
Après la projection à guichets fermés au ciné Neerwaya de « Sira », seul film burkinabè en compétition pour l'Etalon d'or de Yennenga, les journalistes ont eu droit à une projection suivie de questions adressées à la réalisatrice Apolline Traoré. C'était ce mercredi 1er mars 2023 au centre national de presse Norbert Zongo.
« Quand j'écrivais, je savais déjà que j'allais prendre une femme comme héroïne. Mais je n'avais pas mesuré l'ampleur de la force de mon personnage principal. Tout a basculé quand je suis allé en repérage à Dori, dans les camps des déplacés et que j'ai écouté l'histoire de chaque femme. J'ai rencontré une femme blessée par balle à l'épaule et qui a deux enfants. Malgré sa blessure, elle a réussi à se réfugier avec ses enfants. Sira est trop petite à côté de ces femmes-là. Quand on parle d'héroïsme, on met l'armée en avant, on ne parle pas beaucoup des femmes et quand on le fait, elles sont victimes et dans les camps de déplacés. Il était donc important pour moi de montrer comment les femmes participaient à cette lutte contre le terrorisme », justifie Apolline Traoré qui avait à ses côtés, l'actrice principale, Nafissatou Cissé.
« Personnellement, c'était très compliqué. C'est un rôle que je devais appréhender sur le plan émotionnel et physique. Le plus dur, c'était sur le plan émotionnel. Être dans la peau du personnage était compliqué, car j'ai dû réfléchir, sentir et ressentir la rage, les émotions de ces femmes-là. Le rôle que j'ai joué incarne l'espoir de ces femmes », a déclaré l'héroïne Nafissatou Cissé.
Avec le grand succès de l'avant-première de Sira au ciné Neerwaya, Apolline Traoré a confiéà la presse qu'elle ne s'y attendait pas. « Je vous avoue que je n'ai jamais eu aussi peur de montrer un film. Plus de 20 ans de carrière, je suis à ma quatrième participation en tant que compétitrice au FESPACO et jamais je n'ai eu aussi peur de montrer un film. Pourquoi ? Parce qu'il est sensible et frais dans le cœur des Burkinabè, des Sahéliens. J'avais peur de comment chacun allait réagir et se sentir. Je suis tellement reconnaissante de ce qui se passe parce que je sens que le peuple est avec moi. Je ne peux que remercier le ciel en espérant que l'autre pression qu'on me met, cet Étalon d'or,… Allez doucement, je ne dors plus (Rires). Mais c'est une compétition et il faut respecter le choix du jury ».
Sira sera projeté, ce mercredi 1er mars à partir de 18h30 au ciné Burkina.
Lefaso.net