« C'est la patrie ou la mort qui s'est exprimée ». C'est en substance l'analyse d'un ‘'spécialiste'' de football international sur la chaîne de télévision « Africable »à l'issue des quarts de finale qui ont opposé les Etalons aux Eperviers du Togo. Comme lui, nombre d'analystes ont également attribué cette « percée » des Etalons à cette CAN à la détermination et à un sursaut d'orgueil patriotique. Rarement, une équipe, si minimisée, si snobée n'a autant fait parler d'elle et ne s'est fait craindre. Rien ne présageait pourtant cet excellent parcours du Onze national.
Partis de Ouagadougou sur la pointe des pieds, les poulains de Paul Put et de Sidi Napon (le sélectionneur et l'adjoint) rentrent au pays en fanfares et dans une mobilisation et ambiance dignes de leur engagement à porter plus haut le drapeau national. Déjouant ainsi même les thèses des « spécialistes » de football mondiaux qui avaient donné leur tête à couper…« On peut espérer compter sur le Burkina à partir, peut être, de 2015... », propos d'une ancienne gloire de football français analysant la poule du Burkina (groupe D) et pour qui, comme de nombreuses personnes d'ailleurs, les Etalons étaient les trois points à prendre par les trois autres (Nigeria, Zambie et Ethiopie).
Mais contre toute attente, les « tocards » sont-là. De la plus belle manière. Comme pour apprendre aux uns et aux autres qu'il n'y a plus d'équipe prédestinée àêtre championne ou à subir la suprématie des autres. Aucune équipe favorite annoncée dans cette CAN n'a survécu (le Nigeria ne bénéficiait pas de l'avantage des pronostics, pas plus que son image de pays de football).
Au-delà de cette belle leçon donnée par les Etalons au monde du football, une chose retient notre attention : la nécessité de nous rappeler, sans cesse, ce que sont la persévérance et la patience dans tout entreprise. Résumons la gloire des Etalons en ces deux termes. Malgré les difficultés traversées, tant individuellement que collectivement, ils n'ont pas démordu. Quels qualificatifs n'a-t-on pas attribué aux Etalons ? Mais loin de baisser les bras, ils ont persévéré. Même les autorités, le Président du Faso en tête, n'ont eu de cesse d'encaisser les durs propos de ces moments difficiles de notre football. Tous les acteurs auraient suspendu la participation des Etalons à des compétitions s'ils n'avaient pas cru aux valeurs de persévérance et de patience. Aujourd'hui, les Etalons sont une fierté nationale et sèment la joie dans le cœur des Burkinabèà travers le monde.
A cette dimension de patience et de persévérance dont ont su faire preuve tous les acteurs, et qui peut être considérée comme le fondamental, faut-il ajouter et souligner les forces de cohésion et de solidarité qui ont prévalu. Les Etalons ont fait preuve d'admiration sur ce plan qui manque à beaucoup d'équipes nationales. Même pendant des propos d'après-matchs, les joueurs ont toujours dédié leur performance et la victoire à l'ensemble du groupe. La grandeur de l'équipe s'y est exprimée également. Bravo au vaillant Onze national et vivement, que cet engagement, cet état d'esprit patriotique, cette cohésion et cette solidarité de groupe, cette persévérance et cette patience puissent inspirer tout le peuple, surtout sa jeunesse et amener chaque Burkinabèà se les remémorer à chaque instant dans sa vie quotidienne.
Kader PALENFO (palenfokader@yahoo.fr)
Journal Le Progrès