Les citoyens burkinabè paient-ils trop ou pas assez d'impôts et taxes à l'Etat ? Si les premiers concernés ont le sentiment qu'on leur en demande beaucoup, ce n'est pas toujours le cas pour les pouvoirs publics ; ces derniers estiment au contraire que tout est mis en œuvre pour ne pas peser sur le contribuable.
‘'Tva, iuts, tpp, redevance télé, péage routier, tpa''… Elle est longue la liste des impôts et taxes auxquels sont assujettis les contribuables burkinabè. Une situation qui suscite bien souvent la colère des citoyens.
Pour eux, l'Etat exerce une pression fiscale importante à leur encontre. Ce qui les pénalise fortement. Mieux encore, ils ont parfois l'impression que par des voies déguisées, on veut leur faire payer doublement.
Ce fut le cas avec la Taxe de développement communal, la fameuse ‘'TDC'' qui a étéà l'origine de troubles en 2011.
Sous la pression de la rue, le gouvernement a finalement fait marche-arrière. Même récrimination au niveau des entreprises ou la question revient régulièrement dans les discussions avec les pouvoirs publics. A chaque nouvelle loi de finance, l'on assiste à des séries de rencontres entre le ministère de l'économie et des finances et les patrons autour de l'allègement des charges fiscales.
La norme Uemoa pas respectée
La question qui se pose dans ce cas de figure, c'est celle de savoir si dans la situation actuelle, l'état exerce une trop grande pression fiscale sur le citoyen ?
A cette interrogation, le gouvernement répond par la négative. En se basant en particulier sur la norme en vigueur dans l'espace Uemoa. Elle est fixée selon toute vraisemblance à 22%.
Mais au Burkina ce taux (de pression fiscale) serait actuellement de 17% ; c'est-à-dire 5 points en dessous du seuil communautaire.
Par cette formule aux allures de plaidoyer, les autorités veulent sans aucun doute montrer qu'elles tiennent compte de la réalité de l'environnement social et économique actuel.
Payer pourquoi et pour quoi faire ?
Sur un autre terrain en revanche, les pouvoirs publics plaident toutefois pour un élargissement de l'assiette fiscale.
En incitant notamment les populations et les entreprises à faire preuve de civisme et de patriotisme. Ici ou là la technique consiste à mettre en avant les ressources limitées du pays pour justifier le besoin de recourir à la voie de l'imposition pour dégager des ressources propres.
Mais cela sera-t-il suffisant pour calmer la grogne ? Pas évident. Car pour bien de gens en effet, le débat se situe parfois moins sur la pertinence des impôts et taxes en vigueur que sur l'usage qui en est réellement fait. Surtout au regard du niveau de corruption dans le pays.
Juvénal Somé
Lefaso.net