Le débat sur la modification probable de l'article 37 et la création du sénat fait rage dans les milieux politiques et « intellectuels » du Burkina. Qu'en est-il à la base, notamment du côté des commerçants ? C'est l'esprit qui a guidé notre passage au grand marché de Bobo-Dioulasso. Et, à la lumière des réponses des interviewés, on peut dire qu'il y a un véritable hiatus entre le milieu politique et le monde des commerçants de Bobo.
Que dit l'article 37 de la constitution du Burkina Faso ou encore êtes-vous pour ou contre la création du sénat ? Ce sont là, deux questions qui ont été posées à quarante commerçants du grand marché de Bobo-Dioulasso dont 20 femmes et 20 hommes.
Des réponses on retiendra que les commerçants ont d'autres préoccupations que les politiques et autres étudiants. Puisque sur les 40 interviewés, seulement 05 personnes dont une femme ont pu donner une réponse approximative à la question « Que dit l'article 37 de la constitution du Burkina Faso ? ». Ils ont fait le lien entre cet article et la limitation du nombre de mandat présidentiel. Pour les 35 autres, l'article 37 c'est du bleu.
De l'article 37 au sénat, le désintéressement est le même. Sinon pire. Puisqu'à la question, êtes-vous pour ou contre la mise en place du sénat ?, toutes les personnes interviewées ont demandé d'abord à savoir ce que c'est que le « sénat ». Bien que le projet de loi organique portant organisation et fonctionnement du Parlement burkinabè ait été adopté par l'Assemblée Nationale quelques heures au préalable.
Blaise en question ?
Après une explication de l'article 37 et son enjeu d'ici à 2015, des commerçants ont bien voulu se prononcer sur l'éventuel départ ou non du président Compaoréà la fin de son deuxième mandat. A cet exercice, les positions sont un peu mitigées ou du moins chez les hommes. « Avec Blaise on a la paix, il est devenu sage et côté argent, il n'a plus besoin de piller le peuple », c'est des raisons avancées par des partisans de la modification de l'article 37 qui pensent qu'on doit garder Blaise Compaoréà Kossyam en attendant la « volonté de Dieu ».
« Il est temps qu'il parte, qu'il s'en aille. Même si on va le regretter, moi je préfère un autre président ». Foi de Alidou Ouédraogo, ignorant de l'article 37 mais foncièrement opposéà sa modification. Comme lui, 14 personnes sur nos 40 approchées pensent qu'il est temps que le « Blaiso » laisse le pouvoir à un autre burkinabè.
Au regard de ce mini sondage, on peut dire que les politiques, surtout ceux de l'opposition ont du boulot à faire. Les commerçants étant paradoxalement les plus actifs dans les activités politiques à Bobo-Dioulasso.
Ousséni Bancé
Lefaso.net