réclamer l'applicabilité de la convention collective applicable aux travailleurs des usines de textiles. L'affaire traduite en justice a connu son dénouement le mardi 21 mai 2013 non pas en faveur du personnel.
« Cette situation a véritablement terni l'image de l'entreprise. Elle a été une mauvaise publicité et cela risque de porter un coup à la confiance des partenaires financiers et jouer sur la productivité», a fait remarquer un cadre de l'entreprise qui a requis l'anonymat. En effet, tout à commencer le 22 décembre 2011 quand une partie des travailleurs notamment les délégués du personnel ont tenu une Assemblée générale. Il s'agissait selon, le secrétaire général des délégués du personnel, Seydou Ouédraogo, de faire état des conditions de travail précaires dans lesquelles ils vivaient en vue d'obtenir une amélioration. A l'issue de la rencontre, ce dernier s'est prêté aux questions des hommes de média qui avaient fait le déplacement. « Ce qu'il ne fallait pas », informe Seydou Ouédraogo. Estimant alors qu'il avait dépassé les limites, la direction de la Filature du Sahel s'apprêterait à le licencier. De bouche à oreille, l'ensemble des ouvriers seront au courant. Le 29 décembre, ils vont tenter d'organiser une marche de protestation contre ce licenciement « programmé» de leur collègue. Cette marche sera dispersée par les forces de l'ordre et de sécurité. Les jours suivants la tentative de la marche, une série de licenciements vont concerner une dizaine d'ouvriers. Certains sont mutés de leur poste de travail. Comme le cas du gréviste de la faim, qui soutient que depuis le 3 octobre 2012, il a été muté et isolé dans un poste où il n'accomplissait véritablement rien comme tâche. C'est pourquoi, a-t-il décidé après avoir constaté que l'objectif de la direction était de lui nuire, d'observer une grève de la faim. Avec le soutien des autres délégués du personnel, il a passé 12 jours sans pitance, se contentant uniquement de boire un verre de jus et d'eau chaque soir.
Vingt-quatre doléances non satisfaites
Depuis 2011, des médiations conduites par l'inspection du travail entre les ouvriers et le patronat n'ont abouti à aucun consensus. Comme un dialogue de sourd, le patronat ne s'est pliéà aucune des vingt-quatre revendications inscrites dans la plateforme. Le dossier sera donc transféréà la justice où l'audience du jugement a eu lieu le 26 mars dernier à Bobo-Dioulasso. Selon un des délégués du personnel, lors d'une rencontre de soutien au gréviste tenu le lundi 1er avril 2013, l'audience pour le jugement du dossier s'est tenue à huis-clos en présence d'un arbitre venu de Ouagadougou, de l'avocat du patronat, et bien entendu, des juges. Le délibéré du procès a été dit ce 21 mai 2013. Un délibéré qui rejette le dossier du fait de sa mauvaise administration. En effet, il ressort que les délégués du personnel ne sont pas compétents pour traduire une action en justice au nom de leurs camarades travailleurs. En un mot, les délégués de personnel de la Filsah ne peuvent pas représenter les travailleurs devant le juge.
Une mauvaise publicité pour l'entreprise !
La Filature du Sahel est une société avec des actionnaires dont l'Etat burkinabè. Elle bénéficie, selon Seydou Ouédraogo d'une subvention de l'Etat et est soutenue financièrement par beaucoup de banques nationales et internationales. C'est donc dire que cette grève de la faim aura porté un coup sur la crédibilité et la rentabilité de l'entreprise. Une entreprise qui, à tout point de vue, respirait la « pleine forme ». D'ailleurs, Abdoulaye Nadolé, directeur général de la société n'a-t-il pas parlé de « l'accroissement notable de la productivité de l'entreprise » lors d'une interview accordée à d'autres média en ligne. De 82%, la production du fil de coton est passée à 94%, mais malheureusement elle était en passe de chuter.
Plus de 60 000 personnes au Burkina vivent du fil de coton
Le teinturier, le tisserand… et plusieurs autres acteurs vivent directement ou indirectement du fil de coton que fabrique la Filsah. La fabrique du fil de coton, selon un des cadres de la Filsah fait vivre plus de 60 000 personnes au Burkina Faso. La société, reconnaît le secrétaire général des délégués du personnel, contribue fortement au rayonnement de l'économie du Burkina. Il est aussi conscient de l'impact négatif qu'a engendré cette grève de la faim sur la vie de l'entreprise. Mais, se rassure-t-il, l'on comprendra qu'il s'agissait d'une action visant à décrier les conditions difficiles de travail des ouvriers.
Encadré !!!!
La Filsah en fiche
La Filature du Sahel est une société anonyme crée en 2001 au capital de 2 100 000 000 FCFA. Le siège social est à Bobo-Dioulasso. Son secteur d'activités comprend le textile, la capacité installée est de 10 000 tonnes/an. Dans les perspectives, elle veut vendre environ 10 000 tonnes de fil de coton. Les produis finis 100% coton sont : le fil simple, le fil retordu, le fil dévidé, les paquètes écheveaux, la toile d'emballage, l'emballage coton, les serpillières,….L'ambition de la Filsha est d'être le leader de la filature 100% coton en Afrique de l'Ouest.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso