Phénomène récurrent dans la plupart des écoles et collèges du Burkina, la crise des filles qui a commencé depuis plus de trois ans n'a pas encore eu de solution. De nos jours, l'inquiétude est grandissante au sein des parents d'élèves. Nul n'est à l'abri de la situation. Qu'est-ce que « la crise des filles » ? Quelles peuvent être les causes profondes de ce mystère ? Quels sont les points de vue de certains acteurs de l'éducation ?
Quand on parle de crise des filles dans les milieux scolaires, que faut-il entendre exactement ? Pour répondre à cette question, nous dirons que cette crise est un phénomène qui ne se produit que sur des filles en cours de scolarisation. Elle se manifeste par un évanouissement brutal et inexpliqué des victimes. Ce sont les filles âgées d'au moins 11 ans qui sont généralement « touchées ». Ce problème qui a commencéà prendre de l'ampleur depuis plus de trois ans, affecte considérablement la majorité des établissements primaires et secondaires de notre pays. Que ce soit à Ouagadougou, à Gaoua, à Koloko dans le Kénédougou, à Bobo-Dioulasso, le phénomène est omniprésent. A Bobo par exemple, certaines écoles du secteur 24 de Bobo, du quartier Accart-ville, le collège des jeunes filles de Tounouma, le lycée National de Bobo, le lycée Ouezzin Coulibaly, ainsi que de nombreux autres collèges d'enseignement public et privé de la ville de Sya l'ont connu. Le lycée Cheick Anta Diop par exemple est sérieusement atteint avec 129 victimes en cette année 2013. Le lycée mixte d'Accart-ville enregistre actuellement plus de 50 cas en cette année 2013. La liste des écoles et collèges n'est pas exhaustive. Voici une situation angoissante et inquiétante qui oblige souvent à faire appel immédiatement aux parents d'élèves lorsqu'il s'agit des cas les plus graves.
A l'école Colsama “B” de Bobo-Dioulasso, des filles en ayant été victimes ont témoigné : « j'ai vu un vieux aux pieds jaunes, à la barbe très longue jusqu'aux pieds, qui fonçait sur moi, j'ai eu très peur et voilà…». Une autre affirme avoir vu un jeune homme qui venait vers elle, et... elle ne s'est plus rappelée de la suite. Si cette situation perturbe les cours, il faut craindre pour la période des examens de fin d'année. Quelles peuvent être donc les causes « de la crise des filles ?»
Interrogés sur la question, des agents de santé laissent entendre qu'il ne s'agit probablement que d'une hystérie qui est en train de se manifester au niveau de ces filles. Cette version convainc-t-elle ? A partir du moment où on se rend compte que « la crise des filles » touche parfois plusieurs élèves aux mêmes moments. Ce qui ne semble pas être les symptômes d'une hystérie.
En dehors des « hommes de santé», certains avancent la thèse de crises d'asthme qui attaquerait de nombreuses élèves, une fois qu'elle se déclenche chez une d'entre elles. Mais ils sont nombreux ceux à penser comme bon nombre de traditionnalistes à un mystère, un phénomène qui dépasse le raisonnement médical et scientifique puisqu'il n'y a pas de signe d'une maladie avérée que l'on peut diagnostiquer. La thèse d'un phénomène dûà des génies est aussi soulevée. Un religieux affirme que le phénomène était apparu depuis fort longtemps dans ses visions.
Quelles sont les solutions actuelles envisagées ?
Dès le départ, les responsables d'établissements faisaient appel à certains services de secours tels que les sapeurs-pompiers pour l'évacuation des différents cas. Cela n'a pas été toujours facile à cause du nombre accru de « malades » par jour. Dans tous les cas, ce phénomène n'est pas aussi simple que le croiraient certains. Il n'est pas du tout à négliger. Que nos chercheurs se mettent au travail, afin de dégager durablement nos enfants de ce bourbier, dont nous ignorons les conséquences futures. Affaire à suivre.
M. KOUL
L'Express du Faso