Scène de violences à l'université de Ouagadougou ! Une de plus, une de trop. Lundi dernier, alors que le Premier ministre s'était déplacé en personne sur les universités de Zogona et de Ouaga 2 pour être témoin de l'avancée des travaux de construction des infrastructures, il a été pris à parti par une horde d'étudiants qui tenaient coûte que coûte à faire avorter ce contact direct entre le chef du gouvernement et les acteurs de l'enseignement supérieur.
Ils ont peut être réussi puisque la cérémonie ne s'est pas déroulée comme initialement prévue. Le chef du gouvernement et sa suite ont fini par déplacer certaines rencontres au premier ministère. Au lieu de se cacher de tels actes à la limite du hooliganisme, certains des acteurs se pavanent fièrement et crient à qui veut les entendre qu'ils ont réussi une prouesse.
Ah si le ridicule tuait ! Car à l'évidence, ils ont effectivement réussi une prouesse. Celle de jeter le discrédit sur les associations d'étudiants, perçues désormais par l'opinion comme des bandes d'extrémistes qui veulent tout sauf la réussite dans les universités.
Il ne fait pas de doute, que les espaces universitaires appartiennent avant tout aux étudiants, mais cela ne doit pas en faire une zone interdite à d'autres personnes surtout pas aux personnalités étatiques. Il est du devoir de l'Etat et de ses dirigeants de ne pas laisser les universités continuer de sombrer dans le désordre. C'est donc de bon aloi que les plus hautes autorités prennent la question à bras le corps.
Et le déplacement du Premier ministre est la preuve du grand intérêt que l'Etat burkinabè porte à la question des étudiants. Ailleurs, on aurait applaudi à tout rompre de voir le chef du gouvernement venir toucher du doigt de lui-même le quotidien des universitaires.
L'art de vouloir une chose et son contraire
C'est pourquoi, lundi dernier, on aurait mieux compris les étudiants s'ils pestaient contre le fait que le chef de gouvernement ne vient pas assez souvent sur le campus. Et même là, pas avec la violence aveugle qui a été servie. Car en définitive, les étudiants ne savent peut être plus ce qu'ils veulent.
Alors qu'ils se plaignent du manque d'infrastructures en même temps, ils détruisent le peu dont ils disposent. Pire, ils ont voulu empêcher le chef du gouvernement de venir mettre la pression sur les entrepreneurs afin que les travaux de constructions de nouveaux bâtiments avancent vite pour mettre à leur disposition d'autres cadres de formations.
De même, les étudiants souhaitent, voire exigent, que le gouvernement se préoccupe davantage du sort des enseignants et au même moment, ils troublent les cérémonies de décorations, reconnaissance suprême de l'exécutif au travail abattu par ces enseignants.
Car, en allant féliciter ces derniers, le Premier ministre a simplement voulu les exhorter à aller de l'avant et leur traduire la reconnaissance du gouvernement pour tous les sacrifices. L'heure du changement de mentalité a sonné. Les étudiants doivent évoluer avec leur temps. C'est pourquoi ils doivent comprendre qu'il est à jamais révolu le temps des casses.
En procédant à des destructions des biens publics et particulièrement universitaires, ils font certes du tort à l'Etat et à la nation mais c'est d'abord à leur avenir qu'ils portent préjudice. Dans un monde globalisé, ils pourraient ne pas tenir le coup de la rude et âpre concurrence qui se dessine à l'horizon quand toutes les frontières vont tomber laissant la place à une intégration des nations.
Ce sont donc leur propre chance de réussite de demain qu'ils sont en train de compromettre en voulant faire du tort à l'Etat sans oublier en outre que l'Etat c'est tout le monde et personne. L'heure est donc venue pour les étudiants consciencieux de prendre leur destin en main en se démarquant fermement de telles pratiques aux antipodes de la lutte pour leur mieux être.
Car effectivement, il est un droit pour les étudiants comme pour toutes les autres couches sociales de s'organiser et de lutter pour l'amélioration de leurs conditions de vie.
Cependant, cette honteuse scène du lundi dernier ne donnera pas, comme un coup de bâton magique, la solution aux problèmes que vivent les étudiants. Il va falloir tôt ou tard s'asseoir et se parler. Tôt ou tard. Et dans l'intérêt des étudiants, de la nation entière, mieux vaut tôt que tard.
Talato BAMOGO
Par : L'Hebdomadaire du Burkina