Quantcast
Channel: leFaso.net
Viewing all articles
Browse latest Browse all 82112

Réaction de Y. César à Etienne Traoré

$
0
0

Monsieur Etienne Traoré,

Permettez-moi de vous appeler ainsi. Oui, permettez-moi de vous appeler « Monsieur » et non « professeur ». Ce qui n'est nullement un manque de respect volontaire et encore moins involontaire. Tout être de sexe masculin est un « Monsieur » et permettez-moi de ne pas perdre nos temps sur le concept même de « Monsieur ». Cela n'a aucune espèce d'importance dans le cadre de cette lettre que je me devais de vous adresser.

Monsieur Traoré, je ne suis pas un philosophe ; je ne fus pas votre étudiant comme Monsieur Djibo ; je suis juste un doctorant en sciences économiques ; je suis un « ignorant » (de 26 ans) à ma manière comme vous pourriez l'être à votre manière. Notamment, je suis un burkinabè comme vous, comme Monsieur Djibo, comme les « forumistes », comme son Excellence Monsieur le Président du Faso, comme tout burkinabè s'inscrivant dans le cadre de notre Constitution entre autres.

Je n'en demeure pas moins philosophe car nous sommes tous philosophes à notre manière. Permettez-moi de me moquer de la philosophie, de vous, de Monsieur Djibo car « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher » (Blaise Pascal).

J'ai lu avec attention vos opinions. Je dis bien opinion (niveau 3) car ni le philosophe, ni vous, ni Monsieur Djibo, ni personne n'a l'expérience (niveau 2) ou le savoir (niveau 1) dans le cadre de la situation actuelle du Burkina Faso. Il ne s'est pas agi, pour moi, d'être d'accord ou pas avec vous, de vous mépriser ou pas, … Il s'est agi de vous respecter en tant qu'homme d'opinions.

N'êtes-vous pas d'accord avec Georg Christoph Lichtenberg quand il dit : « Il se livrait au trafic d'opinions : il était professeur de philosophie ». Vous êtes donc un homme d'opinions dans le cadre d'un débat où nul ne peut se vanter de détenir une quelconque vérité et encore moins les philosophes. Bref ! Monsieur Traoré, vous avez perdu mon respect dès l'instant où vous avez cru que votre opinion était une vérité, que votre « philosophie »était la philosophie. Pourtant, je suis certain que vous seriez d'accord avec Pierre Joseph Proudhon quand il dit : « C'est une preuve de médiocrité philosophique que de chercher aujourd'hui une philosophie ».

Que s'est-il donc passé pour que vous nous parliez de Badini, de Gampiné, d' « un parent de Blaise Compaoré, …, de choses sans queue ni tête. Peut-être que mon respect ne représente rien pour vous mais il représentait quelque chose pour moi ; vous l'avez perdu dès l'instant où votre philosophie vous a laisséécrire, entre autres, ce qui suit : « Je rappelle enfin que les enseignants ont généralement un souvenir contrasté de leurs élèves : les plus brillants et les moins brillants. Je me rappelle ainsi de toi dans la seconde catégorie, donc des moins brillants ». Oui, que s'est-il passé bon sang, Monsieur Traoré ? Avez-vous perdu votre sang froid ? Avez-vous, peut-être dans une petite colère, laissé votre philosophie se révéler ? Il convient en homme d'opinions que vous présentiez vos excuses à Monsieur Djibo. Peut-être regagneriez-vous mon respect, Monsieur Traoré.

En effet, soyons - vous et moi, au moins - d'accord avec le régatier Paul Elvstrom quand il souligne : « Vous n'avez pas vraiment gagné la régate, si en la gagnant vous avez perdu le respect de vos concurrents ». Oui, vous avez beau avoir été le professeur de Monsieur Djibo, vous resterez à jamais son concurrent d'opinions et ce, peu importe la manière ou la forme.

