Plus rien ne va au grand marché de Bobo-Dioulasso. Manque de gestion rigoureuse, occupations anarchiques, absence d'éclairages, encombrement des sous-toitures par des emballages et des produits périmés, débordement des parkings, constructions des kiosques métalliques et en bois non-autorisées, installations et distributions anarchiques d'électricité…. Bref, la liste est loin d'être exhaustive. Si rien n'est fait, à en croire certains commerçants, les risques d'incendie sont énormes. Avec tout ce que cela peut comporter pour l'économie de Bobo.
Le constat n'est pas digne d'un marché qu'on prend en exemple. Les installations au marché central de la ville de Bobo-Dioulasso sont plus qu'intolérables. Un désordre voulu et entretenu, de l'avis de certaines personnes qui ont requis l'anonymat. En effet, cette question, selon toujours des personnes proches du marché, remonterait à juin 2011, lorsque l'ex-directeur Frédéric Sidibé est parti à la retraite. Aboubacar Sidiki Traoré, affectueusement appelé TBS, qui était le président de la Commission finances et économique à la commune de Bobo-Dioulasso, président du Comité de gestion du marché a été retenu pour assurer son intérim. Reconduit à la même Commission, il assure encore aujourd'hui les trois fonctions. Il est vrai que les choses n'étaient aussi « roses »à l'époque de Frédéric Sididé, mais soutient un commerçant : « elles ne font que se dégrader de jour en jour sous le règne de TBS ». Ainsi, le grand marché vivrait dans une grande insécurité, en raison de l'occupation anarchique des commerces à l'intérieur comme à l'extérieur. De plus, la distribution dangereuse d'électricité ressemble fort aujourd'hui à une légalité. La quasi-totalité des allées sont recouvertes de bâches alors qu'il est connu de tous qu'elles peuvent être sources d'incidents parce que très inflammables. Des responsables du Comité de gestion attribuaient à leur gré des emplacements à X ou Y. Aussi, à en croire certains commerçants, les anarchistes sont plus autoritaires que les concessionnaires de boutiques et de tables. On note que sous la halle centrale, des kiosques en matériaux divers très inflammables sont en train d'être érigés que cette même halle manque d'électricité depuis un certain temps….
A la question donc de savoir pourquoi une telle réalité qui n'a que trop duré ? Le chef d'exploitation de la structure du marché explique que depuis sa prise de fonction, Traoré Aboubacar Sidiki, le président du Comité de gestion n'a tenu qu'une seule fois une réunion avec les membres de sa structure. C'était courant 2011. Depuis lors, plus rien. Le Comité comprend 17 membres dont 10 commerçants et 7 de l'administration. Adama Traoré déplore cependant l'abscence de cet espace de rencontre qui permet de poser et de régler certains problèmes au niveau du marché. Il se défend en disant que pour sa part, il recense autant que faire ce peu tous les problèmes au niveau du marché dans un rapport qu'il adresse au président du Comité de gestion.
Maggi et Jumbo doivent plus de 20 millions à la Structure de gestion du marché
On note environ quatre grands panneaux publicitaires au sein du marché central. Ils appartiennent à la société de fabrique de produits alimentaires Maggi et Jumbo. Depuis plus de cinq ans maintenant, ces deux sociétés n'ont versé aucune somme dans la caisse de la SGM. Dans sa lettre en date du 16 novembre 2013, Adama Traoré rappelait ceci à Aboubacar Sidiki Traoré : « J'ai l'honneur de vous rappeler qu'au cours d'un entretien que nous avons eu dans votre bureau, il a été convenu de faire déposer les panneaux qui ne sont pas à jour du payement des redevances y afférentes. Les sociétés concernées sont Maggi et Jumbo qui doivent respectivement à la SGM : Maggi pour 17 864 000 (Dix-sept millions huit cent soixante-quatre mille) francs, Jumbo pour 9 720 000 (Neuf millions sept cent vingt mille) francs dont la date limite de dépôt était fin octobre 2012 ». A ce jour donc, les deux sociétés doivent un peu plus de 20 000 000 FCFA à la SGM au titre des redevances. Et visiblement, personne ne semble s'en préoccuper. Comme si de rien n'était ? Les panneaux publicitaires sont toujours bien dressés et advienne que pourra. C'est pourquoi, les propriétaires de petites boutiques se plaignent parce que disent-ils : « quand il s'agit de nous petits commerçants dont la location de la boutique est de 3000 F à 10 000 F CFA le mois, après dix mois d'impayés, nos boutiques sont mises sous scellés ».
Le grand marché de Bobo-Dioulasso, faut-il le souligner, contribue au rayonnement de l'économie de la ville de Bobo et sa région entière. Sa recette mensuelle varie entre 18 à 20 millions de francs CFA. Aussi, certains commerçants estiment qu'il faut dès à présent travailler à sauver ce qui peut encore l'être. C'est pourquoi, ils sollicitent l'intervention des plus hautes autorités, d'abord au niveau local puis ensuite au plus haut niveau. « Sinon nous ne sommes pas à l'abri d'un incendie », ont-ils fait remarquer.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso