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Autant le dire… : « Savez-vous que vous êtes le baromètre de l'Afrique de l'Ouest ? »

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« Vous savez, nous, au Mali, on vous envie, vous les Burkinabé. Je ne sais pas si vous le savez. Vous avez un Etat fort, un Etat qui existe, qui prend des décisions. Chez nous, ça n'existe pas. On a l'impression que chacun fait ce qui lui vient par la tête ». Parole d'un Malien de Tombouctou qui a fui la guerre et qui, aujourd'hui vit à Bamako. Et qui, de passage à Bobo et, au cours d'une discussion fortuite, il nous a livré ses sentiments.

Avec toujours la peur au ventre, ce Malien se rend rarement chez lui, à Tombouctou. Et pourtant, au Burkina Faso, on a parfois l'impression que l'autorité de l'Etat est mise à rude épreuve, que l'Etat n'existe pas ; qu'il n'assume pas assez ses responsabilités. Mais en vérité, il faut être d'accord avec ce Malien qu'au Burkina, au moins, il y a un Etat. Seulement, comme dit l'adage, on n'est jamais mieux apprécié que par son prochain. Cependant, il est admis de se poser un certain nombre de questions. Les Burkinabé savent-ils réellement que la paix qu'ils respirent, la sécurité qu'ils vivent n'ont pas de prix ? Savent-ils réellement qu'ils sont enviés pour cela ? « Imaginez qu'un jour, on vienne piller tout ce que vous avez construit dans toute votre vie ? Que vous êtes obligés de fuir votre pays, avec juste un petit sac contenant quelques habits pour une destination inconnue ? ». Paroles de notre Malien qui porte et qui portera toujours sur lui pendant longtemps, les stigmates de cette situation.

En effet, à analyser de près les déclarations de ce Malien, on peut dire avec lui, qu'effectivement, le Burkina Faso demeure le seul pays en Afrique de l'Ouest à résister aux tensions sociales véritables.

Autrement, il a su jusqu'à présent résister à toutes les tentatives qui tendent à créer des tensions sociales comme on le voit ailleurs. Ces fils et filles, sa classe politique et sa société civile ont toujours su user du dialogue, du compromis social pour juguler toutes les questions susceptibles de créer des tensions préjudiciables à la paix et à la cohésion sociale. En réussissant là où certains ont échoué, les Burkinabé créent ainsi les conditions du vivre ensemble pour eux-mêmes, mais également pour l'ensemble de la sous-région, comme le souligne ce Malien de Tombouctou.

C'est donc un comportement, un ensemble de valeurs à préserver par tous les moyens. Au-delà de toutes les opinions politiques et socio-culturelles. Aussi, il convient de rappeler à tous les acteurs, notamment politiques et syndicaux, leurs responsabilités. Car le plus souvent, c'est par eux que tout arrive. Aussi, en cette période du mois de décembre pendant laquelle la paix est généralement menacée, pendant laquelle des mouvements parfois violents perturbent la quiétude des populations, notamment des scolaires, il est opportun de prendre la mesure de la situation et travailler effectivement à privilégier le dialogue et la cohésion sociale. Il n'y a pas de question insoluble quand on accepte d'emprunter le chemin du dialogue.

Le gouvernement et les organisations syndicales sont actuellement en discussions afin de trouver des solutions aux préoccupations des travailleurs et de l'ensemble des Burkina. Le président du Faso a engagé le gouvernement sur le chemin du dialogue avec les partis politiques pour trouver des solutions à toutes les questions qui divisent en ce moment les Burkinabé. Si chacun accepte véritablement de parler, de se comprendre et de comprendre l'autre, il n'y a pas de raison qu'on ne trouve pas de solution. Pour nous-mêmes, mais également pour toute la sous-région. Exactement comme l'a dit et souhaité le Malien de Tombouctou.

Dabaoué Audrianne KANI

L'Express du Faso


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