C'est peut-être l'une des photos les plus significatives de cette année politique 2013 : celle du chef de l'Etat burkinabè face à une délégation du Chef de file de l'opposition avec à sa tête Zéphirin DIABRE ; Et comme il fallait s'y attendre alors même que certains se satisfaisaient en sourdine de ce début de dialogue entre le pouvoir et l'opposition, une polémique s'est invitée dans le débat : au centre de cette vraie fausse controverse, une question : qui a sollicité l'audience ?
Il faut croire qu'au Burkina lorsque tout semble aller pour le mieux cela dérange certains ; en tout cas l'audience accordée par le Président du Faso le 14 novembre 2013 au Palais présidentiel à la délégation du CFOP n'y pas échappé.
Quelle était donc l'intention réelle des services de la Communication de la Présidence du Faso en faisant savoir aux journalistes que c'est à leur demande que les opposants ont été reçus en audience par le Chef de l'Etat ? Ont-ils voulu par ce geste éviter une polémique qu'ils voyaient poindre à l'horizon ou était-ce une manière de contrer les plus radicaux du camp présidentiel ? Ou peut-être bien certains des partis qui eux aussi se réclament de l'opposition et qui attendent impatiemment la relecture du statut du Chef de file de l'opposition ? Bref bien de questions qui, après la rencontre entre Blaise COMPAORE et l'opposition peuvent encore être débattues.
Le Chef de file de l'opposition quant à lui a précisé plus tard que c'est sur invitation du Chef de l'Etat que lui et ses camarades ont été reçus ; rien d'étonnant à cela dirait-on ; en effet dans quel pays du monde l'on est reçu en audience par le Président sans y avoir été au préalable invité ?
Du coup la polémique perd tout son sens pour faire place à une interrogation toute simple : Comment le Médiateur international, Facilitateur dans les conflits peut-il éviter de répondre à son opposition et à une partie de la société civile par rapport à des questions de haute importance nationale sans être lui-même en contradiction avec les valeurs qu'il défend hors de chez lui ? Difficile à imaginer en effet.
En allant porter la contradiction au sujet du Sénat et de l'article 37 de la constitution l'opposition jusqu'au palais présidentiel, l'opposition a marqué sa posture républicaine tout en cherchant à prendre l'opinion nationale et internationale à témoin sur ses intentions ; en les recevant le chef de l'Etat peut également montrer sa disponibilité et sa capacité d'écoute ;
Certes il ne faut pas se leurrer ; la rencontre entre le président sortant et ses opposants qui sont autant de prétendants à la conquête du fauteuil présidentiel n'a rien donné de significatif sur le fond du débat ; bien au contraire les deux camps ont constaté l'étendue de leurs divergences ; en remettant au président leur mémorandum réchauffé, les opposants ont croisé la volonté d'un président déterminéà faire passer la question du Sénat ; sous la douce mais efficace pression de ses partisans celui-ci semble désormais acquis à l'idée de solliciter un nouveau bail à la présidence du Faso.
Dans ces conditions l'on voit mal comment une éclaircie pourrait apparaitre ; A moins que d'ici-là un médiateur ne interpose enfin entre les deux parties ; n'en déplaise aux susceptibilités des uns et des autres.
Juvénal SOME
Lefaso.net