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Profils souhaitables pour le prochain gouvernement au Burkina Faso

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Les pronostics d'un remaniement ministériel avant la rentrée gouvernementale de septembre 2017, ont été certes déjoués par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Cependant, la nécessité s'impose toujours de former un gouvernement d'action et de résultat, pour rattraper le retard dans la concrétisation de plusieurs projets du programme quinquennal (2015-2020) du Chef de l'Etat.

Pour réussir cette mission à mi-parcours du mandat présidentiel, il s'avère impérieux de confier les fonctions ministérielles à des personnes dynamiques, patriotes, sans discrimination d'appartenance politique, qui savent allier célérité et efficience, en raison des expériences probantes dont elles sont créditées dans la gestion des affaires publiques.

Si certains projets du programme quinquennal du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, telle la gratuité des soins pour enfants de moins de 5 ans, ont connu des mesures d'application avec des acquis et insuffisances, d'autres par contre, tardent trop à voir le jour. Parmi ces projets en souffrance, figure la très emblématique politique d'habitat, à travers le programme de 40.000 logements sociaux à construire en 5 ans (2015-2020), sur l'ensemble du territoire national au profit des populations, qui sont dans une attente fébrile de logements et de reprise des lotissements suspendus depuis novembre 2014.A quasiment environ 2 ans de la fin du mandat présidentiel, le programme de 40.000 logements reste toujours au stade de projet théorique, dans un climat de cafouillage au niveau du ministère de l'habitat , qui s'est mis en conflit avec les promoteurs immobiliers , qui n'attendent que des autorisations pour réaliser lesdits logements. Indéniablement, le succès ou l'échec des 40.000 logements constituera l'un des facteurs sociaux déterminants dans l'évaluation du programme présidentiel.

Ensuite, la promotion de l'emploi demeure un serpent de mer pour le gouvernement, avec près d'un million de jeunes chômeurs qui se bousculent chaque année au portillon des concours d'entrée dans la fonction publique, pour moins de 25.000 places (concours directs et recrutements sur mesures nouvelles).La politique de formation professionnelle et de financement de l'entreprenariat des jeunes manque de traçabilité qui permet de quantifier et d'attester des cas de réussite à l'insertion professionnelle durable. A ce niveau, il y a beaucoup plus un effet d'annonce politique que d'actions de développement durable. Une situation qu'il convient de corriger, pour éviter que le désœuvrement exponentiel des jeunes ne se transforme en une bombe sociale dans le futur.

De même, des efforts d'investissements sont consentis par le gouvernement dans la réalisation d'infrastructures scolaires, universitaires et sanitaires. Ces réalisations demeurent en deçà des prévisions ciblées dans le programme présidentiel, qui est partie intégrante du Programme National de Développement Economique et Social(PNDES) à l'horizon 2020. Si des mesures fortes ne sont pas impulsées, le combat contre les écoles sous paillotes ne sera pas gagné en 2020.Il en sera de même pour les ambitions de modernisation de l'agriculture par la mécanisation (charrues, tracteurs).

La qualité des compétences au service du gouvernement n'est pas l'apanage des Burkinabè de la diaspora

Au lendemain des indépendances en 1960, le Burkina Faso a été l'un des pays africains qui ne regorgeaient pas de ressources humaines hautement qualifiées dans les administrations internationales. De nos jours, le pays compte de valeureux compatriotes dans de hautes sphères internationales. Cependant, une tendance au complexe d'infériorité s'est développée à l'encontre des compétences des cadres résidant à l'intérieur du Burkina, au profit de celles de l'extérieur.

Ainsi, plusieurs premiers ministres ont été rappelés de l'étranger. Il s'agit des chefs de gouvernements suivants : Issouf Ouédraogo, Kadré Désiré Ouédraogo, Paul Kaba THIEBA qui sont tous de profils économistes ,qualifiés de technocrates.

Roch Marc Christian Kaboré et Ernest Paramanga Yonli sont les seuls premiers ministres civils de la 4è république du Burkina, qui ont été désignés à la tête du gouvernement pendant qu'ils travaillaient au Burkina. La faille générale des premiers ministres choisis de l'extérieur repose sur le fait qu'ils sont souvent en déphasage avec les réalités du pays et n'ont pas une carrure politique forte pour occuper efficacement le poste de chef de gouvernement, qui est avant tout un poste éminemment politique. L'expérience a prouvé que ce sont ces deux premiers ministres locaux qui ont été les plus percutants dans leur tâche.

Les compétences véritables existent au Burkina Faso pour le choix des chefs de gouvernement. Il ne s'agit pas de faire un mauvais procès au Premier ministre actuel Paul Kaba THIEBA, qui éprouve des difficultés réelles pour incarner la personnalité qui sied pour la fonction. Il a des difficultés de communication en plus. L'argument selon lequel le défunt président de l'Assemblée nationale Salif Diallo faisait obstacle à son affirmation, n'est pas une raison suffisante pour masquer la faiblesse de sa personnalité, qui impacte les difficultés du gouvernement à assurer l'autorité de l'Etat et à produire des résultats adéquats aux préoccupations multiformes et pressantes des populations du Burkina Faso. Il faut savoir en tirer les conséquences, tout en le remerciant pour sa volonté de bien faire, contrariée par le réalisme du terrain qu'il n'arrive pas à maîtriser.

Il importe que dans la formation du prochain gouvernement, le Président du Faso prenne soin d'examiner les critères de compétences des membres du gouvernement. Faire un bon dosage entre anciens et jeunes, en fonction des expériences avérées des ministres à responsabiliser. Prendre le temps de faire des enquêtes de moralité, pour ne pas nommer des ministres impliqués dans des scandales financiers et des comportements contraires aux bonnes mœurs. S'il n'est pas nécessaire que les profils des ministres soient ceux en fonction de la spécificité de leurs ministères, il importe par contre de faire en sorte que tous les secrétaires généraux soient des spécialistes des secteurs ministériels. En effet, les secrétaires généraux sont et doivent demeurer les substances grises des départements ministériels. Il faudrait lutter contre la tendance systématique des ministres à chasser tous les secrétaires généraux, DAAF, personnes en charge des marchés publics dès qu'ils n'ont pas nommés. Si ces cadres ne sont pas impliqués dans des gabegies, on ne doit pas les changer à tout moment comme des chemises, car, un tel agissement masque mal des velléités de corruption, de népotisme et de politisation de l'administration publique. L'administration publique est une continuité de l'Etat et non la chasse-gardée d'une bande de copains et de coquins. Pour la crédibilité de son régime, le Président Kaboré devra combattre ces mauvaises pratiques, afin de rétablir une gouvernance vertueuse, axée sur la culture du résultat et de la redevabilité.

L'Assemblée nationale a souvent critiqué des incohérences dans des actions du gouvernement. Par conséquent, si le gouvernement ne se dote pas de ministres compétents pour bien penser et élaborer des projets de lois, le parlement ne manquera pas de rejeter en bloc et avec fracas certains dossiers, surtout que la majorité n'a plus une personnalité emblématique au Parlement , comme le défunt président, pour pouvoir mener des débats contradictoires forts, face à une opposition très volubile et expérimentée en la matière. Il faut éviter le spectre d'un gouvernement et d'une majorité présidentielle faibles, face à une opposition qui monte en puissance. Il en résultera un débat démocratique déséquilibré, qui pourrait être source d'instabilité que personne ne souhaite. Oui au jeu démocratique à plein régime et à l'alternance par les urnes.

Le Président Kaboré est à la hauteur de relever ce défi, pourvu qu'il soit vigilant pour ne pas être l'otage de courtisans opportunistes et régionalistes, mal inspirés et incompétents notoires.

Par un citoyen
Issa Fidèle Coulibaly


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