L'expression "planning familial" se réfère à la contraception utilisée par le mari et l'épouse pour planifier le nombre d'enfants en espaçant les grossesses. L'expression "contrôle des naissances" désigne, quant à elle, l'utilisation de la contraception pour empêcher la gestation résultant d'une relation sexuelle ayant eu lieu dans le cadre du nikâh ou hors nikâh (ce qui est strictement interdit dans l'Islam). Du point de vue islamique, toute utilisation de la contraception comme un moyen pour la promotion de la promiscuité est tout à fait inacceptable. Les sentiments naturels entre homme et femme doivent être canalisés à travers l'institution du mariage. C'est pour cela que nous préférerons l'expression "planning familial"à du "contrôle des naissances".
L'Islam est une qualité de vie parfaite. C'est un système et un code global de culte, d'éthique et de moralité. La détermination de ce qui est halâl (légal) ou harâm (illégal) doit se baser sur le Qour'ane, les Hadiths -la Sounnah du Prophète. Si la règle ne se trouve pas dans ces références premières, alors le savant fait appel aux autres sources de la loi musulmane et étudie les décisions des savants musulmans érudits en la matière.
Le sujet de la contraception serait délicat à traiter du point de vue religieux sans l'approche médicale. Il est nécessaire de considérer les différentes méthodes de contraception et leurs effets secondaires pour déterminer leur acceptabilité religieuse ou non. Nous aborderons donc le point de vue de la loi islamique en ce qui concerne la contraception. Est-elle autorisée ou sanctionnée ? Quelles seraient les raisons léqitimes pour autoriser une telle pratique et les méthodes envisageables ?
Le point de vue islamique ...
L'utilisation des méthodes contraceptives s'apparente au "az'l" (coït interrompu) qui était pratiquéégalement par certains Sahabas. Le az'l n'est pas autorisé sans excuse valable. Quand Rassouloullah fut questionnéà propos du az'l, il le compara à un "infanticide caché" et il mentionna ensuite le verset du Qour'ane sur l'abomination d'enterrer quelqu'un vivant (Mishkaat P : 276 rapporté du Sahih Muslim) Sheikh Abdoul Haq Mouhaddith Dehlawi (rahimahoullâh) écrit dans son livre "Iam'aat" que la pratique hideuse du az'l tombe également dans le cadre de ce verset.
Tout comme le az'l n'est pas permis sans excuse valable, il en est de même pour la contraception qui requiert des raisons valables pour son acceptation. (Note : Les excuses valables sont celles définies par les Oulama comme valides) On peut mentionner comme excuse valable le cas où la mère a subit pendant la grossesse précédente et pendant l'accouchement des difficultés telles qu'elle a besoin d'un certain temps pour retrouver sa force et son endurance physique, le risque d'une grave détérioration de la santé de la mère en cas de grossesse, présence chez la mère d'une maladie mentale ou physique entraînant l'incapacitéà assurer ses devoirs maternels, espacement entre deux portées afin de ne pas léser l'allaitement du premier enfant. .. Il est nécessaire de souligner que la décision d'avoir recours à la contraception dans ces cas ne dépend pas du couple concerné. Elle doit se baser sur le diagnostique d'un médecin honnête, qualifié, de préférence ayant une inclinaison pour le dîne, et s'appuyant sur des preuves médicales établies. Cependant la peur de la pauvreté, la recherche de moyen de subsistance plus abondant, les ambitions professionnelles, les études, la préservation de la beauté corporelle ("garder la ligne") ne peuvent constituer des excuses valables.
N'oublions pas qu'avec ou sans contraception, rien n'empêchera le décret divin de se réaliser. Si Allah a décidé de la naissance d'un enfant, aucune contraception ne pourra retenir sa décision.
L'analyse des différentes méthodes ...
