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Autant le dire… : Et si Blaise Compaoré n'avait pas parlé ?

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Ayant choisi de rompre le silence sur la révision ou non de l'article 37 ou encore sur la mise en place du Sénat, Blaise Compaoré est aujourd'hui la cible de tous les débateurs. Sur le net ou dans les journaux, sur les ondes de télévisions et de radios. Qu'il est beau ce rôle de président de la République ! Quand il ne parle pas, on dit qu'il garde un « mutisme suspect ». Quand il parle, on dit qu'il n'a pas dit ce qu'on voulait qu'il dise. Finalement, il faut être « dur » pour parler ou se taire.

Seulement, au sujet de la révision de l'article 37, des Burkinabè ont fait semblant de l'avoir compris en galvaudant les propos présidentiels. Voici ce que Blaise Compaoré a dit sur l'article : « Je sais qu'il y a beaucoup de débats là-dessus. La Constitution a ciblé des points qui ne peuvent pas être modifiés. Et vous savez que nous avons une Constitution dont la référence suprême est le peuple. Ce qui veut dire que s'il n'y a pas de consensus au niveau national, le peuple sera amenéà dire ce qu'il pense. Il sera consulté sur la question en cas de nécessité». Le journaliste insiste en demandant si Blaise Compaoré va recourir au référendum. Le président répond : « Il n'est pas interdit par la Constitution. S'il y a un contentieux qui persiste, nous avons la possibilité de rechercher la paix sociale par le référendum ».

Que pouvait-il dire d'autre ? Est-ce que la non-révision de l'article 37 va apporter la paix au Burkina ? Est-ce le contraire qui est vrai ? Le président a bien expliqué qu'il pourrait faire recours au référendum si cela est « nécessaire ». Que doit-on comprendre par « nécessaire » ? Avant d'y arriver, notons simplement que tout le monde s'accorde sur le principe selon lequel la Constitution peut être révisée. Parce que, elle-même prévoit les conditions de sa révision. Et l'article 37 ne fait pas partie des points non-révisables. Il peut donc être révisé. Mais est-ce « nécessaire » ? C'est à ce niveau que se pose la question. Et c'est cette même question que le président s'est posé. « S'il y a nécessité».

En clair, des Burkinabè peuvent, dans le cadre d'une pétition, demander la révision de la Constitution. La même Constitution le prévoit. A contrario, des Burkinabè peuvent constituer une pétition contre la révision de la Constitution. En d'autres termes, s'il y a des Burkinabè qui veulent la révision de l'article 37 et la mise en place du Sénat, il y en a qui ne veulent ni l'un ni l'autre. En sa qualité de président du Faso, il lui revient si la « nécessité» se fait sentir, de trancher. Mais comment ? Entre plusieurs solutions, il a évoqué le référendum puisque le journaliste y a particulièrement insisté. Mais, ce qu'il n'a peut-être pas dit et qui peut être compris, c'est la possibilité pour lui de dire non. Et c'est le choix personnel dont il parle. Car, si tout tourne autour de sa personne, il a le choix de choisir. Sans contrainte. Ni de la part de ses contempteurs ni de ses partisans. Par contre, si les positions sont si rigides, de part et d'autre, « la nécessité» de recourir au peuple, « référence suprême de la Constitution » peut s'avérer. Tant et si bien que l'objectif est « la recherche de la paix sociale » (sic).

C'est pourquoi, les positions actuelles plus tranchées, d'acteurs de la société civile qui devraient en principe apparaître comme des régulateurs, paraissent suspectes. C'est à se demander fondamentalement s'ils ne font pas le jeu du pouvoir ? A priori, il s'agit ici de questions « purement politiciennes » et qui, comme telles, ne devraient emballer que les hommes politiques. Mais, ce sont plutôt des acteurs de la société civile qui font le travail à leur place. Mais de façon assez biaisée. Et si Blaise Compaoré n'avait pas parlé, qu'auraient-ils fait, ces acteurs ? Mystère et boule de gomme ! Comme dirait l'autre !

Dabaoué Audrianne KANI

L'Express du Faso


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