Parce que la santé de l'homme ou même de l'animal revêt une importance vitale quel que soit d'ailleurs le pays, une grève, qui constitue au demeurant un droit fondamental, reconnu par la constitution doit pouvoir se résoudre, dans un État de droit par un dialogue social citoyen et responsable. Le droit sans la force est un leurre. De même, la force, sans le droit est une forme achevée de dictature. Il faudrait donc, sagement, faire cohabiter intelligemment la force et le droit par une reconnaissance légitime de l'autorité de l'État.
Dans le cas de l'agent de santé Monsieur Kaboré de Séguénéga, si la sanction apparaît, à première vue, légitime au regard de la déontologie médicale et des principes humanistes mélangés à la non-assistance à maman et bébé en danger immédiat de mort, laquelle mort est finalement survenue, il est à craindre que (d'un point de vue de la théorie des actes administratifs stricto-sensu, la légalité d'une telle sanction aussi brutale que satisfactoire des besoins immédiats de l'émotion ressentie par la famille des victimes et de l'opinion publique), nos autorités ´ne se soient probablement mis le doigt dans un engrenage aussi inutile que préjudiciable à la santé des plus vulnérables de nos populations déjà exposées, en temps "normal"à un déficit sanitaire récurrent. Et pour preuve, le gouvernement vient de mettre en chantier, d'ailleurs renvoyé en discussion au mois de septembre, l'assurance de santé.
S'agissant de la sanction qui frappe actuellement monsieur KABORE, notre avis est que cette sanction devait être édictée par le ministre de la Santé et non en Conseil des ministres. Et pour cause, il faut absolument éviter l'effritement de l'autorité du président du Faso, de son premier ministre, par contre coup, celle du gouvernement et, partant, celle de l'État tout court, en recourant systématiquement à cette procédure. C'est pourquoi il ne serait pas déraisonnable pour le gouvernement, en raison des conséquences prévisibles et imprévisibles d'une telle grève programmée, d'engager immédiatement et sans délai une négociation avec les responsables de ce syndicat, sous l'égide du ministre de tutelle afin de sortir de cette forme de léthargie ubuesque qui ne grandira ni les agents de la santé, ni les autorités de notre pays.
En effet, notre président, dont le "leadership international et régional est unanimement reconnu" ne peut intervenir dans des médiations peu ou prou réussies dans la sous-région et ne pas réussir à juguler ou à contenir une telle situation à l'intérieur. Ne dit-on pas que qui peut le plus, peut le moins ? Nul n'a le droit de penser par erreur ou hasardeux calcul politique, que le "pourrissement" de la situation sanitaire profitera à tel ou tel parti politique. Force devant rester au gouvernement, les négociations en vue de sortir d'une telle grève s'imposent et le dire est, une fois de plus une contribution patriotique à la paix et au fonctionnement normal des institutions républicaines de notre pays. Il n'y a pas d'autre issue honorable !
Paul Kéré, Avocat au Barreau de Nancy