Dans cette lettre parvenue à notre rédaction, les membres du Collectif pour la défense des intérêts de Tenkodogo se plaignent du site choisi pour abriter l'Hôtel administratif de la région du Centre-Est. Selon les auteurs de cette missive adressée au Premier ministre, c'est dans l'enceinte de la Direction régionale de l'enseignement de base (DREBA) que sera érigé le bâtiment. Convaincusque ce site n'est pas le meilleur qui existe, ils proposent d'autres endroits mieux indiqués à cet effet. Pour cela, ils en appellent à l'attention du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao. Lisez plutôt !
« Le Collectif pour la défense des intérêts de Tenkodogo A Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement
Objet : Site de l'hôtel administratif du Centre-Est
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Le Conseil des Ministres en sa séance du mercredi 19 juin 2013 a adopté un rapport relatif aux résultats de l'Appel d'Offres restreint accéléré pour les travaux de construction de six (6) hôtels administratifs dont celui du Centre-Est. Nous avons accueilli cette décision avec une très grande joie. La réalisation de cette infrastructure va sans doute résoudre le problème réel d'insuffisance de locaux pour les services publics. Elle va également contribuer à l'urbanisation des villes retenues pour les abriter, au développement de l'économie locale, à la résorption du chômage et à la lutte contre la pauvreté par la création d'emplois directs et indirects. Aussi, nous remercions infiniment le gouvernement qui, sous votre bienveillante attention, ne cesse de prendre en compte les préoccupations quotidiennes de la population.
Cependant Excellence, s'agissant de l'hôtel administratif du Centre-Est, notre joie a été de très courte durée en raison du site choisi. En effet, les autorités locales en charge du dossier ont une fois encore, préféré la facilitéà la pérennité. Ainsi, elles n'ont pas trouvé mieux que l'enceinte déjà suffisamment encombrée de la Direction régionale de l'enseignement de base et de l'alphabétisation du Centre-Est, pour envisager d'y encastrer l'immeuble R+2 extensible.
De nombreuses raisons dont voici quelques-unes justifient notre désapprobation du choix :
1-Le terrain est affecté au Ministère de l'enseignement de base et de l'alphabétisation par arrêté N°99-150/MEF/SG/DGI/DADFC du 10 septembre 1999 en vue de la construction de bâtiments à usage de bureaux. De ce fait, ce ministère en avait déjà fait son hôtel administratif en y concentrant pour l'instant quatre de ses services déconcentrés : la Direction régionale, la Direction provinciale du Boulgou, la Circonscription Tenkodogo I, la Circonscription III. Le terrain sur lequel, il y a déjà dix-sept (17) bâtiments, ne suffit déjà pas aux occupants (une centaine d'agents) et au millier d'usagers (enseignants, élèves, parents d'élèves de la région). Ce beau monde sera incessamment agrandi du Préscolaire et du Post primaire, toutes choses qui exigent de l'espace. Le semblant d'espace qui reste et qui aiguise les appétits a été sciemment laissé pour la fluidité de la circulation, l'aération, le stationnement, le bien-être (soupir), l'entreposage avant réception puis distribution du matériel encombrant (mobilier scolaire), la tenue d'éventuelles rencontre grand public (sessions de formation, assemblées générales, réception), les activités récréatives (kermesses), le sport (terrain de volleyball), les besoins voir les nécessités d'extension (autres Circonscriptions, magasins pour les vivres, salle de conférence, plateau omnisport).
2-Les services déconcentrés du Ministère de l'Education nationale et de l'Alphabétisation qui sont déjà sur le terrain sont fréquentés par les enfants. C'est leur maison, ils viennent lire leurs résultats, déposer ou retirer tel ou tel document, assister à telle ou telle manifestation… L'hôtel administratif va appeler la prise de dispositions sécuritaires (barrière, vigiles, agent de sécurité, filtrage des entrées…). Le droit à la quiétude des enfants, leur droit d'aller et de venir librement vont être atteints.
3-Le chantier va, au moins huit (8) mois durant, affecter le fonctionnement des services et causer d'énormes désagréments. Les travaux, l'arrivée massive d'ouvriers, la porte ouverte à toutes sortes de fréquentations vont augmenter les risques pour la sécurité du personnel et des usages dont les enfants.
4-L'hôtel administratif ne doit pas être construit sur un terrain appartenant à un Ministère donné. Le Gouvernorat doit chercher un terrain dont le titre de jouissance porte son nom pour éviter les conflits inutiles et les problèmes juridiques par la suite.
5-Non content d'être exigu, le site est isolé. Il ne va pas permettre à l'hôtel administratif de jouer ses deux autres fonctions à savoir, ajouter à l'éclat de la ville et donner de la visibilité aux actions du gouvernement.
