Ce vendredi, la Cour d'Appel de Ouagadougou a renvoyé au fond pour le 22 mars 2013 le procès en appel de notre confrère Lohé Issa Konaté. Le directeur de publication de l'hebdomadaire ‘'L'Ouragan'' a été condamné depuis le 29 Octobre 2012 à une lourde peine d'emprisonnement. Pour diffamation et outrage par voie de presse du Procureur du Faso, Placide Nikièma. Et la présente décision de la Cour d'appel ouvre la voie à un autre jugement de l'affaire. En bonne et due forme.
Et à la satisfaction de l'avocat de l'accusé, Halidou Ouédraogo, qui a d'ailleurs formulé une demande dans ce sens. « Il a été condamnéà une peine d'amande assez lourde, près de 5 millions. C'est la première fois qu'un journaliste se voit infliger une peine de 12 mois. C'est vrai que nous ne le protégeons pas entièrement parce qu'effectivement il a commis des fautes. Mais qui ne commet pas de fautes ?
En plus il a demandé des excuses. Les extraits ont été publiés dans les journaux. Ses confrères se sont mobilisés autour de lui pour l'accompagner et demander pardon. Le Conseil supérieur de la communication a également demandé pardon.
C'est quand même un ensemble de situations qui militent en sa faveur. Qu'on réexamine le dossier au fond et que l'on voit ce que l'on peut faire au regard de toutes ces choses. Si on peut lui donner une peine symbolique, il n'y a pas de problème », a-t-il indiqué.
Demande de liberté provisoire introduite
Et de rappeler : « Cela se passe à un moment où dans la sous-région et dans le monde on travaille à l'abolition des délits de presse. Dans les pays qui nous entourent déjà (au Togo, en Côte d'Ivoire, un peu partout), on n'envoie plus un journaliste en prison parce qu'il a écrit.
Ici, également, le Premier ministre, lors de sa rencontre avec les corps constitués, a dit que la loi est presque prête. Il ne reste plus qu'à l'envoyer à l'Assemblée nationale. Dans ce cadre, je pense qu'ensemble, aussi bien les autorités publiques, les acteurs de la justice et de la démocratie devaient suivre le mouvement.
Nous, nous défendons notre client, il est vrai. Mais, il peut y avoir des circonstances atténuantes ». C'est pourquoi, en attendant le 22 mars, Halidou Ouédraogo a introduit une autre demande de liberté provisoire pour son client.
Par ailleurs, comme le relèvera à juste titre l'ancien président du Collectif, il se pose cette question fondamentale : Comment peut-on réprimer le délit de presse sans réprimer la liberté d'expression, la liberté d'opinion, très capitale en démocratie ?
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net