Le décès de l'élève Joël Romain Ouédraogo de Saint-Viateur ne peut pas rester sans suite. En tout cas, sans que les organisations scolaires et estudiantines, les mouvements des droits de l'Homme et de société civile, et même certains partis politiques qui sont prompts à faire descendre les enfants dans les rues, à battre les pavés et à faire des déclarations fracassantes et incendiaires dans les colonnes des journaux et sur les antennes de télévisions et de radios n'élèvent la voix. Non, ces gens-là doivent dire quelque chose, ils doivent faire quelque chose.
Nous ne leur demandons pas d'organiser des manifestations pour casser, de décréter des jours de grève, de faire des sit-in, mais de manifester leur mécontentement. Et ils savent comment et bien le faire. Parce qu'il y a eu mort d'homme. Et cette mort ne peut rester impunie, quel (s) que soit (soient) le ou les auteurs. Tout comme, toutes les autres morts pour lesquelles ils se sont toujours engagés à revendiquer justice et vérité. Joël a été tué par des « camarades élèves » parce qu'il a refusé de suivre leur mouvement ; de brader son avenir pour lequel ses parents l'ont envoyéà l'école ; parce qu'il a, avec d'autres camarades élèves de la même école, pris conscience que son avenir ne se trouve pas dans des manifestations hasardeuses, souvent commanditées pour la cause de gens tapis dans l'ombre et aux ambitions inavouées.
Pour cela, vérité et justice doivent lui être rendues. Et c'est là qu'on attendait les vraies organisations de défense des droits de l'Homme, les vraies organisations estudiantines et scolaires, les vrais partis politiques qui défendent la démocratie. On a défendu Flavien Nébiéà Garango, on a défendu Justin Zongo et autres, on doit aussi défendre Joël Ouédraogo contre ces mouvements dont les agissements ressemblent fort bien à du terrorisme. Il faut les condamner fermement comme on a condamné par le passé les policiers qui, dans l'exercice de leur fonction, ont causé la mort à Koudougou ; il faut les condamner comme les policiers qui, dans l'exercice de leur fonction ont causé la mort à Gaoua ; il faut enfin les condamner comme les gendarmes qui, dans l'exercice de leur fonction ont causé la mort de Kohoun à Bobo-Dioulasso, etc.
Ainsi, l'occasion, quand bien même elle est malheureuse, est bonne pour dénoncer et mettre fin à ces agissements de groupuscules de soi-disant élèves qui ne savent rien faire d'autre que de perturber les cours chaque fois que l'occasion se présente. Parce que ces éléments, qu'ils soient des leurs ou non, discréditent leurs mouvements, sapent les luttes qu'ils organisent. C'est aussi l'occasion pour les organisations des parents d'élèves sincères, de sortir de leur torpeur pour dire non à ceux qui veulent brader l'avenir de leurs enfants ; c'est l'occasion pour elles de montrer enfin que l'avenir de leurs enfants les préoccupe.
Quant au gouvernement, il a déjà engagé la procédure et comme s'il en attendait l'occasion, il doit prendre désormais des mesures pour sécuriser nos écoles et permettre aux enfants qui veulent suivre les cours de le faire. Et à ceux qui veulent marcher et vagabonder, de le faire également librement. Domba Jean-Marc Palm, Maître de recherches à INSS/CNRST dit ceci dans L'Evènement N°248 du 25 janvier 2013 : « Les jeunes …ne sont que de la chair à canon que l'on manipule sans leur dévoiler les objectifs et les buts visés. C'est un crime politique parce qu'ils n'ont pas une conscience claire du rôle qu'on leur fait jouer ». ( …) « Il est temps que les élèves et étudiants sortent de ce piège qui ne les conduit nulle part.
Que la nouvelle génération scolaire et estudiantine s'informe auprès des anciens pour comprendre, pour connaître les conséquences néfastes de cette voie aventuriste que ces manipulateurs avaient fait suivre à leurs aînés. Ils doivent se prendre en mains, ne plus servir de « bras séculiers »à certaines formations politiques, mener des luttes qui les concernent effectivement et se départir de l'exécution des mots d'ordre qui sont loin de leurs préoccupations ». Ils ne seront sans doute pas les premiers perdants, mais les plus concernés.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso