Dix jours que ça dure. Rien de concret ne s'est encore pensé. Ni la direction générale de l'Office nationale de télécommunication (Onatel), encore moins l'Etat n'ont donné d'explications. On pourrait alors dire que la grève du syndicat des travailleurs de ladite compagnie de téléphonie ressemble fort à un dialogue de sourd.
En tout cas c'est tout comme. En sit-in vendredi dernier, ils réclament leur droit : l'application simple du décret n°2010-810/PRESS/PM/MTSS portant fixation de prime d'ancienneté, signé en bonne et due forme par le premier magistrat du Faso, Blaise Compaoré. Depuis donc 2010, cette loi n'est jamais ou pas encore mise en application par les responsables de l'entreprise. Pourquoi ? On ne saurait répondre mieux qu'eux (les responsables de l'Onatel), et peut-être aussi l'Etat. Ce qui est normal, c'est que les travailleurs, à notre sens, mènent une lutte noble. On ne peut pas continuer, affirment-ils d'ailleurs, à fouler au pied les valeurs intrinsèques des lois… qui régissent une République, un Etat de droit. Autant cette tension sociale a des répercussions sur le chiffre d'affaire de la « boite », autant il en a sur les abonnés et autres usagers de la nationale des télécommunications. La désolation se perçoit de jours en jours dans les banques.
« Ayez Pitié de nous », lâchait un citoyen qui, depuis le 25 du mois, n'arrive pas à honorer ses engagements mensuels. Dur dur donc… de rentrer en contact avec un parent ou un proche avec le réseau Telmob. Cependant, la question qui taraude les esprits est le rôle exact de la ligue des consommateurs. Elle qui, à priori, s'est donnée pour mission, la lutte pour le respect des droits des consommateurs. Dans pareilles situations, quel comportement adopter vis-à-vis des consommateurs, mais aussi des deux belligérants ? Peut-être rien pour les dernières cités. Mais des mots d'assurance à l'endroit des consommateurs ne feront pas de mal. Ce sont d'ailleurs des occasions à ne pas rater, puisqu'elles peuvent servir à donner de la visibilité aux actions que mène la ligue, lorsqu'on sait qu'ils sont nombreux, les Burkinabè qui ignorent l'existence d'une ligue dite des consommateurs, puisque, apparemment, elle ne fait rien pour eux.
Peu de contrôle dans la qualité des produits alimentaires, peu de suivi dans la sécurisation alimentaire… et rarement des actions de sensibilisation ou de formation sur les droits et les devoirs des consommateurs. Ce serait sans doute l'occasion d'expliquer le comportement que peut adopter le consommateur quand ils constatent que ses droits sont lésés. Comme justement dans ce cas précis avec la grève de l'Onatel, qui coïncide malheureusement avec une période sensible (fin du mois) où les travailleurs sont dans un besoin impérieux, ou encore qu'il s'agit d'un moment, où pratiquement, tous les regards sont tournés vers le pays du fait de la tenue du Festival panafricain du cinéma (Fespaco). Un rendez-vous cinématographique qui draine autant de monde dans la capitale et dont la plupart sont appelés à utiliser le réseau (téléphone ou internet). Voilà, du travail à faire pour la ligue des consommateurs, plutôt que de se tirer dessus à boulets rouges pour des histoires de leadership.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso