Professeur certifié de lettres, Salifou Wendyam Ouédraogo vient de faire son entrée dans le cercle des écrivains burkinabè. La dédicace de son premier recueil de poèmes intitulé« L'ombre des jours » a eu lieu le 26 aout 2013 au lycée Nelson Mandela de Ouagadougou. Ce document de 112 pages, préfacé par Jacques Prosper Bazié, compte 60 poèmes avec des titres susceptibles de donner le goût de la poésie aux scolaires et étudiants. L'œuvre est éditée par l'Harmattan Paris.
C'est connu. Même les enseignants de Français des lycées et collèges n'aiment pas la poésie. Un genre considéré problématique. Mais Wendyam Salifou Ouédraogo a pris le risque de s'y aventurer. Et, il semble l'avoir bien réussi, à entendre les commentaires de spécialistes. Invitéà présenter l'œuvre « L'ombre des jours » lors de la cérémonie de dédicace, le Pr Issaka Salia reconnaîtra, en l'auteur, «cette capacitéà montrer comment des contraires peuvent se côtoyer dans le même univers, cette capacitéà montrer la duplicité dans une écriture simple».
Wendyam fait de la poésie du cœur. « Mes textes convergent vers l'homme. Mon art s'inscrit dans une observation directe de la société. C'est la traduction de la société dans laquelle je vis», précise-t-il.
Du titre de l'œuvre
Cette œuvre est une interrogation constante sur le rythme de la vie (naissance, vie, mort). Wendyam Ouédraogo a donc choisi le titre « L'ombre des jours » pour traduire ses désirs refoulés, ses passions enfouies, ses angoisses et incertitudes, mais aussi son espérance pour un monde de paix. D'ailleurs, en parcourant les différents textes, «vous remarquez qu'il y a une présence effective et abondante de la notion de temps», rappelle-t-il.
L'auteur de « L'ombre des jours » a attrapé le virus de la poésie depuis le jeune âge. «Les tous premiers poèmes de cette œuvre ont vu leur silhouette tracée depuis la classe de 2nde au lycée Yadéga », rappelle-t-il. Sa mutation dans la région de l'Est du Burkina, dans la province de la Kompienga l'a obligéà se frotter à d'autres visages et à d'autres expériences. « J'ai fait l'expérience de la solitude et c'est cette solitude qui m'a obligéà reprendre mon cahier de poète. J'ai corrigé les anciens textes et ajouté d'autres textes», confie-t-il.
Devoir d'écrire
Avec cette première œuvre, Wendyam dit avoir écrit avec pour intention d'inviter les uns et les autres àécrire. Car, «ce n'est pas un choix, c'est un devoir pour nous burkinabè d'écrire pour sensibiliser les jeunes sur leur devoir…», soutient-il, en Avant-propos. A côté de la poésie, l'auteur fait aussi dans la nouvelle et roman. D'ailleurs, son premier recueil de nouvelles devrait paraître bientôt chez L'Harmattan Paris… En même temps que le second recueil de poèmes. « L'ombre des jours » est disponible en librairie à 12,5 Euros, soit environ 8000f CFA.
Qui est l'auteur ?
Né en 1976 à Ouahigouya, Wendyam Salifou Ouédraogo a fait ses études secondaires au lycée Yadéga de Ouahigouya où il obtient le BEPC. Puis, estimant que nouvelle réforme n'était pas à son goût, il boycotte l'examen du Baccalauréat. C'est finalement en 2001 qu'il décide de composer et obtint ce diplôme qui lui ouvre les portes de l'université, le BAC. A l'université de Ouagadougou, il s'inscrit en lettres modernes et se spécialise en art du spectacle dont il détient la licence et la maîtrise avant de répondre à l'appel de l'enseignement. L'ENSK (Ecole normale supérieure de Koudougou) fait de lui un enseignant accompli, nanti du Certificat d'aptitude pédagogique.
Wendyam enseigne le Français et pratique la poésie du cœur. «Son souci est de scruter l'homme, d'en explorer les cavernes extérieures, de les révéler au monde et d'indiquer du doigt la voie du possible. Notre monde est ainsi fait qu'il faut couvrir nos jours de larmes. On comprend donc pourquoi l'ombre du jour », souligne Jacques Prosper Bazié, préfacier de l'œuvre.
De tempérament affable, Wendyam Salifou Ouédraogo, par son premier recueil de poèmes, aura convaincu par la qualité de son écriture, la précision des mots et de la pensée, « toujours préoccupée à sculpter, à cisailler le verbe, à le polir pour l'affiner ». Il vient ainsi de semer sur du rocher. La moisson spirituelle et culturelle profitera aux générations futures.
Moussa Diallo
Lefaso.net