Le mois de carême tire doucement vers sa fin. Période de pénitence, d'adoration… les femmes sont souvent les plus sollicitées en ces moments pour les travaux domestiques qui ne sont pas des moindres.
Certaines que nous avons rencontrées, hier à Bobo-Dioulasso, n'ont pas hésitéà exposer le calvaire qu'elles vivent ce mois de Ramadan. Agnès, comme son nom l'indique, est d'une autre religion que celle de son époux qui est musulman. Ensemble, ils ont décidé que chacun suive ses convictions religieuses tout en se respectant mutuellement. Quand vient alors la période de jeûne, madame doit s'illustrer dans son rôle et devoir de femme de tous les jours. S'occuper de monsieur, de sa famille, de la maison et bien entendu, des enfants. Ce qu'elle trouve cependant périlleux. « Je ne fais pas le jeûne, mais j'ai l'obligation de me conformer au rôle que toute femme musulmane doit jouer en ces moments. J'arrive néanmoins à faire les repas du soir.
Ce qui m'embête le plus, ce sont les réveils très matinaux pour encore faire la cuisine. Heureusement que j'ai trouvé la solution qui est de tout préparer la nuit et mon époux chauffe la nourriture au petit matin », confiait ainsi dame Agnès l'air relativement joyeuse. En effet, l'adage selon lequel « la femme est la maison » se justifie aisément au mois de Ramadan. Première à se lever et dernière à aller au lit, l'autre moitié du ciel se sacrifie « corps et âme », pour accompagner les fidèles musulmans dans leur prière quotidienne et dans leur adoration de Dieu. Les travaux domestiques, soutient une dame rencontrée au marché de Colsama dans l'arrondissement n°7 sont multiples au mois de carême. « Ils se doublent, voire se quadruplent, ces travaux managers », a-t-elle ironisé. Sali Fofana, le panier en main, soupire avant de prendre la parole. « Tous les soirs, il faut faire du zoom-koom. Le menu est immense : riz, spaghetti, tô, salade, bouillie…», égrène-t-elle.
Mariée dans une grande famille, Sali Fofana ne veut pas blasphémer en tenant certains propos, eu égard aux exigences de la vie de l'entourage. Mais, elle souhaite que le jeûne qui a débutéà merveille, s'achève de même, dans la grâce de Dieu. Ami Cissé est vendeuse de condiments au petit marché de secteur 21 (ex-Colsama). Elle confie n'avoir que 4heures de sommeil en ce mois béni de Ramadan. « Il faut venir chercher de l'argent par la vente des condiments, pour avoir de quoi subvenir aux besoins alimentaires », affirme-t-elle. Après les travaux très matinaux, elle enchaine avec le marché jusqu'au soir où elle rentre pour la cuisine de la rupture du jeûne. Pas de répit donc jusqu'au petit matin encore. A l'image de la roue qui tourne, ces femmes tournent et ce, quotidiennement, pour le bonheur de leurs conjoints, de leurs belles-familles et même de la société entière. Mois béni, femme bénie, et les prières seraient aisément exhaussées.
Bassératou KINDO
L'Express du Faso