
La FIFA a décidé, le 6 septembre dernier, de faire rejouer le match Afrique du Sud-Sénégal, en éliminatoires du Mondial 2018, parce qu'elle estime que « l'arbitre a volontairement manipulé le match » en accordant un pénalty aux Bafana Bafana. Une première qui révolte les dirigeants du football des trois autres pays, Burkina, Cap-Vert, Afrique du Sud, membres du groupe D qui voient en cette décision un coup de pouce aux Lions dans la course au Mondial 2018. L'Union nationale des supporters des Etalons (UNSE) est aussi écœurée par l'acte pris. Mais impuissante face à cette « décision sans appel » de la FIFA, elle s'en remet au Bon Dieu pour rendre justice au Onze national qui est en tête du groupe. Il le fait savoir dans cette interview. Il y revient également sur l'union des supporters, l'autonomisation de la structure et bien d'autres sujets. Lisez !
Comment se porte aujourd'hui l'UNSE ?
L'UNSE se porte très bien. Depuis la créature de la structure, les supporters se mobilisent de plus en plus à travers ce cadre pour soutenir les Etalons.
Je dirai même que l'UNSE se porte encore mieux parce que la mobilisation du 5 septembre dernier (Ndlr, lors du match Burkina-Sénégal en éliminatoires de la Coupe du Monde 2018), était sans précédent. Nous avons voulu et préparé cette mobilisation parce que pendant deux semaines, nous avons fait des répétitions au stade, le jour du match, nous avons organisé une caravane qui a sillonné les grandes artères de la ville de Ouagadougou en vue d'inciter les gens à venir au stade. Heureusement, les gens nous ont compris, ils sont venus massivement soutenir les Etalons.
Cependant en juin, le Bureau national des supporters des Etalons a vu le jour sous l'impulsion de Mahamdi Kouanda qui, du reste, a demandé la dissolution de l'UNSE. Peut-on dire que tout est maintenant rentré dans l'ordre ?
Comme vous l'avez remarqué, depuis sa sortie dans les médias, nous n'avons rien dit. C'est parce que nous souhaitons ne rien dire sur cette structure. Notre objectif est de pouvoir mobiliser les supporters afin qu'ils poussent les Etalons à des victoires.
Lors de la troisième journée des éliminatoires du Mondial 2018, des membres de l'UNSE n'ont pas pu se rendre à Dakar pour soutenir les Etalons…
En parler n'a plus d'intérêt. Dieu merci, nous avons obtenu un match nul (Ndlr 0-0) là-bas et aussi un nul (Ndlr 2-2) à Ouagadougou. Nous allons maintenant nous organiser pour les matchs à venir.
On parle plus en plus de l'autonomisation de l'UNSE. Comment la rendre réelle ?
Ce sera une bonne chose de nous rendre autonomes. Mais il va falloir que le Ministère et la Fédération nous aident à avoir un sponsor. Si vous vous rappelez, au temps fort de la crise au sein de l'UNSE, le Ministre des Sports de l'époque, Jean-Pierre Palm, avait adressé une note aux sociétés pour leur dire de ne plus céder favorablement à toute demande de sponsoring venant de qui que ce soit. Parce que le Ministère ne soutenait pas la démarche. Les gens ont toujours cela en mémoire. Mais si le Ministère et la Fédération s'impliquent, on pourra avoir des sponsors dont l'appui nous rendra autonomes. Sinon on ne décide pas du jour au lendemain d'être autonomes et le devenir.
Déjà, nous avons initié certaines activités visant à permettre d'avoir des fonds dans nos caisses. Nous assurons à l'heure actuelle, l'essentiel de nos dépenses et nous pensons qu'avec la vente des cartes de membres UNSE, nous pourrons encore être plus autonomes.
Le Burkina a fait deux matchs nuls face au Sénégal. Comment avez-vous vécu le match du 5 septembre ?
Je savais que le match du 5 septembre allait être très difficile. Les analystes l'avaient même prédit. Le Sénégal a des joueurs qui évoluent dans de grands clubs européens. Mais notre Onze national a démontré que sa troisième place à la CAN 2017 n'était pas un fait du hasard. Les deux nuls le confirment amplement. Je pense même que l'expulsion de Dayo Issoufou a beaucoup favorisé ce nul. Sinon les Etalons auraient remporté le match.
Les Etalons, avec 6 points +2, sont désormais talonnés par le Cap-Vert, 6 points -2. Pensez-vous que le Onze national a toujours ses chances intactes dans cette compétition ?
Bien sûr que les Etalons ont toutes leurs chances dans ces éliminatoires. Personnellement, et je pense que le peuple aussi, je fais confiance aux nôtres pour se qualifier à la Coupe du Monde 2018.
Mais cet espoir peut être douché par la décision de la FIFA de faire rejouer le match Afrique du Sud-Sénégal en novembre prochain. Comment accueillez-vous cette décision ?
Je suis surpris par la décision. Cela fait plus de 30 ans que je suis dans le football, mais c'est la première fois que je vois une telle décision. Maradona a marqué un but de la main, Thierry Henry a également joué de la main pour permettre à la France de se qualifier au Mondial 2010 mais ces matchs ne se sont pas rejoués. Plus récent encore, contre le Ghana, Suarez a arrêté une balle de but de la main, ce qui a éliminé les Ghanéens en quarts de finale la coupe du Monde 2010, mais le match n'a pas été rejoué. C'est vraiment une première. Mais comme on le dit « le Dieu des opprimés ne dort pas ». Et s'il plait à Dieu, l'Afrique du Sud battra le Sénégal lors des deux prochains matchs.
Etes-vous donc confiant ?
Oui. Je suis confiant que les Etalons iront à la Coupe du monde 2018.
Les Etalons affrontent prochainement l'Afrique du Sud puis le Cap-Vert, comment voyez-vous ces matchs ?
Ces matchs seront difficiles. Le Cap-Vert qui a maintenant le même nombre de points que nous croira aussi ses chances de se qualifier. L'Afrique du Sud voudra refaire son retard ne serai-ce que pour sauver son honneur. Mais ce qui est rassurant c'est que la plupart des joueurs absents lors des matchs seront de retour. Le capitaine Charles Kaboré qui était suspendu pour cumul de cartons sera revenu. Issoufou Dayo sera absent au prochain match mais je fais confiance à Paulo Duarte, qui a l'expérience, pour trouver la personne qui va faire le travail. Nous ferons, s'il plaît à Dieu, deux victoires à nos deux prochains matchs.
Je félicite les joueurs pour le travail qu'ils font pour nous donner de la joie et de l'espoir. Je remercie pour les personnes et structures qui soutiennent les Etalons, l'UNSE dans leur travail. Mon merci au président du Faso, au Mogho Naaba, au gouvernement. Et je prie Dieu qu'Il donne la qualification aux Etalons et nous permette de vivre cette première expérience à une Coupe du monde.
Propos recueillis par Jacques Théodore Balima
Lefaso.net