A peine Blaise Compaoré a-t-il émis l'idée de recourir au peuple par voie référendaire pour départager la classe politique en cas de « nécessité» sur la révision ou non de l'article 37 de la Constitution, ils sont repartis dans les débats et les contradictions dans les colonnes des journaux et sur les ondes des radios.
Toujours sur la même question pour signifier, les uns, leur opposition catégorique à cette idée et les autres, plus modérés, leur inquiétude face à une telle éventualité. Quant à la majorité, le Congrès pour la démocratie et le progrès et ses « affiliés », ils ne disent rien pour le moment. C'est de bonne guerre, car la voix du chef, c'est leur voix. En choisissant de mener la polémique sur la question, alors qu'en réalité, elle ne devrait pas être autant à l'ordre du jour, les partis qui l'alimentent vont inéluctablement créer la « nécessité» de recourir au référendum. En tout cas, à toute autre forme de révision de l'article 37.
En l'état, l'article 37 n'autorise pas Blaise Compaoréà se représenter en 2015. Ne pouvait-on pas s'en tenir à cela ? Même si de l'autre côté on fait de la provocation ? Car en vérité, ce n'est ni plus ni moins que de la provocation politicienne que les autres font. Au CDP comme dans les autres partis de la majorité présidentielle. La Fédération associative pour le progrès et la paix avec Blaise Compaoré, qui n'est pas un parti politique sort et dit qu'elle veut que Blaise se représente en 2015. Tout en sachant que la Constitution l'en exclut, ne fait pas moins de la provocation. Cette déclaration pouvait se limiter au simple vœu si ceux d'en face ne lui donnaient pas de l'importance. En répondant à toutes ces formes de provocation, c'est finalement les autres qui créent la polémique, les débats et controverses et donc la « nécessité» de trancher cette question. Une bonne fois pour toute.
En effet, à voir de près, on a l'impression que l'opposition burkinabé, depuis la nuit des temps travaille plus pour le pouvoir en place, donc Blaise Compaoré que pour elle-même et la partie du peuple qui lui fait confiance. Le Burkina Faso, depuis 1991, année du début du processus démocratique n'a jamais connu d'opposition crédible, forte et suffisamment représentative des aspirations du peuple. Donc capable de faire observer une quelconque alternance. Venus pour la plupart du sérail du pouvoir, les manœuvres politiciennes des opposants sont connues d'avance. Si bien que tout argument qu'ils développent ne vole pas haut.
Arrivéà la chefferie de file de l'opposition en fanfare comme tous les autres qui l'ont précédéà ce poste-piège d'ailleurs, Zéphirin Diabré est en train de perdre le souffle. La réalité du terrain opposé est telle qu'il sera toujours très difficile pour lui de se frayer véritablement un chemin. Entre les contradictions au sein du chef de file de l'opposition où il est obligé de s'accommoder avec les radicaux, les modérés et ceux qui veulent tout de suite aller à la soupe, quelle que soit la manière, il lui sera toujours compliqué de rassembler tout le monde. D'où il sera, à un moment donné, obligé de s'occuper de sa propre chapelle, donc son parti. Au cas contraire, il perdra l'estime de ses militants et pourrait finir comme tous les autres à ce poste-là.
Ce qui parait évident, c'est que les deux années qui nous séparent de la présidentielle ne devraient être seulement réservées à la politique politicienne. Mais aussi et surtout aux questions préoccupantes de développement et de concorde sociale. C'est le plus important, sans doute, pour ces millions de Burkinabé des villes et des campagnes.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso