C'est un gros poisson qui tombe dans la nasse de la justice ivoirienne avec l'inculpation de Charles Blé Goudé. Arrêté la semaine dernière à Téma au Ghana, les choses sont allées très vite pour l'ex-leader des jeunes et très proche de Laurent Gbagbo, l'ancien président de la Côte d'Ivoire. Et comme on devrait s'y attendre, ses parents et camarades politiques exigent sa libération immédiate.
Ce qui est de bonne guerre dans une Côte d'Ivoire qui marche vers la réconciliation sans renoncer pour autant aux exigences de la justice. On ne peut pas s'empêcher de voir dans l'inculpation de Blé Goudé une nouvelle épreuve pour ce processus plutôt délicat dans un contexte de crise postélectorale.
En tenant à aller jusqu'au bout de la traque qu'elles ont engagée contre le dernier ministre de la Jeunesse de Gbagbo, les autorités montrent une fois encore qu'on ne peut pas passer les crimes commis après le difficile deuxième tour de la présidentielle de décembre 2010 par pertes et profits. Ce qui n'empêche pas les opposants au régime d'Alassane Ouattara de ne voir dans cette volonté que l'expression d'une justice des vainqueurs.
Mais comment concilier ces deux positions sans compromettre la marche vers la réconciliation des frères ennemis ivoiriens ? Telle est la question qu'on ne peut plus s'empêcher de poser désormais. Surtout que le procès de l'ex-président Laurent Gbagbo est toujours en attente à la Haye et que plusieurs de ses partisans sont toujours derrière le barreau. Certes, le président Ouattara a desserré l'étau en décembre dernier en libérant quelques leaders dont le dernier Premier ministre Gilbert Aké N'Gbo. Avec l'inculpation de Blé Goudé, les débats sont relancés.
Bark Biiga
Fasozine