
Le 31 mai 2019, l'opinion publique apprenait la mort crapuleuse de deux militants de l'Organisation démocratique de la Jeunesse (ODJ), section du Yagha (sahel burkinabé), Fahadou Cissé et Hama Balima, dans des conditions équivoques. Deux ans après ce drame, ni la plainte déposée à la justice, ni la demande d'autopsie....n'ont connu une évolution vers la manifestation de la vérité. En dépit de cette stagnation, leur organisation d'origine, en tandem avec d'autres structures de défense des droits de l'Homme ont, ce lundi 31 mai 2021 à Ouagadougou, animé une conférence de presse pour réaffirmer leur refus de l'oubli et surtout leur détermination à faire jaillir la lumière.
Ces deux militants, "froidement assassinés"à l'entrée de Sebba (chef-lieu de la province du Yagha) se rendaient ce jour-làà une audience avec les premières autorités de ladite circonscription, pour échanger sur les préoccupations"pressantes" des populations locales (accès aux ressources minières, accès à la santé et à l'éducation, corruption dans l'administration, etc.), situent les responsables de l'ODJ. "Ils seront abattus, criblés de balles", décrivent-ils.
Face à la situation, l'organe dirigeant de l'ODJ a, en accord avec les familles des victimes, décidé de demander une autopsie des corps. Mais à ce jour, malgré les examens scanographiques (élément nouveau dans le dossier), le médecin légiste a déclaré qu'il ne pouvait pas réaliser l'autopsie (il aurait indiqué que les corps ont été manipulés et qu'ils contiennent du formol). "Si les corps sont conservés jusqu'à aujourd'hui, c'est que techniquement, on peut réaliser l'autopsie", objecte le président de l'ODJ, Dr Gabin Korbéogo, pour qui les raisons du crime justifient le blocage du dossier.
- Gabin Korbéogo (milieu) avec à sa gauche, Chrysogone Zoumoré du MBDHP et Boureima Dicko du CISC
"Crime politique d'État" comme le qualifient ces organisations de défense, ce drame de Yagha est assimiléà celui de Sapouy (13 décembre 1998, assassinat de Norbert Zongo).
Le président du Mouvement burkinabé des droits de l'Homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré soutient à titre illustratif que même le ministre de la justice d'alors, René Bagoro, que les organisations ont approchéà l'époque, et qui s'était montré sensible, avec pour promesse de soumettre le dossier au Conseil des ministres, s'est par la suite terré dans un silence, refusant même de décrocher tout appel d'elles.
Malgré"cette volonté d'user avec le temps pour faire oublier le dossier", les responsables des organisations de défense ont rassuré que leur détermination reste intacte.
- Gabin Korbéogo, le président de l'ODJ
Mieux, rappellent-ils aux commanditaires que ce dossier ne tombera pas dans une léthargie par l'effet du temps. Ils en veulent pour illustration que même des décennies après, les dossiers Dabo Boukary, Norbert Zongo...se caractérisent par leur verve.
En attendant..., cette journée du 31 mai 2021 est marquée, dans toutes les sections ODJ du territoire, par des activités d'hommage aux "camarades" Fahadou Cissé et Hama Balima.
La conférence a été co-animée avec le Mouvement burkinabé des droits de l'Homme et des peuples (MBDHP) et le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés, (CISC).
O.L.
Lefaso.net