Les principes islamiques :
Maintenant, si une personne souhaite, pour des raisons valables, recourir à la
contraception, la méthode utilisée devra vérifier les principes suivants :
Les méthodes irréversibles ne sont pas autorisées sauf en cas de force majeure où
la vie de la mère est en danger [(Qour'ane An-nissa 119), (Houjjatoul lahil baaligha
p:356voI2),(Badaai'ous sanaa'ir' p311 vol ?), (Qaadhi Khaan p365vol ?)]
Les méthodes réversibles intervenant après la fécondation de l'oeuf ou la
nidification ne sont pas permises [(AIMabssout Assarakhsi p51vo130 ; p8 ? voI26),
(Masalato tahdidin nasl ; Ramadan AI BoutY p ?6),(Raddoul Mouhtaar p519
voI5),(lhyaa Oloumoud dîne ; AI Ghazaali p51 vol2 ].
Lorsque les méthodes qui permettent la contraception avant la fécondation sont —
possibles, elles doivent être utilisées aux dépens de celles qui interviennent après la
fécondation.
Les différentes méthodes :
La variété des méthodes contraceptives disponibles de nos jours est mentionnée cidessous. Pour faciliter la présentation, elle sera classifiée en trois catégories : les méthodes irréversibles, les méthodes réversibles préventives, les méthodes réversibles post- conception.
a- Les méthodes irréversibles (permanentes) :
1. La vasectomie chez l'homme : Il interrompt l'émission des spermatozoïdes. Le canal déférent est coupé ou lié après incision de la peau des bourses.
2. La ligature des trompes chez la femme : Cette procédure bloque les trompes et empêchent l'oeuf et les spermatozoïdes de se rencontrer.
Ces deux méthodes ne sont pas autorisées à moins qu'une autre grossesse mettrait en danger la vie de la femme.
b- Les méthodes préventives : Elles empêchent la fécondation de l'ovule.
3. L'abstinence : ou éviter toute relation conjugale pendant un certain temps. Cette méthode est la meilleure et la plus efficace mais elle est évidemment désirée par le couple que pour une courte durée.
4. La méthode naturelle (méthode des températures, méthode de la glaire cervicale ou méthode de Billings) : Elle permet de déterminer les phase féconde et inféconde par l'examination quotidienne de la température et de la glaire cervicale afin d'éviter toute relation pendant les jours féconds. Elle présente le moins d'effets secondaires et ne requiert pas l'assistance d'un médecin après la consultation initiale.
5. Le retrait ou la méthode du az'l : Voir plus haut.
6. Les spermicides : Ils comprennent des mousses, des gelées (ou crèmes), des ovules et des comprimés solubles à introduire dans le vagin. Ces produits associent un agent tensio-actif (qui modifie la perméabilité des membranes de la cellule et détruisent les spermatozoïdes) à un agent bactéricide.
7. Les préservatifs masculin ou féminin : Ils empêchent la libération de spermatozoïdes dans le vagin.
8. Le diaphragme : C'est une membrane de latex induit de spermicide sur un anneau métallique flexible posé au fond du vagin. Il tue les spermatozoïdes avant qu'ils n'atteignent l'ovule.
9. Les pilules oestroprogestatifs classiques combinés ou séquentiels et les oestroprogestatifs minidosés appelés minipilules et également micropilules : Ils associent un oestrogène à un progestatif à dose identique (combiné) ou vartable (séquentielle). Ils agissent à trois niveaux : Ils bloquent la synthèse des hormones FSH et LH bloquant ainsi l'ovulation. Ils rendent la glaire épaisse, imperméable aux spermatozoïdes et l'endomètre (muqueuse interne de l'utérus dont l'élimination provoque les règles) atrophique impropre à la nidation.
Ces pilules produisent de nombreux effets secondaires. On peut citer le risque de phlébite, l'action sur le métabolisme des lipides, les jambes lourdes, les seins gonflés, le risque d'hypertension artérielle et la prise de poids. Et en cas de surchàrge en oestrogènes : nausées, vomissements, instabilité, céphalées (mal de tête), tension mammaire, sécrétion cervicale abondante, candidose ...