Par ailleurs, Monsieur Traoré, loin de moi l'ambition de soutenir un quelconque conflit d'opinions et de générations mais permettez-moi de donner mon humble avis sur la situation politique burkinabè.

N'est-il pas temps que nous étranglions nos peurs ? N'est-il pas temps que nous – le peuple burkinabè et non le peuple burkinabè du CDP ou de l'opposition - écrivions l'histoire du Burkina Faso ? N'est-il pas temps d'arrêter de penser que mieux vaut prévenir que guérir ? Laissons donc son Excellence Monsieur Le Président du Faso écrire son histoire et d'en assumer les éventuelles conséquences.

En effet, si le peuple (qu'il est temps d'arrêter de sous-estimer) n'a ni envie ni besoin de son histoire, alors il réagira. Sinon, il se taira. C'est cela aussi la démocratie. Laisser les uns faire sachant que les autres peuvent dire non et ce, la majoritéétant sûr de l'emporter.

Je vous supplie de ne pas me parler de morale car la morale politique n'existe pas, Monsieur Traoré. Il y a des règles dans notre pays et la constitution est une règle ; elle est même la règle fondamentale. Vivons donc dans le cadre des règles. Laissons donc notre Président proposer son référendum. Allons massivement marquer notre acceptation ou notre refus. Il n'y a nul besoin de philosophie car « la philosophie est à mes yeux un explosif effroyable qui met tout en danger » (Friedrich Nietzsche).

Vous écrivez, je vous cite : « Il ne faut pas encourager Blaise Compaoréà s'acheter un référendum au risque de mettre le feu au pays ». Vous avez peur que le pays brule ? Le Président en a plus peur que vous, j'en suis sûr. N'a-t-il pas, certainement, beaucoup plus à perdre que vous et moi ? Dois-je vous parler du Nigérien Monsieur Mamadou Tandja, de l'Ivoirien Monsieur Laurent Gbagbo, du Tunisien Monsieur Ben Ali ? Dois-je vous parler du Libyen Mouammar Kadhafi et de ces hommes qui ont cru que le peuple craindrait le sang ? Voulez-vous que je vous parle des têtes qui sont tombées à l'occasion de la révolution française ? Retenons juste que même la tête du roi est tombée.

Cependant, posons-nous la bonne question. Elle est, certainement, la suivante : « Est-ce que le référendum violerait la constitution ? » La réponse est : « non ». Est-ce que l'article 37 peut être modifié ? La réponse est : « oui ». Doit-on organiser un référendum pour modifier l'article 37 ? La question n'a pas de réponse constitutionnelle, notamment et peut être laissée à l'appréciation de tout un chacun.

Vu que le peuple ne parlera jamais – sur la question de ce référendum sur l'article 37- à travers vous, moi, Monsieur Djibo ou même notre Président, alors n'ayons peur de rien tout en veillant - sans morale ni philosophie - à ce que juste les règles soient respectée. Nous ne pouvons pas vouloir de la démocratie tout en refusant les règles de la démocratie. Nous ne pouvons pas rejeter ses règles quand elles ne nous conviennent pas.

Pour ma part, je suis contre toute modification de l'article 37 ; je suis contre la mise en place d'un Sénat. S'ils veulent que toutes les forces vives du pays fassent de la politique alors qu'ils aménagent notre « déjà et depuis longtemps inutile » assemblée nationale pour cela. C'est mon avis et j'en prendrai la responsabilité devant l'urne en toute âme et conscience. Est-ce l'avis du peuple burkinabè ? Je ne sais pas ! Je crois en lui et j'espère qu'il prendra sa responsabilité.

Monsieur Traoré, dans l'attente de vos excuses à l'endroit de Monsieur Djibo, je vous prie d'agréer l'expression de ma considération et de mon respect que je vous souhaite, sincèrement, de retrouver.

Cordialement,
Y. César


Viewing all articles
Browse latest Browse all 82112

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>