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Homicide à Kamboinssin : Un mécanicien-auto écrase un employéà Kamboinsé

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Un drame, à la fois horrible et incompréhensible, a endeuillé le 26 avril dernier, la société Groupe Joseph Farah et frères à Kamboinsé (quartier périphérique situéà quelque 15 km du centre-ville de Ouagadougou). Comme un essaim d'abeilles, la foule a envahi la cour, qui, pour brûler les installations de la société, qui pour exiger l'inhumation de la victime dans l'enceinte du service à l'effet de faire porter le forfait dans la conscience du présumé coupable. La tension était palpable à Kamboinsé toute la nuit du vendredi 26 avril 2013.

Groupe Joseph Farah de Kamboinsé est mort le 26 avril dernier. Son thorax et sa hanche ont été littéralement broyés par un camion-benne appelé« dix roues » dans l'enceinte même de la cour de la société. Il était 16 h passées. Lassanéétait magasinier à la société spécialisée dans la construction de route, des Bâtiments et travaux publics (BTP) appartenant à un Libanais. En fait, le véhicule venait de sortir des services techniques de la douane à Ouagadougou. C'est Abdoulaye Kaboré, vigile de la société et témoin principal de l'homicide, qui a ouvert le portail pour que le camion, non immatriculé, accède à l'intérieur de la cour. "Il était conduit par Alim, mécanicien-auto dans la société", confirme le gardien. A côté de lui, dans la cabine, Amadé Nikiéma, un employé, avait pris place. Une fois à l'intérieur de la cour, pourtant si vaste, le sieur Alim passe le camion à de nombreux et bruyants essais mécaniques. Il « s'amuse », selon les termes de nombreux témoins, à matérialiser des traces circulaires sur le sol avec les pneus du camion qui roulait à vive allure. Nous avons personnellement constaté la présence de nombreux sillons de pneus sur le sol. « Le camion vrombissait si fort au point que, même de dehors, je voyais me parvenir une épaisse poussière….C'était un exercice mécanique périlleux et fort risqué», avoue, les larmes aux yeux, Arouna Tiendrébéogo, un autre témoin qui dit se rappeler avoir recouvert le corps de la victime avec une natte. Quelques instants après, Lassané Ouédraogo, le magasinier, arrive dans la cour où le « chauffeur » continuait à s'adonner à son « jeu » avec le camion. A l'entrée, à droite, se dresse la maisonnette du vigile. Le magasinier se met à converser avec le gardien. Mais à peine, a-t-il commencéàéchanger avec celui-ci que son portable s'est mis à sonner. Au téléphone, un de ses employeurs lui demande d'aller chercher une pièce d'auto. La pièce demandée se trouve dans le magasin, de l'autre côté de la cour. Pour y accéder, Lassané doit traverser la cour où se déroulait toujours l'« exercice » avec le camion. Alors qu'il marchait pour regagner le magasin, Alim « fonce » sur lui avec le mastodonte. De la tête, Lassané lui fait un premier signe de désapprobation. Le « chauffeur » n'en a cure ! Il dirige, une deuxième fois le véhicule sur le magasinier qui secoue, à plusieurs reprises, la tête pour marquer encore sa désapprobation. En définitive, Lassané arrive à«échapper »à cet « essai » curieux. Il rentre dans son magasin. Sorti du magasin et parvenu juste au milieu de la cour, Lassané Ouédraogo « tombe nez à nez » encore avec le camion qui se dirige à vive allure sur lui. La benne le percute, le renverse et broie littéralement son thorax et sa hanche. Le camion va ensuite s'arrêter et stationner à une cinquantaine de mètres du lieu où s'est passé l'homicide (nous avons été sur les lieux). Et selon toujours Abdoulaye Kaboré, le vigile-témoin de la scène, le chauffeur, après son forfait, serait descendu du camion et « criera à gorge déployée » le nom de la victime dans un dernier espoir de le voir se relever. Peine perdue ! Lassané a été tué sur-le-champ. Mort le vendredi 26 avril aux environs de 16h, il sera inhumé au petit matin du samedi 27 avril 2013. A notre passage le 1er mai, la sociétéétait restée fermée. Un bandeau noir porté sur le grand portail indiquait que le personnel était en deuil. Lassané Ouédraogo avait 35 ans. Il vivait en concubinage avec une femme à Tampouy. Il n'avait pas encore d'enfant avec elle (mais selon une source proche de la direction de la société, la victime a eu un enfant bien avant de connaître son actuelle copine).

Homicide volontaire ou involontaire ?

Après le forfait, Alim et Amadé Nikiéma, celui-là même qui était à bord du camion avec le présumé coupable, s'empressent de regagner un autre véhicule. Ils s'y engouffrent et se dirigent vers le centre-ville de Ouagadougou. Selon toujours le gardien, le véhicule des « fuyards »était conduit cette fois par Amadé Nikiéma. Ont-ils fui pour échapper à la grogne des populations de Kamboinsé qui, très rapidement, ont essaimé la cour dans le dessein de porter le feu à la société ? Alim et son « compagnon » ont-ils quitté les lieux parce qu'ils viennent de prendre conscience des conséquences de leur forfait ? Alertée, la gendarmerie de Pabré arrive sur les lieux pour le constat d'usage. Très vite, la nouvelle du décès de Lassané se répand dans la ville de Kamboinsé où la victime était relativement connue. La cour est prise d'assaut par les populations. « J'ai vu arriver un renfort de policiers plus tard sur les lieux », se rappelle notre informateur. Les uns exigeant vengeance. La population va même jusqu'à« décréter » une fatwa : la victime sera inhumée dans la cour de la société pour que le « Libanais » (c'est par ce nom que la foule désignait le présumé coupable) porte ad vitam aeternam le deuil du magasinier. Mathieu Ouédraogo, le frère aîné de la victime, assommé par la mauvaise nouvelle, accourt sur les lieux. « C'est un ami de la victime qui m'a tenu informé», explique le grand frère de Lassané qui dit se rappeler avoir soulevé la natte qui recouvrait la victime pour la regarder pour la dernière fois. « Mon petit frère était méconnaissable à la hauteur du thorax et de la hanche », indique, la gorge nouée de douleur, Mathieu Ouédraogo. « De ses oreilles et sa bouche, perlait du sang », ajoute le vigile, témoin oculaire de cet accident. Issa Ouédraogo, l'oncle de la victime, et Souleymane Ouédraogo, ami de longue date du défunt, tous, se sont transportés sur les lieux. Quant à Zénaba Kontiliguissonko, la copine du disparu, elle pleure dès que quiconque se met à rappeler le souvenir de son mari. Refusant de prendre place dans le fauteuil, elle préfère s'asseoir à même le sol dans la salle de séjour de leur appartement à Tampouy. Elle dit vivre avec son mari, il y a seulement trois ans. « Nous projetons de porter plainte contre Alim que les témoins ont identifié formellement comme étant l'assassin de mon mari », confie-t-elle, les yeux rougis par les pleurs. Nous avons appeléà plusieurs reprises Alim, le présumé coupable au téléphone. Il ne nous a jamais décrochés ! Aux dernières nouvelles, Alim a été arrêté et écroué.

Idrissa NOGO babssonnogo@yahoo.fr

Sidwaya


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