6-Le chantier va déraciner des arbres que les propriétaires des lieux ont mis de la peine à planter et à entretenir.
7-Le personnel enseignant est très jaloux du terrain. Celui-ci marque fortement son souvenir. Il a été acquis à un moment et dans des circonstances très difficiles, voir douloureuses qu'il ne convient pas de rappeler. Le premier bâtiment (actuelle Direction provinciale) a été construit par la sueur et le sang des enseignants et des élèves de l'époque. Il ne vient pas à l'idée d'un enseignant actuel de perdre sa souveraineté sur cette cour, de devenir étranger dans une cour pour laquelle le sang et les larmes des anciens ont été versés.
Excellent Monsieur le Premier Ministre, nous avons encore en mémoire votre prompte réaction vis-à-vis des autorités de Dori lorsque vous y avez visité un site inondable proposé pour la réalisation d'une infrastructure de la fête de l'Indépendance. Ceci dénote de votre grand souci pour l'utilisation judicieuse des maigres ressources de notre pays qui passe par la qualité et la pérennité des infrastructures à réaliser. C'est pourquoi nous en référons à votre arbitrage. A Tenkodogo la coupe est pleine. Nous pouvons citer une multitude d'exemples de sabotage d'infrastructures publiques du fait du mauvais choix du site ; mais pour ne pas abuser de votre si précieux temps, nous évoquons seulement deux cas :
1-Le Gouvernorat a été logé dans un réduit, dans un quartier populaire. Il a été implanté nez à nez avec des habitations et une rue marchande, sous les deux châteaux d'eau de l'ONEA qui se trouvaient là depuis plus de trente (30) ans pour le premier. Conséquence, ce qui devait être l'objet de notre fierté cohabite avec débits de boissons, vidéos clubs, ateliers et commerces divers (moulin, soudure, forge, kiosques…) ; il est exposé et vulnérable (juste à un simple jet de pierre). Nous nous demandons ce qu'il adviendra du dispositif de sécurité le jour où cette bâtisse devra recevoir une personnalité de haut rang. Et dire que cela est arrivé simplement parce qu'en son temps, l'on a refusé de rejoindre la zone administrative et le vaste terrain réservé au Gouvernorat dans le plan d'aménagement de la ville !
2-Le tout nouveau siège du Conseil régional a été jeté dans une zone inondable. A peine 1/3 du terrain est viable. Faute d'espace approprié, les infrastructures sont partagées sur deux sites différents dont une parcelle à usage d'habitation, s'il vous plaît ! Cette situation engendre sans doute une démultiplication inutile de certaines charges. L'on est aussi contraint à une mauvaise exploitation spatiale (bâtiments coincés dans un angle) et à dilapider l'argent du contribuable pour des aménagements coûteux (canaux d'évacuation, pavés) qui auraient pu être évités ou différés par le simple choix d'un site approprié.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, c'est avec peine que le Gouvernement mobilise ses ressources. L'hôtel administratif n'est ni une hutte, ni une tente que l'on peut faire et défaire à volonté. Il est donc important de faire en sorte qu'une fois réalisée, l'infrastructure serve et reste fonctionnelle le plus longtemps possible. Aussi, par devoir citoyen et à notre corps défendant, nous avons décidé de nous opposer par tous les moyens pacifiques et légaux à ce que la liste déjà très longue des infrastructures publiques de Tenkodogo dont le site a été mal choisi ne s'allonge pas davantage.
Mais avant toute action d'envergure, nous voulons en référer à votre sagesse et à votre autorité pour ramener à la raison ceux qui, comme s'ils n'étaient pas encore conscients du gâchis que constitue le Gouvernorat du Centre-Est, veulent faire subir le même sort à l'hôtel administratif.
Nous sommes convaincus que la Mairie de Tenkodogo ne manque pas de terrain approprié pour l'hôtel administratif. Du reste, il nous est revenu qu'elle avait proposé trois sites différents qui ont tous été rejetés. Allez y comprendre !
Si même l'hôtel administratif doit être nécessairement construit au sein d'un service déjà existant, nous pourrions indiquer des Directions régionales qui disposent de plus vastes étendues de terrains entièrement libres où il n'y aura pas besoin de déraciner même un arbre, par ailleurs très bien situés pour donner toute la visibilité au projet et à la ville.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, tout en vous remerciant par avance de l'attention que vous porterez à notre présente cause, nous vous assurons de notre disponibilitéà apporter notre contribution à la recherche d'un nouveau site.
Tenkodogo le 4 juillet 2013
Le Président
Jacques Zabsonré
Chevalier de l'Ordre de Mérite du Travail »