Désigné en 1995 par son parti après les élections municipales pour diriger la municipalité de Ouagadougou, Simon Compaoré, aujourd'hui sur le départ (il préside ce jour même sa dernière session de conseil municipal), est satisfait de son action à la tête de la commune. Ce jeudi, 13 novembre 2012, c'est un homme décomplexé et fier de ses œuvres qui a tenu en haleine pendant plus de 3 heures et demie les représentants de la presse écrite et électronique.
Simon pendant cet ultime exercice de redevabilité ou interview testament, s'est montré, comme à son habitude, direct et très combatif, même sur les sujets pour lesquels d'aucuns pourraient penser qu'il n'a pas étéà la hauteur des attentes des Ouagavillois. Les lotissements par exemple où l'on pense qu'il a manqué de courage à un moment donné pour aller jusqu'au bout de son engagement et retirer des parcelles à des fraudeurs. Sur la question, le maire Compaoré assure la main sur le cœur, qu'il a agi comme il le fallait, qu'il n'a pas attendu l'intervention de l'Etat central avant d'attirer l'attention de certains maires d'arrondissements sur leurs manquements, soulignant le fait qu'il n'a pas compétence en tant que maire central en matière domaniale.
« Nous avons agi avec droiture », a-t-il indiqué. Le maire sortant a aussi fait cas des audits réalisés en 2006 sur les lotissements et des mesures correctives qui ont été prises pour assainir les opérations de lotissements. Après ces audits, dit-il, des enquêtes ont été diligentées et ont permis d'identifier les auteurs de malversation dont certains ont été déférés à la Maison d'arrêt et de correction de Ouaga (MACO). Mais, que si la plupart de ces personnes déférées sont aujourd'hui en liberté, ce n'est pas la faute à lui Simon, ni celle de ses collaborateurs. « Je ne suis pas un juge », a-t-il laissé entendre. Au total, 150 000 parcelles ont été distribuées pendant les opérations de lotissements. 80% des demandeurs de parcelles ont été satisfaits, selon le maire qui citant l'IRD a dit que 70% des habitants de Ouagadougou étaient propriétaires de leurs maisons.
Autre point d'intérêt de la presse, la réfection de l'hôtel qui aurait coûté des milliards à la municipalité. La réfection en question n'a coûté selon Simon Compaoré qu'un milliard et demi et pas 5 milliards comme cela se disait dans certains milieux. Là aussi, le maire de la capitale se dit ne pas avoir quelque choses à se reprocher et prêt à répondre devant la justice pour la gestion de cette question. Et si la justice veut vérifier sa gestion, c'est mieux, dit-il, qu'elle le fasse maintenant pendant qu'il est là et est en mesure d'apporter les preuves parce qu'après ça pourrait être difficile si les preuves venaient à disparaître après son départ de la mairie. Simon Compaoré a-t-il été contraint à ne pas se représenter à la mairie pour un quatrième ? « Jamais, personne ne m'a contraint à ne pas me représenter. Après 17 ans, je n'ai plus rien à prouver et j'ai décidé de ne plus me représenter. Il y a un temps pour être maire et un temps pour quitter la fonction de maire », a-t-il rétorqué.
Sur son bilan, l'on retient qu'il y a eu des avancées notables dans divers domaines. Lorsqu'il arrivait en 1995, le budget de la commune était de l'ordre de 2 milliards de francs. En 2012, le budget communal est de 23 milliards de francs, grâce aux différents partenariats fructueux que Simon et son équipe ont su tisser avec les bailleurs de fonds comme la Banque mondiale ou l'Agence française de développement. Ainsi, sur les 86 milliards d'investissements dans la commune en 17 ans, les bailleurs de fonds à eux seuls ont apporté 60 milliards. Pour la réhabilitation de Rood-Woko, l'AFD a apporté près de 3 milliards de francs dont une partie sous forme de prêt remboursable en 15 ans avec un différé de 5 ans. La dette globale de la commune à ce jour est estimée à 2, 6 milliards de francs CFA.
Ouagadougou fait aujourd'hui 2 300 km de route dont 410 km sont bitumés, ce qui fait un taux de bitumage de 18%. Ouagadougou s'étend de nos jours s'étend sur 30 km et compte 6 000 rues dont beaucoup attendent d'être officiellement baptisées. Si Simon se dit satisfait de son action de façon générale, il y a quand même des domaines dans lesquels il reconnaît qu'il n'a pas gagné la bataille. Il s'agit de la gestion des cimetières de la commune dont seulement quatre sont clôturés à ce jour ; la lutte contre le racolage et les chambres closes. Sur la dernière question, le maire pense qu'il a été suffisamment soutenu par la presse.
Pour l'avenir de sa commune, Simon a annoncé deux gros projets. L'un d'un montant de 90 milliards de francs va contribuer à l'amélioration du cadre de vie des populations des quartiers périphérique. L'autre gros projet d'un montant de 3 milliards permettra de réhabiliter des gares (Ouagarinter ; Tampouy) et de construire la gare de l'Ouest. Personnellement, Simon Compaoré, actuellement retraité, n'exclut pas d'office de devenir un jour pasteur comme son père, même s'il avoue ne pas avoir en ce moment la carapace d'un pasteur ; mais comme il le dit lui-même « Who know » c'est-à-dire personne ne sait de quoi son demain sera fait. En tous les cas, s'il y a une chose dont il est sûr, c'est sa foi en Dieu qui a su le protéger jusqu'ici car, dit-il, « J'ai frôlé cinq fois la mort ». A ceux qui aiment parcourir les villages à la recherche de protection, Simon Compaoré, recommande tout simplement le Tout-puissant.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net