Les organisations de la société civile regroupées au sein de la Coalition de lutte contre la vie chère, la corruption et pour les libertés syndicales de la vile de Bobo ont dénoncé le fait, le 20 juin dernier à l'occasion de leur meeting.
« Depuis 2005, la zone industrielle de Bobo a enregistré 2000 licenciements à cause de la fermeture de plusieurs unités industrielles à l'image de Jossira, de Savana, de Sifa, etc.. » avaient-elles déclaré avant d'asséner : « Bobo-Dioulasso est la capitale économique du Burkina. Malheureusement, force est de reconnaitre que cette ville est en passe de mourir ». Ce qui n'est pas faux quand bien même le gouvernement fait des efforts pour soutenir ou redresser financièrement certaines unités, afin qu'elles continuent de fonctionner et de sauver des emplois.
A cet effet, et autant le dire, la zone industrielle de Bobo (ancienne comme nouvelle) ne grouille plus de ce monde qu'on lui connaissait. Pour plusieurs raisons dont la mévente de leurs productions et le manque d'accompagnements. Les quelques usines ou sociétés qui parviennent à supporter le coup ne sont pas loin de « mettre la clé sous le paillasson ». C'est le cas par exemple des unités industrielles productrices d'huile alimentaire et d'aliments pour bétail (tourteaux) qui se trouvent aujourd'hui confrontées à un problème de mévente de leurs produits alors que ces mêmes productions entrent sur le territoire national. Le marché national est effectivement inondé d'huiles d'origines diverses. Actuellement, ce sont des aliments pour bétail qui saturent le marché national au détriment de ce qui est produit dans nos propres unités industrielles. Comment peut-on par exemple donner un marché d'aliments pour bétail à un commerçant qui, au lieu de payer ces produits sur le marché national, les importe de pays voisins ? Pourquoi ne pas donner un tel marché directement à ces unités industrielles, d'autant que certaines sont regroupées et produisent suffisamment d'aliments pour bétail ? A défaut, contraindre les commerçants adjudicataires de marchéà s'approvisionner sur le marché national.
A moins que quelqu'un n'ait un « deal » particulier dans une telle affaire. Si c'est le cas, il faut y mettre fin très rapidement car, c'est de la survie de familles qu'il s'agit. Il est vrai qu'il faut ouvrir les frontières dans la mesure où nous sommes dans un marché commun ouest-africain. Mais, de làà tout accepter et risquer la survie économique du pays, il y a un pas qu'il faut refuser de franchir. Le Burkina Faso est un grand pays producteur de coton et de produits dérivés de ce coton dont l'huile alimentaire et les aliments pour bétails. En négligeant une telle filière, on fragilise l'économie nationale. Le gouvernement qui est assez souvent intervenu dans la filière pour la redresser et permettre aux acteurs et à l'économie nationale de mieux se porter, doit prendre une fois de plus ses responsabilités. Car, ce sont des devises nationales qui vont ailleurs alors qu'elles devraient pouvoir soutenir des producteurs nationaux. Quand on encourage la production nationale, il ne suffit pas que ce soit dans les paroles, mais également par des actes concrets, soutenus et conséquents.
On a contraint ces unités industrielles par exemple, à remplir les conditions d'un cahier de charges en se mettant en règle sur le plan de la législature, mais également sur celui des normes requises afin de produire de l'huile et des aliments bétails de qualité. Ce qui leur a coûté de l'argent. En plus de ce que ces unités emploient des Burkinabè et luttent ainsi contre la pauvreté, elles paient des impôts et des taxes à l'Etat. A tous points de vues, elles participent à l'économie nationale. Elles méritent donc qu'on les protège.
Dabaoué Audrianne KANI
L'Express du Faso