Quand on parle de la Savana, c'est un rêve pour les jeunes générations. Dont certains se demandent s'il s'agit du nom d'un oiseau. Eh bien, la Savana, c'était le fleuron de l'industrie burkinabé productrice de jus de fruits, de pâte de tomate, et bien d'autres produits. Elle a son siège à Bobo-Dioulasso où ses installations (machines et locaux) existent toujours.
Mais depuis des années, la Savana n'existe plus elle aussi, que dans le souvenir lointain de ceux qui l'ont connue. Quant à ceux qui y ont travaillé, on aurait du mal à savoir où ils se trouvent, et ce qu'ils font. Licenciés pour fermeture de leur outil de développement, certains sont à quatre mètres sous terre. Ceux qui ont encore de la chance sont au chômage. Ceux qui ont eu l'occasion, ces survivants ces derniers temps soutiennent que ces travailleurs n'attendent qu'une quelconque volonté…pour reprendre du service.
La Société industrielle du Faso (SIFA) dans le temps (encore à Bobo-Dioulasso) comme usine de " fabrication " de motos et de vélos, n'existe plus que par ses locaux. A la SIFA, ont montait des motocyclettes et des vélos de qualité : Yamaha SIFA, la P50, la L2, la LVS, la Ninja, le vélo Peugeot SIFA, Senisot,… La SIFA a été la première à" fabriquer " les tricycles et les motos ambulances au Faso. La SIFA, on ne s'en rappelle juste que lorsqu'on doit aller aux secteurs 9 ou 21 en l'indiquant comme point de repère pour ceux qui l'ont connue. Sinon pour les autres, la SIFA ne signifie absolument rien. Les nombreux ouvriers qu'elle employait et les mécaniciens des deux roues qu'elle faisait vivre indirectement, " se cherchent " chacun aujourd'hui pour ceux qui vivent encore. Il paraît pourtant que ses machines sont encore en état et n'attendent qu'une quelconque volonté…pour reprendre ainsi du service. Elle aurait même, entre temps, changé de nom pour reprendre ses activités, mais depuis, plus rien.
Pire encore, à Banfora, toutes les tentatives de reprise des ex-Grands Moulins du Burkina (GMB) n'arrivent pas à se concrétiser bien que, par au moins deux fois, Blaise Compaoré en campagne électorale dans cette ville ait annoncé et même ordonné la reprise de ses activités. Hélas, les GMB sont toujours l'ombre d'eux-mêmes, et, toutes les installations sont actuellement dans un état tel que tout repreneur réfléchirait par deux ou trois fois avant de s'engager. De même que les travailleurs des deux précédentes industries, ceux rescapés des ex-GMB sont amers et survivent comme ils peuvent.
Revenant à Bobo-Dioulasso, on peut donc dire que la zone industrielle de cette ville, désormais abusivement appelée " capitale économique et industrielle ", ne grouille plus depuis des années de son monde habituel. La Brakina quant à elle, ne produit plus la bière de qualité comme elle en faisait à Bobo. Des travailleurs sont allés au chômage pour cette raison, alors qu'il existe à Bobo la meilleure eau pour produire des boissons. Les quelques industries qui résistent à la " tempête " de la délocalisation (Winner industrie, Sonaceb, Sap, SOFITEX et ses usines de production d'huile et de produits dérivés du coton) ne sont pas loin de mettre la clé sous le paillasson.
Peut-on accepter qu'on donne des marchés à des particuliers qui font entrer dans le circuit national des produits pour bétail mettant ainsi en difficultés des usines nationales qui en produisent et créent des emplois ? Et ces huiles alimentaires venues d'où on ne sait qui envahissent les rayons des supermarchés tandis que les usines de production d'huile n'arrivent pas à faire sortir leurs produits ? En visite à Bobo et principalement au Conseil municipal le 20 août dernier, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a annoncé que son gouvernement va mettre tout en œuvre pour que Bobo-Dioulasso soit véritablement la capitale économique et industrielle du Burkina. Mais à condition que les Bobolais créent les conditions pour cela. Prenons-le donc aux mots et travaillons dans ce sens. Peut-être que cette fois sera enfin la bonne.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso