Que vaut la pluie de condamnations que la communauté africaine et internationale déverse sur le Mali après la démission forcée du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra et la nomination de Diango Cissoko à sa place ? Rien ou presque rien. C'est comme de l'eau sur le dos d'un canard, puisque la junte militaire –qui détient la réalité du pouvoir- a réussi le double coup de démettre l'ancien pour mettre un nouveau à sa place.
La confusion actuelle a au moins l'avantage de révéler au grand jour les intentions du capitaine Amadou Haya Sanogo qui veut visiblement reprendre un pouvoir qu'il n'a jamais abandonné. Du reste, il l'a affirmé sur les écrans de la chaîne nationale, il est même prêt à aller plus loin que son rôle actuel, si le peuple malien le demande. Il n'y a pas meilleure confirmation de ses ambitions hautement présidentielles, à peine cachées.
Mais le plus tragique dans ce jeu de cache-cache politico-militaire est que tout cela éloigne Bamako de la recherche d'une sortie de crise. On a même l'impression que les autorités maliennes qui se battent pour des postes créent expressément cette situation pour ne jamais affronter le vrai problème qui demeure l'occupation de deux tiers du territoire par des groupes islamistes armés.
Les condamnations de la France, relayées ce mercredi par la Commission de l'Union africaine ne semblent donc pas contrarier outre mesure le capitaine Sanogo. En faisant porter le bonnet de Premier ministre à Diango Cissoko, sans être inquiété par qui que ce soit, il signifie à ceux qui le croyaient jusque-là hors jeu ou incapable de mettre ses menaces à exécution que le tombeur de ATT garde tous les atouts du jeu. Maintenant qu'on est revenu à la case départ, c'est-à-dire presqu'à la même situation que celle du lendemain du coup d'Etat du 22 mars qui a chassé Amadou Toumani Touré du pouvoir, on ne peut que demander au capitaine de Kati : maintenant, on fait quoi ? Le Mal malien semble plus profond qu'on l'a imaginé.
Bark Biiga
Fasozine