Du 26 au 27 janvier 2013, le Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao est alléà la rencontre des populations des provinces du Bam et du Sanmatenga dans la Région du Centre-nord. L'occasion a été pour le Chef du gouvernement d'échanger avec les autorités administratives, coutumières et religieuses, les exploitants de périmètres irrigués, les forces vives de chacune de ces provinces afin de s'imprégner des préoccupations des populations à la base. Cette tournée, Luc Adolphe Tiao dit l'inscrire en droite ligne de la vision du président du Faso qui, depuis les évènements de mars 2011 a entrepris d'engager un dialogue direct avec les différentes couches socio-professionnelles, et dans le souci de dépasser les rapports qui lui parviennent.
Après une visite au chef coutumier de Kongoussi, et au Simbdo Naaba de Silmidougou, le chef du gouvernement s'est entretenu avec les autorités coutumières et religieuses à Kaya le 26 janvier. Avec ces gardiens de nos traditions et leaders d'opinion, il a été surtout question de cohésion sociale. En effet, Luc Adolphe Tiao a sollicité des chefs coutumiers plus d'implication dans la pacification des rapports sociaux, tout en leur déclinant la vision de l'Etat central à leur égard à travers notamment la constitutionnalisation de leur statut intervenue en juin dernier. Il a également saisi l'occasion pour leur demander de travailler à dépasser les conflits de positionnement qui surgissent parfois entre eux. A l'endroit des leaders religieux, Luc Adolphe Tiao a émis le vœu de voir mis en place, un cadre d'échanges inter-religieux, gage de tolérance religieuse favorable à un vivre ensemble harmonieux.
A Kongoussi tout comme à Kaya, les forces vives ont eu un échange direct avec le Chef du gouvernement. Les représentants des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des commerçants et opérateurs économiques, des artisans, des maraîchers, des personnes handicapées, des organisations syndicales, se sont tour à tour exprimés en se focalisant sur leurs doléances spécifiques. Ces doléances se rapportent entre autres à la santé, à l'éducation, à l'octroi de micro-crédits, à la réalisation de ponts et de routes (pour l'axe Kongoussi-Bjibo, le financement serait presque bouclé), de bourse du travail, au désensablement du lac Bam. Toutes ces doléances ont fait l'objet d'un mémorandum mis à la disposition du gouvernement.
Mais le Premier ministre s'est voulu pragmatique et a invité les membres de son gouvernement présents à ne pas faire de promesses démagogiques. C'est ainsi que, séance tenante, certaines préoccupations ont eu des réponses appropriées, et d'autres ont fait l'objet de promesses fermes à concrétiser dans un délai relativement court. Tout en indiquant sa ferme volontéà examiner de près ces mémorandums (celui de Kongoussi et celui de Kaya), le chef du gouvernement a demandé aux forces vives de mettre en place, sous la supervision du gouverneur de la Région du Centre-nord, un comité de suivi de la mise en œuvre des solutions à l'ensemble des doléances. Il reviendra à ces comités, a indiqué Luc Adolphe Tiao, d'informer la population à la base sur les réponses qui seront apportées.
Avec les exploitants de périmètres irrigués dans la province du Bam, le Premier ministre a échangé sur leurs conditions de travail, les principales difficultés auxquelles ils sont confrontés, et sur leur productivité. Luc Adolphe Tiao justifie d'ailleurs son arrivée dans cette province par sa volonté de « voir particulièrement la situation de la culture maraîchère », dans la perspective de la soutenir. Dans ce sens, et en attendant la concrétisation de promesses fermes, Jean-Marie Ouédraogo, Binta Badini et Awa Ouédraogo, ont reçu chacun une charrette. Jean-Marie Ouédraogo exploite dans le village de Ratenga, une superficie de 9 ha et produit en moyenne 200 tonnes de haricot vert par an qu'il exporte vers Europe. Promesses d'engrais en quantité et qualité suffisantes, et d'assouplissement fiscal lui ont été faites. Sur une superficie de quatre hectares, Binta Badini exploite dans le village de Kora, du haricot vert, des oignons et bien d'autres produits maraîchers. Elle recevra, à en croire le Premier ministre, une motopompe dans un bref délai. A la tête de l'Association féminine Roumdé pour le développement communautaire (AFRDC), Awa Ouédraogo s'active à la transformation, au moyen notamment de séchage, de fruits et légumes. A cette Association, Luc Adolphe Tiao a promis cinq séchoirs.
Ont également reçu la visite du Premier ministre dans cette tournée de 48h, le CEG (Collège d'enseignement général) de Silmidougou qui est à sa première année d'ouverture avec 127 élèves dont 67 filles, la mairie de Manè qui a soumis sa doléance de désenclavement à travers la construction d'un pont, l'école bilingue (mooré et français) de Zincko, l'école supérieure polytechnique de Kaya, le centre hospitalier régional (CHR) et la maison d'arrêt et de correction de Kaya. Avec les responsables de ces établissements, Luc Adolphe Tiao s'est imprégné des réalités qui sont les leurs, leur a traduit ses encouragements, avant d'envisager des actions palliatives aux difficultés tout en les invitant à plus de sens de responsabilitéà travers des initiatives à même d'anticiper les contraintes.
Au CHR de Kaya dont la propreté a été saluée, Luc Adolphe Tiao a visité tous les services internes. Et dans celui de la maternité, le Premier ministre a rendu visite à une femme qui venait de mettre au monde au petit matin de ce 27 janvier, trois bébés dont deux garçons. Il appeléà la mobilisation afin de venir en soutien à cette dame visiblement démunie. En plus de cet appel lancé de vive voix au cours de la rencontre avec les forces vives et qui a déjà touché des sensibilités, les membres du gouvernement présents à Kaya ayant réuni 150 000 FCFA, le Chef du gouvernement a instruit le ministre de l'action sociale à fournir des vivres à la mère des triplés. A ces 150 000 FCFA, Luc Adolphe Tiao a ajouté 100 000 FCFA, après avoir laissé au cours de sa visite, une enveloppe de 80 000 FCFA. Mais cette enveloppe déposée sur le lit de la dame apparemment encore inconsciente de ce qui se passe autour d'elle, les accoucheuses s'en sont emparées après que les visiteurs eurent quitté la salle.
A la prison de Kaya implantée au centre-ville et qui cause de sérieux ennuis d'assainissement au voisinage, le Premier ministre n'a ménagé aucun effort pour toucher du doigt les réalités tant des détenus, que de l'environnement carcéral et du personnel de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP).
Au bout du compte, le Chef du gouvernement retient que l'insécurité et des conflits de divers ordres (chefferie, foncier, minier) freinent encore le développement de la région du Centre-Nord qui regorge d'immenses potentialités minières et artisanales. Il a invité l'administration locale à aller souvent à la rencontre des populations à la base pour s'imprégner de leurs réalités.
Fulbert Paré (stagiaire)
Lefaso.net