Vandalisme, déficit énergétique, hostilité des populations…
Des mesures palliatives en cours
120,5 milliards de F CFA pour améliorer la qualité du mobile
La qualité des communications et de la connexion internet, décriée en ce moment, préoccupe à tous les niveaux. Au-delà des consommateurs et des opérateurs de téléphonie, le sujet retient l'attention des autorités. Le dernier Casem (Conseil d'administration du secteur ministériel) de l'économie numérique et du développement s'est tenu en fin novembre sous le thème des : « enjeux et perspectives en matière de qualité des services de télécommunications ». Les opérateurs sont la cible des critiques.
Du côté de l'ONATEL-SA (Office national des télécommunications), la qualité des réseaux est une préoccupation constante prise en compte dans la politique d'amélioration continue instaurée dans le système de management. Tout en réaffirmant sa volonté et son engagement à assurer des services de qualité, l'opérateur se dit victime des aléas de l'environnement extérieur, qui entravent et anéantissent très souvent ses efforts. «A l'interne, nous avons des agents compétents et expérimentés pour la mission, mais malheureusement, nous ne sommes pas toujours favorisés par notre contexte extérieur», déplore Bouraima Ouédraogo, chef du Département communication et relations publiques (Dcrp).
Depuis la privatisation de l'Onatel en 2007, l'opérateur assure avoir régulièrement investi pour améliorer ses réseaux (mobile, fixe et internet) mais aussi pour anticiper l'évolution du volume de sa clientèle. Entre 2007 et septembre 2013, les investissements globaux ont mobilisé près de 120,5 milliards de F CFA dans le domaine du mobile et plus de 58 milliards de F CFA pour le fixe. Résultat : des pylônes, dont l'impact s'étend sur un rayon moyen de 15 km, ont été implantés dans 463 localités au 31 octobre 2013 pour une couverture de la population supérieure à 90%. « Jusqu'à 62% de ces pylônes se trouvent dans des localités qui n'étaient pas prévues dans le cahier des charges. Ce qui dénote de la volonté d'investir plus pour le développement du réseau et son accessibilité par une grande partie de la population», déclare la société.
Du point de vue de l'Onatel, tout est mis en œuvre pour garantir le confort d'écoute et de communication à la clientèle mais sa détermination se heurte à des difficultés exogènes. Le vandalisme régulièrement perpétré sur les câbles, y compris la fibre optique, est très souvent à l'origine des perturbations sur le réseau des télécommunications. « Pour le Burkina, l'autoroute des télécommunications passe par des liaisons par fibre optique. Le satellite n'est pas une solution techniquement et financièrement convenable à la réalité de notre marché parce qu'il coûte cher et est limité en débit. En tant que pays enclavé, nous sommes obligés de passer par l'interconnexion avec d'autres pays pour être relié aux bornes de connexion situées sur les côtes sénégalaise, ivoirienne, ghanéenne et togolaise. Nos câbles, déployés à cet effet et enfouis dans le sol, font souvent l'objet de vandalisme de la part d'individus croyant avoir à faire à du cuivre. La fibre optique, qui n'a pourtant pas une valeur marchande, est attaquée sur le territoire national ou dans les autres pays traversés. Ce qui provoque souvent un déficit de débit », explique le chef du Dcrp.
Outre les problèmes de vandalisme sur la fibre optique, les difficultés d'énergie liées aux délestages jouent sur le fonctionnement du réseau. « Les machines fonctionnent avec l'énergie. Les délestages permanents et de longue durée et la faible électrification du pays sont des facteurs exogènes qui impactent énormément la qualité du réseau», ajoute Bouraima Ouédraogo.
Par ailleurs, concernant la densification du réseau dans les grands centres urbains, l'Onatel confie éprouver de sérieuses difficultés pour acquérir des terrains pour l'installation des pylônes. « Les riverains des sites obtenus sont parfois hostiles à la l'implantation des antennes, évoquant des risques sur leur santé. Sur ce plan aussi, l'opérateur que nous sommes se retrouve tiraillé entre les besoins d'amélioration du réseau exprimés par la population et le refus de cette même population de voir un pylône installéà proximité». A ce sujet, il convient de souligner que selon une étude menée en 2011 au niveau national a révélé que le rayonnement électromagnétique dégagé par les installations de TELMOB est très en deçà des normes de l'OMS.
D'un autre côté, le fixe est identifié aujourd'hui comme un réseau non rentable et budgétivore, . ce qui expliquerait le manque d'intérêt que lui portent les autres opérateurs. Pourtant l'Onatel dépense des moyens financiers considérables pour poursuivre la couverture des localités. Selon la société, 111 postes techniques ont été installés sur le territoire national pour un investissement moyen de 150 millions de F CFA par poste technique pour le fixe (BTS CDMA),. Or sur cet ensemble, plus de la moitié des postes techniques n'enregistre aucun client alors que près des trois quarts comptent moins de 10 clients. Quant à Internet, l'ONNATEL a installé plus 1,5 Go de bande passante internationale répartis en trois directions, la Cote d'Ivoire, le Sénégal via le Mali et le Ghana. La capacité mise en place permet d'écouler l'essentiel du trafic, mais toute rupture de lien avec l'une des destinations réduit sensiblement les capacités et détériore en conséquence la qualité de service.
« Malgré le coût supplémentaire de la capacité supplémentaire requise, l'ONATEL a pris l'engagement d'aller de l'avant sans répercuter les coûts additionnels sur les clients. Au contraire, la tendance à l'amélioration du rapport qualité-prix continuera d'être le leitmotiv de notre entreprise.», affirme-t-on chez Onatel.
Un plan d'action volontariste
Sans attendre, l'Onatel SA a donc décidé de recourir à des solutions efficaces et modernes en investissant davantage dans la haute technologie et ce, afin de réduire continuellement la fracture numérique et faire bénéficier ses clients des dernières innovations.
. Plusieurs projets en cours de développement vont permettre à l'Opérateur de fournir des services de bonne qualité dans de brefs délais sur l'ensemble des réseaux (mobile, fixe, internet).
Pour pallier le déficit en matière d'énergie, le nombre des groupes électrogènes est en train d'être augmenté sachant que la préférence va à l'énergie solaire pour la préservation de l'environnement conforme à sa politique de développement durable. A ce titre d'ailleurs, l'ONATEL est équipé en énergie solaire pour près de 40% malgré le coût de ces équipements qui est trois fois plus cher que le Groupe électrogène.
L'Onatel travaille également à diversifier les réseaux d'interconnexion par la fibre optique. L'idée est de diversifier les liens et d'augmenter la bande passante et les canaux de transmission. Un projet d'extension de la bande passante est en cours de réalisation, à travers la mise en œuvre de la technologie DWDM sur les tronçons reliant Ouagadougou à la frontière du Togo et Bobo –frontière de Côte d'Ivoire.
De manière générale, en matière d'investissement, l'ONATEL allouera en 2014 une enveloppe budgétaire représentant, par rapport au chiffre d'affaires, deux fois le taux admis dans le secteur par les opérateurs. Ces investissements concerneront aussi bien le Mobile, Internet que le Fixe.
Des efforts vont également continuer àêtre faits pour diminuer l'impact des actes de vandalismes d'une part, en sécurisant le réseau et d'autre part, en sécurisant les points d'accès aux câbles notamment dans le périmètre urbain.
En somme, un opérateur orienté vers l'amélioration continue promet toujours des succès pour l'ensemble de ses clients à condition qu'il soit accompagné par un environnement réglementaire et fiscal favorables.