En cas de surcharge en progestatifs : état dépressif, céphalées à l'arrêt du traitement, sécheresse vaginale, apparition rare de tumeurs hépatiques ... Les effets secondaires des séquentiels sont identiques à ceux des classiques mais favorisent aussi l'apparition ultérieure de cancer de l'endomètre. Les effets secondaires de la minipilule sont également identiques à ceux des pilules classiques mais sont moins importants.
10. Les pilules progestatifs purs : En traitement continu, ils ont surtout une action sur la glaire cervicale et sur l'endomètre mais ne bloquent pas l'ovulation. Ils sont donc moins sûrs et sont responsables de mastopathie (maladie du sein), mastodynie (douleur des seins), des irrégularités menstruelles, des aménorrhées en début de traitement. .. En traitement discontinu et en injection trimestrielle retard, les progestatifs macrodosés empêchent l'ovulation mais ont des effets secondaires importants ainsi que des saignements intermenstruels.
Les nouveaux procédés tels le patch et les implants tombent dans la catégorie des pilules dans la mesure où ils agissent de la même façon c'est à dire par libération hormonale.
Nous déconseillerons fortement l'utilisation des pilules ou hormones injectables contraceptives dans la mesure où leurs effets secondaires peuvent causer de sérieuses maladies et ils dérèglent bien souvent les cycles menstruels et provoquent des saignements imprévus compromettant fâcheusement l'état de propreté de la femme pour la Salaat et les Ibaadates. Par ailleurs, ces problèmes entraîneront l'exposition de la awrah (parties intimes) à un médecin. Rappelons que cela n'est autorisé, même devant une femme, que dans des cas de grande nécessité. Nous devons donc opter pour des alternatives lorsqu'elles sont disponibles afin d'éviter l'exposition illégale de notre awrah.
En cas de nécessité, une personne devrait utiliser des procédés plus adéquats mentionnés ci-dessus (méthode naturelle, préservatif ... ).
c- Les méthodes post-conception : Elles interviennent après la fécondation de l'ovule.
11. Le stérilet : Les stérilets (DIU) sont des objets de petite taille destinés àêtre placés à l'intérieure de l'utérus. Pour augmenter leur pouvoir d'action, du cuivre, de l'argent, de la progestérone ont été ajoutés. Son mécanisme d'action est encore mal élucidé. Ce dispositif est un contragestif qui empêche la nidification de l'oeuf fécondé dans l'utérus. Selon certains médecins, il est possible qu'il entraîne une absence d'ovulation induit par une réponse ("feedback") à la présence d'un corps étranger dans l'utérus. .
12. La pilule du lendemain et le RU486 (formes injectables) : Ce sont des abortifs chimiques qui interceptent l'ovule fécondé dans les 72h après un rapport.
Ces méthodes de contraception ne sont pas autorisées du fait qu'elles interfèrent avec le développement de la gestation après que l'ovule ait été fécondé.
CONCLUSION :
L'Islam encourage l'établissement d'une vie familiale stable et solide. Cette famille élèvera des enfants qui hériteront du message d'Allah et établiront les lois et les commandements d'Allah sur terre. Le recours à un planning familial n'est pas d'emblée autorisé par l'Islam : Il est conditionné en premier lieu aux intentions des intervenants, puis à la méthode utilisée et aux conséquences médicales impliquées.
En choisissant une méthode de contraception, une personne doit toujours considérer son aspect moral. La moralité en Islam est une priorité première qui ne peut supporter de compromis. Si la méthode entraîne un mal quelconque à l'époux ou à l'épouse, l'Islam ne l'autorise pas. Nous nous devons de préserver ce bienfait divin de la procréation ; personne ne connaît les conditions futures. Aucun mal non plus ne doit atteindre le foetus potentiel crée.
Si notre intention est la peur de la dégradation de notre environnement et de notre position matérielle, ou la peur d'être déjà pauvre, sachez qu'Allah a assuré l'approvisionnement matériel à travers la venue d'un nouvel enfant (Qour'aan 17:31/6:151 ).