Le processus de formalisation du projet de mise en œuvre de l'Assurance maladie et de développement des mutuelles sociales au Burkina marque aujourd'hui un niveau d'avancement assez important. En effet, le lancement de rencontres de concertations sectorielles et régionales y relatives en vue de susciter la mobilisation de tous les acteurs est intervenu ce 9 avril 2013 à Ouagadougou, sous la présidence du Premier ministre Luc Adolphe Tiao.
Depuis 2008, le processus de mise en œuvre du projet de l'assurance maladie et de développement des mutuelles de santé a été initié. Ce processus a connu une léthargie à un moment ; mais aujourd'hui, il marque un bond appréciable. En effet, à compter de ce jour 9 avril et ce jusqu'au 14 juin prochain, des concertations avec toutes les couches sociales de notre pays se tiendront au niveau régional. Il s'agira d'impliquer les populations en les sensibilisant par rapport au projet de l'assurance maladie, en les écoutant et en recueillant leurs préoccupations à même de permettre un meilleur recadrage dudit projet.
Il est attendu que ces concertations permettent, à tout le moins, d'emprunter le chemin approprié de façon « non précipitée mais rapide pour l'opérationnalisation de l'assurance maladie en commençant par ceux qui en ont le plus besoin ».
Les enjeux majeurs du projet assurance maladie
La mise en place d'une assurance maladie, note Luc Adolphe Tiao, « est un processus long et complexe ». Et de préciser que « son succès repose sur la nécessité d'instaurer un cadre de dialogue avec toutes les couches organisées de la population en vue de prendre en compte leurs préoccupations spécifiques et obtenir leur adhésion ». Dans ce sens, le ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale et celui de la Santé ont été particulièrement exhortés à se mettre à l'œuvre et pour la bonne conduite de ces concertations, et pour l'implication effective de toutes les couches sociales à toutes les étapes du processus.
En plus de la communication, la question du financement est un enjeu majeur, surtout dans nos pays où elle constitue malheureusement une problématique à gérer. En effet, les financements dans le cadre de l'assurance maladie doivent prendre en compte les plus pauvres et leur garantir une accessibilitééquitable à des soins de santé de qualité. En clair, avec l'assurance maladie, les populations qui sont déjà pauvres ne doivent pas s'appauvrir davantage pour bénéficier des services de santé qui doivent par contre leur être servis en fonction de leurs besoins. Mais cela nécessite la mise en place d'un mécanisme de gestion efficace et transparente ; ce sur quoi il convient de travailler dès à présent.
En tout cas, les partenaires techniques et financiers, par la voix de Djamila Cabral, représentante résidante de l'OMS au Burkina, « marquent leur soutien à la série de concertations que le gouvernement entreprend ce jour même ». « L'adhésion sera d'autant plus forte et durale que tous les acteurs seront impliqués, bien informés, bien sensibilisés, mais aussi bien écoutés », précise Mme Cabral.
Mais que peut-on attendre en réalité du projet assurance maladie et développement des mutuelles de santé ?
Avec la concrétisation de ce projet, dira le Chef du gouvernement, « notre pays disposera d'un outil supplémentaire pour améliorer les conditions de vie des populations, lutter contre la pauvreté et consolider le capital humain ».
Il s'agit en effet, dans le cadre de ce projet, de mettre en place des infrastructures solides de soins de qualité pour la prévention, le diagnostic, le traitement et la réadaptation. Mieux, le mécanisme de l'assurance maladie offre à chacun de bénéficier des services de santé en fonction de ses besoins tout en payant en fonction de ses moyens.
Déjà, les partenaires techniques et financiers disent être « convaincus que la mise en place de l'assurance maladie au Burkina Faso va contribuer à la promotion de l'accès aux soins ». Ce qui, selon eux, « constituera un grand pas vers la couverture sanitaire universelle ».
Avant de rassurer quant à la disponibilité renouvelée des organisations de la société civile actives dans la promotion des mutuelles sociales à s'investir dans ces concertations enclenchées, Juliette Compaoré note que « la mise en œuvre de l'assurance maladie et l'extension des mutuelles de santé vont permettre de toucher toutes les couches de la population » afin qu'elles bénéficient d'un minimum de protection sociale.
En attendant, indique le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Vincent Zakané, « tous les paramètres recueillis à l'issue des concertations seront intégrés dans la décision finale qui va se prendre sous forme de loi à la prochaine session de l'Assemblée nationale » dont l'ouverture interviendra le dernier mercredi du mois de septembre 2013.
Fulbert Paré
Lefaso.net