Avec une rentrée gouvernementale tonitruante et des mesures fortes, le gouvernement de Luc Tiao reprend la main à l'opposition sur le terrain politique.
Et pour cause ! « Au terme de ses échanges, le Conseil a instruit les départements en charge, de proposer des mesures sur :
la revalorisation de la rémunération des travailleurs,
la consolidation des filets sociaux en faveur des groupes vulnérables,
la création d'emplois et de revenus en faveur des jeunes,
le renforcement des capacités de financement des fonds nationaux,
la baisse des coûts des produits de grande consommation,
la préparation de la rentrée académique et la résolution des problèmes essentiels des étudiants et des universités. Ces mesures feront l'objet de décisions à la prochaine session du Conseil ».
Ces décisions gouvernementales qui intéressent tous les Burkinabè vont naturellement attirer l'attention. Si bien que l'opposition politique doit se trouver un autre mot d'ordre pour mobiliser ses troupes à la conquête du pouvoir. Puisque, en réalité, tout ce bruit n'est que pour cela.
En effet, en décidant de la « revalorisation de la rémunération des travailleurs » et de la « consolidation des filets sociaux en faveur des groupes vulnérables », le gouvernement ravit la vedette à l'opposition et fait comprendre qu'elle n'est seule à se soucier des conditions de vie et de travail des Burkinabè. En outre, par la création d'emplois et de revenus en faveur des jeunes, c'est à une grosse préoccupation qu'il vient de répondre. Car, quand on considère par exemple la majorité des manifestants des deux dernières marches de l'opposition, elle était composée de jeunes qui, pour la plupart sont dans le désarroi et pour cela cherchent des portes de sortie pour être dignes, comme tout Burkinabè. Comme pour dire que le gouvernement met la cerise sur le gâteau, on va revoir à la baisse les prix des produits de grande consommation.
Toutes ces « mesures qui feront l'objet de décisions à la prochaine session du Conseil » (selon les termes du communiqué du Conseil des ministres) sont bien, mais il faut maintenant pouvoir les appliquer sur le terrain et ce dans la durée. C'est pourquoi, tous les départements ministériels ont intérêts, à commencer par les ministres eux-mêmes, à travailler dans une synergie d'action. Les Burkinabè ne feront pas de cadeau à la nonchalance et à l'attentisme. Ils ne pardonneront pas non plus que ces mesures qu'ils attendaient et pour lesquelles ils se sont battus, soient un effet de mode, seulement pour calmer les esprits et retomber dans les mêmes habitudes. S'ils veulent donc garder pendant longtemps la main et éviter les troubles et manifestations dans le pays, Luc Tiao et son équipe devront redoubler d'efforts.
Mais, ce qu'il faut retenir, c'est qu'à eux seuls, les membres du gouvernement n'arriveront pas à satisfaire nos préoccupations et attentes. Nous sommes donc tous interpellés. Chacun, quel que soit le poste qu'il occupe, doit comprendre que c'est le petit sable qu'il apporte, ou la pierre qu'il apporte qui contribuera à réaliser nos propres attentes. Si les dossiers dorment dans les tiroirs des agents qui attendent que d'autres viennent y « déposer des cailloux », si pendant que les uns travaillent les autres travaillent de leur côtéà saper leurs initiatives, si pendant que les uns construisent les autres détruisent, nos préoccupations seront vaines. A nous donc de faire le choix en fonction de ce que nous voulons que notre Faso soit demain, pour nous-mêmes, et pour nos enfants.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso